Le groupe de pression belge Transport & Environment a publié le mois dernier les résultats d'une étude sur l'émission de particules des moteurs à injection directe. Les conclusions, européennes dans leur traitement, remettent en doute le réel côté écologique de ces moteurs de dernière génération.

Bien que sa percée dans l'automobile soit somme toute récente, l'injection directe appliquée au moteur à essence a été inventée il y a 88 ans par l'ingénieur suédois Jonas Hesselman. Son principe, plutôt simple, repose sur la position de l'injecteur, directement dans la chambre de combustion. Cela permet une précision accrue dans l'injection d'essence ainsi qu'une très grande pression, deux éléments qui augmentent l'efficacité. Le résultat : un gain de puissance ainsi qu'une baisse de la consommation de carburant et du rejet de CO2. Les ingénieurs combinent souvent l'injection directe à la suralimentation pour augmenter la performance des petits blocs.

L'étude, réalisée par la firme indépendante allemande TUV Nord, a comparé la teneur des rejets de fines particules de quelques moteurs à injection directe proposés en Europe : un trois-cylindres turbo (Ford), un quatre-cylindres (Hyundai) et un quatre-cylindres turbo (Renault). Ces particules étaient de 10 à 40 fois plus imposantes en masse que celles évacuées par le pot d'échappement d'un moteur à injection traditionnel comparable. Quant au nombre de particules, il est multiplié par 1000.

Ces moteurs satisfont par ailleurs à la norme Euro 6b, qui entrera en vigueur en 2015, mais ne seraient pas commercialisables en 2017, lorsque la norme Euro 6c sera instaurée. Rappelons que ces prescriptions sont toutefois moins contraignantes que le cadre Tier 2 bin 5 actuellement en vigueur en Amérique du Nord pour les véhicules légers.

Les chercheurs attribuent cette découverte à la haute pression d'injection d'essence dans les cylindres, qui produit une grande quantité de particules. La solution à ce problème se trouverait dans le système antipollution. Les essais menés dans un environnement contrôlé et sur dynamomètre concluent qu'un simple filtre de particules, comme on en trouve depuis longtemps dans les mécaniques diesel, diminuerait de beaucoup le nombre de particules fines sans nuire à la puissance ou à la consommation d'essence. La Commission européenne a publié en 2011 une fourchette de son coût, qui varierait de 61 à 196 $ par voiture, selon la cylindrée. Environnement Canada se penche également sur la possibilité d'imposer un tel dispositif.

Notons que ces particules, souvent tellement fines qu'elles sont mesurées en nanomètres, sont directement absorbées par le sang et peuvent causer de sérieux problèmes de santé. Uniquement sur le territoire de l'Union européenne, 406 000 personnes meurent chaque année d'une maladie causée par la pollution atmosphérique. L'Association médicale canadienne affirme que cette forme de pollution cause 21 000 morts prématurées annuellement.