Les constructeurs automobiles ont atteint dès 2013 l'objectif européen de réduction des émissions moyennes de CO2 des véhicules neufs pour 2015, selon un bilan officiel, mais les ONG contestent la façon dont les mesures sont réalisées.

La flotte de véhicules neufs mis sur le marché l'an dernier dans l'Union européenne (11,8 millions) affiche un niveau moyen d'émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 127 grammes par kilomètre, en baisse de 4% par rapport à 2012, a indiqué mercredi l'Agence européenne pour l'environnement (AEE).

Collectivement, les constructeurs ont donc atteint dès 2013 l'objectif européen fixé pour 2015 de 130 g de CO2/km, selon les données provisoires de l'agence.

«C'est une bonne nouvelle. Cela montre clairement l'efficacité de la législation européenne pour mener le changement», a réagi Connie Hedegaard, commissaire européenne responsable du climat.

Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, l'Union européenne s'est dotée en 2009 de normes contraignantes pour les émissions de CO2 des voitures neuves vendues sur son sol, le transport routier étant responsable de près de 20% des émissions du principal gaz à effet de serre de l'UE.

L'objectif de 130 g de CO2 par km correspond à la moyenne des niveaux d'émissions de tous les véhicules neufs vendus en 2015 dans l'UE. Chaque constructeur est doté d'un objectif distinct en fonction du poids de ses voitures, la règlementation étant moins contraignante pour les plus lourdes.

Pour 2021, l'objectif est fixé à 95 g/km.

La baisse continue des émissions ces dernières années repose principalement sur des progrès techniques et les ventes importantes de voitures diesel, responsables d'une large partie de la pollution de l'air, mais moins émettrices de CO2. Cependant, l'avantage du diesel sur l'essence sur ce plan se réduit peu à peu, souligne l'AEE.

Le collectif d'associations Transport & Environment reconnaît les «progrès» faits par les constructeurs, mais conteste la façon dont ils mesurent les émissions.

Selon l'ONG, des études récentes ont montré que les véhicules consommaient en situation réelle 23% de plus que le niveau revendiqué par les constructeurs. Elle les accuse notamment d'exploiter les lacunes du test officiel, jugé «obsolète», en réduisant artificiellement la consommation, par exemple en surgonflant les pneus, en masquant les fentes autour des portières avec du scotch ou en minimisant le poids de la voiture.

L'ONG plaide donc pour l'introduction «rapide» de nouveaux tests plus proches des conditions réelles dès 2017, comme le souhaite la commission et non en 2021, comme le voudraient les constructeurs.