Et si l'essor de la voiture électrique passait par la conversion des véhicules à essence? C'est la question que l'on se pose du côté de Detroit.

Le sujet a été abordé à quelques tables d'un dîner-conférence tenu récemment dans la capitale de l'automobile. Des discussions qui n'avaient rien d'officiel, mais des échanges «informels» entre membres de Ford et de GM sur la manière de convertir des véhicules à essence en véhicules électriques.

Loin d'être saugrenue, l'idée est de faire en sorte que le marché de la voiture électrique soit viable à long terme. Car, à ce jour, cela reste un marché de niche. Aux États-Unis, sur les quelque 226 millions de véhicules immatriculés, seulement 70 000 sont électriques et 104 000 sont hybrides branchables. Quand bien même ces données sont celles compilées au 31 décembre 2013, la légère progression du marché électrique ces 12 derniers mois montre que les constructeurs et les pouvoirs publics doivent faire plus.

Beaucoup de travail

Mais disons-le tout de suite, il y a loin de la coupe aux lèvres en matière de conversion. «Il y a beaucoup de travail d'ingénierie à faire pour modifier un véhicule traditionnel en un véhicule électrique et cela coûte beaucoup d'argent», a rappelé en conférence de presse Tony Earley.

À la sortie de ce dîner organisé par le Detroit Economic Club, ce membre du conseil d'administration de Ford et président du fournisseur d'énergie Pacific Gas and Electric Company s'est interrogé avec ses collègues sur le type de véhicule à convertir, sur une éventuelle implication financière du ou des gouvernements et sur le recours à des entreprises spécialisées dans ce genre de transformation.

Plusieurs thèmes fondamentaux ont été abordés sans qu'aucune stratégie ait été mise sur pied, a précisé le directeur des communications du programme Électrification de GM, Kevin Kelly.

L'exemple de Via Motors

Ce concept de conversion n'est pas nouveau même si aujourd'hui les entreprises du genre sont peu nombreuses en Amérique du Nord. Via Motors est peut-être celle qui bénéficie de la plus grande attention actuellement. Cette entreprise américaine équipe des Chevrolet Silverado et des Chevrolet Express d'une motorisation hybride branchable à autonomie prolongée. Des frères de la Volt en quelque sorte.

Après plusieurs années de mises au point et d'investissement, Via Motors propose le pick-up et le fourgon aux municipalités et aux entreprises - de livraison et de construction essentiellement. Modifiés dans sa nouvelle usine de San Luis Potosi au Mexique, ils sont censés être produits à 10 000 exemplaires par année. Les premières livraisons ont été faites l'automne dernier. GM avait également donné son feu vert à une transformation du Chevrolet Suburban. Via Motors y a renoncé, annonçant qu'«il réévalue le moment de l'introduction du véhicule, sans date fixée dans l'immédiat».

Le grand public devra attendre deux ans avant de pouvoir se procurer l'un de ces véhicules qui se détaillent tout de même autour de 80 000 $.

L'avenir de cette entreprise qui a pour président de son C.A. nul autre que Bob Lutz - l'ex-vice-président de GM - va être scruté à la loupe ces prochaines semaines.

«Si nous assistons à l'adoption des véhicules électriques, la technologie doit offrir un bon retour sur investissement, qui plus est dans le plus grand secteur de l'activité automobile, soit celui des camionnettes et des fourgons», a résumé Bob Lutz.

- Avec Automotive News

Photo fournie par Via Motors

Via Motors convertit le Chevrolet Express, que ce soit pour un usage commercial ou dans une version navette.