Hydro-Québec travaille activement au développement d'une batterie qui, si elle voit le jour, pourrait révolutionner l'auto électrique.

Selon les informations obtenues par La Presse, l'Institut de recherche d'Hydro-Québec (IREQ) planche sur le titanate de lithium, un matériau qui augmente à la fois la sécurité, l'efficacité, la puissance et la durée de vie des batteries automobiles.

Lors d'un discours livré lundi, le président, Thierry Vandal, a fait référence aux «percées majeures» dans le développement des batteries, mais il s'est contenté de dire que son organisme se penchait sur la batterie à base de phosphate de fer, une technologie bien connue.

 

Mais selon nos sources, l'ingénieur Karim Zaghib, de l'IREQ, travaillerait également sur le nanotitanate, un matériau qui donnerait aux batteries de nouvelles générations une puissance inégalée.

«C'est LA batterie idéale, LA batterie du futur, estime le physicien Pierre Langlois, auteur de Rouler sans pétrole. Elle permet une autonomie de 200 à 300 km, en plus de pouvoir être utilisée à des températures atteignant moins 40 et d'être rechargée en moins de 10 minutes.»

Grâce au titanate, le nombre de cycles de charge/décharge peut aussi atteindre les 15 000, selon M. Langlois, ce qui est énorme lorsqu'on constate qu'en 15 ans, à raison d'une charge par jour, on atteint un total de quelque 5500 charges.

Enfin, la puissance de cette batterie prometteuse est cinq fois plus importante qu'une batterie lithium-ion standard de même poids. À l'heure actuelle, trois entreprises fabriquent de telles batteries dans le monde, soient Altairnano, Toshiba et EnerDel.

Cela dit, les experts voient d'un bon oeil l'implication d'Hydro-Québec dans l'électrification du transport. La Presse révélait hier que la société d'État songe à créer une division consacrée exclusivement à cette question, afin d'être présente dans le développement de l'auto électrique rechargeable et de l'électrification du train de banlieue, entre autres.

«On a possiblement perdu le savoir-faire que nous avions développé il y a 10 ou 15 ans, mais c'est néanmoins une bonne chose qu'Hydro-Québec se lance là-dedans», affirme Normand Mousseau, professeur de physique à l'Université de Montréal.

«Quelque 12 milliards de dollars sont sortis du Québec cette année pour acheter du pétrole. La province a donc tout intérêt à favoriser le développement de l'auto hybride et de l'auto électrique», ajoute celui qui a récemment publié Au bout du pétrole.

Même son de cloche du côté de Pierre Langlois, qui applaudit le virage d'Hydro-Québec. Il croit cependant que cette réorientation doit s'accompagner d'une plus grande transparence et d'un meilleur maillage avec l'entreprise privée, québécoise et canadienne, pour être crédible.

«Il existe une culture du secret au sein d'Hydro-Québec, déplore-t-il. On ne peut pas savoir sur quoi la société travaille, on ne peut pas connaître la performance des différentes technologies à l'essai, etc. Si elle travaille sur une technologie extraordinaire, comment se fait-il qu'on n'en sache rien? Qu'on ne voie pas d'autos sur les routes?»

Hydro-Québec n'a pas rappelé La Presse, hier.