Avec la montée du prix de l'essence, les trucs pour diminuer sa consommation d'essence fourmillent: garder une vitesse constante, respecter les limites de vitesse, éviter les accélérations brusques. Cette notoriété de l' «éco-conduite» est en bonne partie due aux efforts de fonctionnaires fédéraux du ministère des Ressources naturelles.

«Le Canada est dans une situation particulière par rapport à la plupart des autres pays», explique Charles Crispim, gestionnaire principal du programme Écoénergie pour les véhicules personnels.

«Le gouvernement fédéral ne peut pas intervenir directement dans la formation des automobilistes, parce que c'est un champ de compétence provincial. On aurait pu penser que ça aurait nui à la popularisation de l'éco-conduite. Mais au contraire, ça nous a forcé à travailler avec les institutions locales, qui savent mieux que nous comment rejoindre leur clientèle.»

Culture locale

De la même manière, l'impossibilité pour Écoénergie de faire de la publicité pour l'éco-conduite, depuis le scandale des commandites, a permis de rejoindre plus efficacement les automobilistes.«Les gouvernements de chaque province connaissent mieux que nous la culture locale, les particularités de leur système d'éducation à la conduite automobile. En partie à cause de l'interdiction de la pub, nous avons dernièrement multiplié le nombre de nos partenaires et la diversité de notre matériel. Alors nous avons dans les écoles des affiches qui cherchent à dissuader les parents de laisser tourner le moteur de leur voiture pendant qu'ils attendent leurs enfants, et dans les haltes routières, des affiches qui veulent encourager les camionneurs à éteindre quand ils mangent au restaurant.»

 

En plus des différentes associations professionnelles, comme celles des camionneurs, Écoénergie a donné des formations à environ 40% des instructeurs de conduite automobile du pays, estime M. Crispim. «C'est difficile d'avoir un chiffre précis, parce que la réglementation sur les instructeurs varie en fonction des provinces. Au Québec, par exemple, les exigences se sont resserrées récemment, alors ça va être plus facile de tenir le compte.»

Savoir consommer

Les objectifs du programme n'ont pas encore été atteints. Notamment, seulement la moitié des provinces, dont le Québec, incluent des questions sur la consommation d'essence dans les examens de conduite. Le Québec ne fait par contre pas partie des cinq provinces qui obligent les cours de conduite à enseigner les mécanismes de la consommation d'essence.

Reste maintenant à savoir si les automobilistes bien informés conduisent réellement de manière à moins consommer d'essence. «Nous pensons que oui, mais nous sommes en train de faire une étude pour le vérifier, dit M. Crispim. Nous aurons les résultats en juillet.»

L'éco-conduite pourrait également réduire le nombre d'accidents. «Le message est souvent le même, dit M. Crispim. Réduire la vitesse, par exemple. Mais il n'y a jamais eu d'étude internationale montrant que les automobilistes qui conduisent de manière à réduire leur consommation d'essence ont aussi moins d'accidents.»

Plus active

Écoénergie est devenue beaucoup plus active qu'à ses débuts, dans les années 70, au moment des chocs pétroliers. «Au départ, nous nous limitions à compiler des informations sur la consommation d'essence des différentes voitures, dit M. Crispim. Au fil des années, nous avons pu réfléchir à la meilleure manière de disséminer cette information, et aux besoins supplémentaires des automobilistes.»