Personne ne va trouver une seule solution magique aux multiples problèmes de pollution créés en un siècle et demi d'industrialisation. Ce sera une multitude de petites initiatives, comme celle qu'a récemment annoncée Antirouille Métropolitain.

L'an dernier, la chaîne établie à Trois-Rivières a mis à l'essai dans les plus petites succursales de son réseau un antirouille presque 100% vert, à base d'huile végétale, en remplacement de l'huile minérale à base d'hydrocarbures qui sert à ce genre de traitement depuis des décennies. «On est encore en période d'essai, mais c'est un succès et c'est clair qu'on est tentés de délaisser complètement l'huile minérale», a déclaré à La Presse Jean-Luc Saint-Onge, directeur général d'Antirouille Métropolitain.

La décision finale d'abandonner complètement l'huile minérale et de conserver uniquement le nouvel antirouille à base d'huile végétale pourrait être prise au cours de l'hiver, après la haute saison d'automne, qui bat son plein.

«Déjà, de 30% à 40% de nos revenus proviennent de l'enduit végétal et on ne l'offre même pas encore dans nos grandes succursales, parce qu'on ne voulait pas brûler d'étapes dans l'implantation du produit vert. Quand ils ont le choix, les clients optent pour la solution moins polluante», explique M. Saint-Onge.

Et ce n'est pas seulement pour des raisons écologiques: «Maintenant qu'on maîtrise l'application et qu'on a raffiné le procédé, on s'aperçoit que le produit végétal est de beaucoup supérieur, dit M. Saint-Onge. Il adhère très bien, il ne craque pas et il ne coule pas, contrairement à l'huile minérale conventionnelle. On n'a plus de plaintes d'égouttement. De plus, certains caoutchoucs réagissaient mal avec l'huile minérale, ce qui n'est plus le cas maintenant.»

Plus de dépendance au pétrole

Selon M. Saint-Onge, l'enduit est composé à 97% d'huile de canola, le reste étant constitué d'anticorrosifs, de composants antibactériens et d'antifongiques. Le mélange est fabriqué par un fournisseur québécois avec lequel Antirouille Métropolitain a négocié une entente d'exclusivité.

Il y a quelques années, Antirouille Métropolitain a commencé à chercher une solution de rechange à l'enduit à base d'hydrocarbures (l'huile minérale) pour des raisons écologiques et économiques: «On croit au développement durable, ça fait partie de notre mission d'entreprise, mais on voulait aussi ne plus dépendre du marché de l'huile minérale: comme tous les hydrocarbures, il y a une rareté qui se crée et les prix montent. À long terme, le végétal est le choix logique.»

Le nouvel antirouille a été conçu au Québec, en collaboration avec le centre de recherche Oléotek de Thetford Mines.

M. Saint-Onge ne regrette pas d'avoir procédé graduellement. Il y a eu des problèmes, au tout début. Un additif a dû être ajouté pour inhiber une réaction de polymérisation, qui s'observait dans certains cas par la formation de cernes: «C'était un peu comme de la gomme d'épinette.» Les plaintes sont tombées à zéro après le changement. «On a introduit le nouveau produit en juin 2009 et le taux de conversion au produit végétal est de 75% à 80% de notre clientèle. Les clients plus anciens ont tendance à conserver plus longtemps l'enduit à base d'huile minérale, le produit qu'il connaissent, mais on pense que la majorité va suivre.»

Biscuits ou frites?

Les voitures traitées avec l'antirouille végétal ne dégagent pas la même odeur d'huile qu'avant. L'odeur exacte du nouveau produit est une question d'opinion, semble-t-il: «Personnellement, je trouve que ça sent un peu les frites, mais dans nos sondages, les gens disent surtout que ça sent les biscuits. Mais l'odeur ne dure pas très longtemps», dit M. Saint-Onge.

Le produit végétal est 5$ plus cher (89,95$ au lieu de 84,95$) et est maintenant offert dans 7 des 12 succursales d'Antirouille Métropolitain, dont 3 dans la grande région de Montréal, Notre-Dame-de-Grâce, Pierrefonds et Saint-Hyacinthe.