On ne sait pas s'ils se sont passé le mot, mais des leaders de divers milieux se succèdent depuis peu pour réaffirmer leur confiance en l'avenir des voitures électriques et hybrides, dont le prix demeure élevé et la popularité basse.

Les gens sont «peut-être déçus du rythme d'adoption du véhicule électrique», mais General Electric «est engagé dans le développement à long terme» des voitures électriques et hybrides, a affirmé Jeff Immelt, PDG du conglomérat géant. Il s'est déplacé pour une conférence à Detroit, où il a mis tout le poids de la plus grande société des États-Unis derrière l'électrification de l'automobile. Et il ne se gêne pas pour en dire la raison: «Pour chaque dollar investi dans les véhicules électriques, GE fournit 10 cents du contenu.»

General Electric pourrait devenir un sous-traitant automobile majeur si GM, Ford et Tesla ont du succès avec leurs hybrides et tout-électriques.

Les liens entre GE et l'automobile sont strictement commerciaux, mais leurs racines historiques sont liées. Le cofondateur de General Electric, l'inventeur et homme d'affaires Thomas Edison, était un ami intime et collaborateur de Henry Ford.

Pas une mode

L'électrification automobile n'est pas une «nouveauté» ni une mode passagère, a dit M. Immelt.

«General Electric n'investit pas dans les nouveautés» et les modes passagères, a-t-il dit, cité dans Automotive News.

M. Immelt a indiqué que GE va continuer à investir à long terme dans la technologie des batteries, parce qu'elle prévoit une hausse éventuelle de la demande. GE a d'ailleurs l'intention d'électrifier une partie de son parc de véhicules commerciaux et achètera des centaines de Chevrolet Volt, une décision d'affaires à long terme, dit-il.

Les hybrides et les tout-électriques vont gruger une part de marché viable, croit-il. Il n'a pas chiffré cette part de marché, mais le président de Renault-Nissan (fabricant de la Leaf), Carlos Ghosn, a récemment réitéré sa prévision de 10% dans tous les marchés où elles seront offertes. Ford (Focus EV, Fusion hybride, C-Max hybride) pense que 10% à 25% de ses ventes de 2020 seront des voitures totalement ou partiellement électriques.

M. Immelt croit que le principal défi pour les fournisseurs comme General Electric et les constructeurs automobiles est de réduire le coût des batteries.

Une Volt républicaine pour les Bush

Immelt et Ghosn ont des raisons d'affaires d'appuyer l'électrification des voitures, mais la Chevrolet Volt a eu récemment un appui d'un tout autre ordre: symbolique et politique. L'ancien président George H.W. Bush (le père de George W.) a acheté une Chevrolet Volt qu'il a donnée à un de ses fils, Neil. Avant d'être patron de la CIA et ambassadeur des États-Unis en Chine sous Richard Nixon, vice-président de Ronald Reagan et président de 1989 à 1993, papa Bush avait fait fortune dans l'exploration pétrolière. Il ne s'est pas appauvri non plus après, quand il a recommencé à faire des affaires.

Tout ça pour dire que les Bush n'angoissent pas trop avec le prix de l'essence. Si le patriarche a acheté une Volt à son fils, c'est très probablement parce que la famille républicaine veut envoyer un signal et réparer le tort fait à la Volt et à GM durant la campagne à l'investiture républicaine.

La voiture hybride essence-électricité a été conspuée comme une auto «socialiste» et une «Autobama» par les candidats de la droite ultraradicale républicaine. Tous les porte-parole de sa frange la plus à droite, incluant le réseau Fox News, y voyaient un symbole de l'interventionnisme d'État, parce que l'administration démocrate du président Barack Obama a sauvé GM de la faillite à coups de milliards en 2009 et subventionne les voitures comme la Volt. Le candidat à l'investiture républicaine Newt Gingrich a même dénoncé la Volt comme une auto dans laquelle «on ne peut pas mettre de support à fusils».

Cette rhétorique a fait un tort considérable à GM.

Mais maintenant que le candidat relativement modéré Mitt Romney a de bonnes chances d'accéder à l'investiture républicaine, l'establishment du parti essaie de réhabiliter la Volt. Et ils ne la vantent pas comme une voiture verte, mais comme une voiture qui réduit la dépendance des États-Unis aux importations de pétrole. Le commentateur et analyste en communications Lee Spickerman, un républicain conservateur déclaré, a affirmé sur les ondes de Fox News que «la Volt est la façon la plus rapide et la plus efficace de mettre dans nos autos les énergies fossiles américaines comme le charbon et le gaz naturel, de même que l'énergie nucléaire». «C'est une voiture formidable, c'est l'iPhone de l'automobile. J'en ai conduit une et elle est très impressionnante», a-t-il conclu.