L'empressement est palpable. Les constructeurs automobiles sont inscrits dans une course trépidante à la frugalité, pressés par des normes de plus en plus sévères de consommation d'essence et d'émission de CO2 édictées par le gouvernement américain et l'Union européenne. Même la voiture sport est touchée. Ne sous-estimez cependant pas sa qualité d'adaptation. Elle survivra, mais en consommant moins, comme en témoignent les deux interprétations finales des BMW i8 et Porsche 918 Spyder présentées à Francfort.

Deux sportives, deux bagnoles allemandes, deux manières de concevoir la notion de voiture sport verte. La BMW i8, tout d'abord. Le coupé hybride enfichable, modèle porte-étendard de filière i de BMW, applique une formule 2"2, soit un habitacle qui peut en théorie accueillir quatre personnes. Son moteur à essence est particulièrement menu, un trois-cylindres de 1,5 L. Il est néanmoins coiffé d'un turbocompresseur pour pousser son rendement à un très respectable 231 chevaux. Son couple est directement envoyé à l'arrière par l'entremise d'une boîte automatique à six rapports.

Un moteur électrique de 131 chevaux est déposé sur le train avant pour entraîner les roues de proue. Il est par ailleurs capable de tracter sa masse de 1490 kg (poids comparable à une berline intermédiaire) sur 35 km à une vitesse plafonnée à 120 km/h. L'accélération, donnée prééminente pour une sportive, est particulièrement probante. Son 0-100 km/h accompli en 4,4 secondes est là pour convaincre. BMW soutient que cette cavalerie ne siphonne que 2,5 L de son réservoir par 100 km.

BMW Canada s'est retenu de faire tout commentaire sur la facture finale. Gageons cependant qu'elle devrait flirter avec les 140 000$ si l'on considère qu'elle sera offerte pour 135 700$US aux États-Unis.

Un V8 pour la 918 Spyder

Création tout aussi attendue que la i8, la 918 Spyder reprend le concept d'hybride rechargeable, mais avec un coeur emprunté à la course. À mille lieues du trois-cylindres de la i8, son V8 de 4,6 L atteint le rupteur à 9150 tours/minute. Malgré son aspect plutôt compact, il produit à lui seul 608 chevaux. Un moteur électrique de 154 chevaux s'y couple pour gonfler encore plus l'addition. Un second moteur électrique, de 127 chevaux celui-là, est boulonné à l'avant et peut envoyer un surplus de couple à l'avant sur demande. Il est découplé à plus haute vitesse. Au final, le conducteur doit négocier avec 887 chevaux!

Cette puissance est modulée par la boîte à double embrayage PDK à sept rapports.

D'après Porsche, l'auto peut se mouvoir uniquement par l'électricité sur une distance variable de 16 à 32 km. La consommation (très) théorique se situerait à 3 L/100 km. Malgré son poids relativement élevé (1634 kg), elle abat le 0-100 km/h sous la barre des 3 secondes (2,8 secondes) et plafonne seulement dès les 345 km/h atteints.

Elle colle aussi et beaucoup. Le 918 Spyder ne met que 6 min 57 s pour boucler le circuit du Nürburgring Nordschleife, le géant vert de 20 km, un record pour une voiture de série battu grâce également au brio l'ancien pilote de rallye Walter Röhrl. La facture pour mettre la main sur un si bel objet: 845 000$ US (873 000$).

Non, la sportive n'est pas morte, elle s'adapte.

Photo Frank Augstein, AP

La Porsche 918 Spyder.