Rouler vert en hiver. C'est ce qu'a fait Martin Bouchard au volant d'une Tesla Roadster. Après une saison complète, son constat est limpide: sur la neige et dans le froid, la voiture électrique a le même comportement qu'une voiture à essence. Ou presque...

Cet homme d'affaires de la région de Québec est le premier au pays à avoir signé un contrat de location - de trois ans - avec Tesla. Le roadster tout électrique de l'entreprise californienne, il le désirait. Plus que tout. Et contrairement à d'autres propriétaires de Tesla, Martin Bouchard n'a pas eu froid aux yeux.

Il a chaussé son auto de pneus adéquats, et en a fait son véhicule de tous les jours l'hiver dernier. «Je voulais vraiment tester le véhicule dans des conditions extrêmes, explique-t-il. Pour expérimenter le meilleur et le moins bon» en plein hiver dans une ville comme Québec.

La Tesla présente d'emblée l'inconvénient d'une garde au sol trop basse, peinant ainsi à s'extirper des bancs de neige. Et elle n'est pas suffisamment isolée pour assurer le confort de ses occupants par temps très froid. Rien en soi qui concerne la technologie. C'est un roadster, ne l'oublions pas.

«Le moins bon»

Martin Bouchard n'a pas épargné sa voiture, l'utilisant jusqu'à 34 degrés sous zéro. À cette température, la voiture n'a montré aucun signe de faiblesse. «Quand on met le chauffage, il y a 10 à 15% de perte d'efficacité de la batterie à partir d'une température de -15 degrés», a observé ce maniaque de technologies. Sans surprise, le déplacement du véhicule requiert énormément plus d'énergie que pour le chauffage ou la climatisation.

Par grand froid, Tesla recommande aux propriétaires de ne pas stationner et débrancher la voiture plus d'une semaine. Autrement dit, celui qui laisserait son roadster à l'aéroport pendant ses trois semaines de vacances dans le Sud pourrait ne pas pouvoir le redémarrer sans l'assistance d'une borne, à sa descente d'avion. Ce qui peut être perçu comme une contrainte. Mais combien d'entre nous laisse une voiture stationnée dehors par grand froid pendant plus d'une semaine?

«Le meilleur»

Si l'étanchéité de ce petit véhicule laisse quelque peu à désirer, l'alimentation électrique répond par contre immédiatement pour le chauffage. «Quand il fait froid, le véhicule devient chaud très rapidement. L'habitacle est beaucoup plus confortable plus rapidement. Au démarrage, on n'a pas cette notion d'auto froide», témoigne Martin Bouchard.

L'un des rares à posséder ce véhicule au Québec - ils seraient six - vante surtout la grande précision et l'efficacité du système antipatinage. «C'est un concept différent des voitures à essence. En cas de patinage, le système est capable de baisser automatiquement le voltage distribué aux roues plutôt que de le fermer complètement. Cela se fait de manière très précise. À l'arrêt, c'est très efficace», dit M. Bouchard qui n'hésite pas à considérer que la conduite en hiver est alors plus agréable et plus sûre qu'avec une traction avant standard. «Je dis bien par rapport à une traction avant standard», tient-il à préciser.

Autre avantage constaté sous nos latitudes en hiver, le moteur électrique ne bronche pas, alors que le moteur à essence, lui, souffre au démarrage. «Tout est 100% fonctionnel au démarrage à froid, le moteur électrique ne souffre pas.»

Verdict

Sa Tesla Roadster tient tellement la route été comme hiver que M. Bouchard a commandé la berline Model S au jeune constructeur californien. «Pour que cela devienne notre véhicule familial de tous les jours à tout moment de l'année», dit celui qui utilise pour le moment une Audi Q5 comme véhicule principal de la famille.

Éternelle question existentielle, à l'adresse de M. Bouchard: et la recharge? «J'ai fait installer une prise de sécheuse dans mon garage. La recharge se fait en trois heures et demie quand la batterie est complètement vidée.» Ce qui est très rarement le cas pour notre utilisateur qui suit les recommandations du constructeur en rechargeant 80% du bloc-batterie 99% du temps. À partir de la voiture elle-même, Martin Bouchard programme sa recharge la nuit, à 1 h.

«Rechargé à 80%, je fais 304 km normalement ou 250 km environ en hiver.»

Avis à ceux que cela tenterait.

Photo Pascal Ratthé, Focus 1/Le Soleil

Avec les batteries de sa Tesla Roadster rechargée à 80%, Martin Bouchard fait 304 km normalement ou 250 km environ en hiver.