Le gouvernement canadien doit établir «une politique nationale forte» pour faire du marché de la voiture électrique un marché de masse et non plus un marché d'acheteurs précoces. C'est le message délivré par Mobilité électrique Canada, mandatée par un ministère fédéral pour se pencher sur le sujet et dépositaire tout récemment d'une «Feuille de route».

Liste de recommandations

Association sans but lucratif qui se consacre à la promotion de la mobilité électrique, Mobilité électrique Canada (MEC) a été mandatée l'an dernier par le ministère fédéral des Ressources naturelles «pour revoir les priorités et les actions concrètes qu'il fallait mettre de l'avant pour accélérer l'arrivée des véhicules électriques au Canada». MEC a tout récemment déposé une liste de recommandations auprès du gouvernement fédéral, rendue publique par la même occasion.

Éduquer et sensibiliser

Éduquer et sensibiliser. C'est l'une des recommandations qui soulève un problème constamment souligné par les convaincus de la première heure: le commun des mortels ignore presque tout de la voiture électrique. Pour MEC, il est impératif de «sensibiliser le public». Il préconise la création d'un portail d'informations sur le web sur le sujet, le lancement d'une campagne nationale de communication sur les attributs des véhicules électriques et le financement d'un programme d'essais routiers à travers le pays. «On serait surpris de voir combien de personnes ne connaissent pas ces véhicules. Ils sont fiables, disponibles, intéressants à conduire. Il faut éveiller le futur acheteur aux possibilités des véhicules électriques. Il faut essayer les véhicules électriques. Et souvent, les essayer, c'est les adopter», commente la PDG de MEC, Chantal Guimont.

Des subventions fédérales

Seuls la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Québec ont à ce jour favorisé l'achat de véhicules électriques par l'intermédiaire de subventions et d'avantages fiscaux divers. L'une des grandes recommandations de MEC est que le gouvernement fédéral épaule ces provinces. L'association suggère ainsi que celui-ci verse 3000 $ à l'achat d'un véhicule électrique, somme qui s'ajouterait par exemple aux 8000 $ déjà versés par le gouvernement du Québec à un acheteur. Pour que les automobilistes des autres provinces puissent se prévaloir de cette aide fédérale, il faudrait que leur gouvernement provincial respectif subventionne d'une manière ou d'une autre un tel achat. «Le fédéral ne veut pas être seul à offrir un montant. Il s'agit d'être complémentaire. Pour toute province qui offrirait un minimum de 3000 $, il y aurait 3000 $ additionnels du fédéral», explique Chantal Guimont.

Favoriser la recharge au travail

À l'exception du Québec, la «recharge au travail est le parent pauvre à ce jour» au Canada. Pourtant, il est plus que pertinent de favoriser celle-ci dans l'éventualité d'une percée de la voiture électrique. «Après la recharge à la maison, le deuxième endroit où on risque d'avoir besoin de recharger, c'est au travail», confirme Chantal Guimont. Au Québec, l'aide financière accordée pour l'acquisition et l'installation de bornes de recharge en milieu de travail est égale à 50% des dépenses admissibles, jusqu'à un maximum de 5000 $ par borne de recharge. MEC propose d'offrir aux entreprises «un incitatif financier fédéral d'un maximum de 3000 $ par borne, combiné lui aussi à un incitatif provincial existant».

Installer des bornes rapides

La dernière grande recommandation de Mobilité électrique Canada est d'installer sur le territoire canadien un minimum de 150 bornes de recharge rapide dans un couloir prédéterminé, précisément dans des lieux particulièrement dépourvus de points de recharge actuellement. «Dans ce contexte, c'est le rôle du gouvernement fédéral d'installer un minimum de 150 bornes de recharge rapide», justifie la PDG de MEC. Le Québec possède le réseau de recharge le plus dense au pays et a commencé à installer des bornes de recharge rapide. L'Ontario vient d'adopter l'installation de telles bornes.

Réponse attendue

Le gouvernement fédéral n'a pas attendu le dépôt de cette «Feuille de route» pour faire part de certaines de ses intentions. Dans son budget du 22 mars, Ottawa a annoncé un investissement de 62 millions dans les infrastructures destinées aux véhicules électriques et aux véhicules au gaz naturel et à l'hydrogène. Une part - encore inconnue - de cette somme sera destinée à un réseau de bornes. Et ce, pour ces deux prochaines années. «L'ensemble de ces mesures a été jugé prioritaire, pragmatique, facile à déployer. Dans les deux ou trois prochaines années, il va y avoir une importante période de transition pendant laquelle on doit mobiliser nos efforts», conclut Mme Guimont. Reste à savoir quelles autres recommandations seront suivies par Ottawa.