Après avoir tenu la vedette pendant plusieurs années, la voiture électrique, dont les ventes tardent toujours à décoller en Europe, s'est faite plus discrète au salon automobile de Genève qui a ouvert jeudi ses portes au public.

L'électrique n'est pas totalement absent des kiosques pour cette 83e édition du salon qui se tient jusqu'au 17 mars. Mais aucun lancement majeur n'a été annoncé et les dirigeants présents mardi et mercredi pour les journées presse en ont peu parlé. «La confiance du public a beaucoup baissé depuis le pic du salon de Paris en 2010 où on ne parlait que d'électrique», estime Clément Dupont-Roc, consultant spécialisé dans l'automobile au BIPE.

Le constructeur automobile français Renault, leader dans le domaine, ouvrait alors les commandes pour ses premiers véhicules électriques et son PDG Carlos Ghosn voyait l'électrique représenter 10% du marché d'ici 2020. L'autre français, PSA, se lançait aussi dans l'aventure, tout comme le japonais Nissan avec sa Leaf. Mais pour l'instant, les ventes ne sont pas à la hauteur des espérances.

En France, qui se revendique comme le premier marché européen pour l'électrique, moins de 6000 véhicules ont été immatriculés l'an dernier. Ces volumes quasi-anecdotiques s'expliquent par la faiblesse de l'offre, mais pas seulement. «Il y a trois questions à régler quand il s'agit de l'électrique: le prix, l'autonomie de la batterie et les infrastructures», a rappelé Osamu Masuko, président du japonais Mitsubishi qui fournit PSA en véhicules électriques, dans le cadre du salon.

Le constructeur français avait arrêté en août dernier de s'approvisionner chez son partenaire, faute d'arriver à écouler ses voitures. «Nous avions des perspectives faibles pour l'électrique et pour l'instant, c'est encore moins que nos perspectives faibles», reconnaît Maxime Picat, directeur de la marque Peugeot.

Nissan n'a pas non plus rempli ses objectifs de ventes de 9000 Leaf en Europe. Résultat, il a présenté à Genève une version avec une autonomie plus grande et qui surtout sera vendue moins chère, selon la presse automobile.

Hybrides etc.

Susan Docherty, présidente pour l'Europe de Chevrolet (qui commercialise la Volt), ne voit pas l'électrique «croître dans un marché en baisse en Europe». «Un tournant pourrait être pris en 2016 ou 2017, quand les véhicules électriques, achetés aujourd'hui principalement pour des flottes, arriveront sur le marché de l'occasion», estime l'analyste Clément Dupont-Roc.

En attendant, les constructeurs proposent des plus petits moteurs, des trois cylindres et ils remettent l'accent sur d'autres technologies, comme l'hybridation. Le numéro un dans le secteur, le japonais Toyota a introduit au salon un nouveau modèle hybride électrique/essence.

PSA est venu faire la pub de sa technologie Hybrid Air, qui combine un moteur essence à un circuit d'air comprimé. «Nous voulons montrer que l'hybridation électrique n'est pas la seule solution possible», explique Karim Mokaddem, qui travaille sur le projet et promet une consommation de moins de 3L/100 km.

L'allemand Volkswagen a dévoilé son modèle XL1, doté d'une motorisation hybride rechargeable, qui consomme moins de 1 L/100 km et pèse moins de 800 kg. Mais il ne compte en produire que 250 unités et la facture s'annonce salée.

Nissan, l'allemand Daimler et l'américain Ford veulent aussi donner un coup d'accélérateur au développement d'un système de pile à combustible dont ils espèrent équiper des véhicules dès 2017, alors que cette technologie tarde à décoller.