Des constructeurs automobiles disent craindre qu'il soit ardu de se plier à une nouvelle loi au Québec qui les oblige à vendre un nombre minimal de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou équipés de piles à combustible à l'hydrogène.

Pour les modèles 2018 et les subséquents, 3,5% de toutes les ventes automobiles dans la province devront correspondre à ces types de véhicules. Ce seuil grimpera à 15,5% pour les modèles de 2025. Le Québec est la seule province à avoir adopté une telle loi.

Les entreprises qui ne respecteront pas ce seuil devront acheter des crédits d'autres constructeurs automobiles. On ignore quelles sanctions seraient imposées aux constructeurs qui enfreindraient la loi, alors que les réglementations qui définiraient ces modalités n'ont pas été dévoilées.

Le président de Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada (CMAC), David Adams, a estimé la semaine dernière au Salon de l'auto de Montréal - qui se poursuit jusqu'au 29 janvier - que les mesures étaient «très agressives», ajoutant que ce serait un «grand défi» de trouver une façon de respecter les objectifs du gouvernement.

L'entrée en vigueur de la loi - adoptée en octobre - devrait être repoussée, a affirmé M. Adams, disant que les efforts de l'industrie automobile pour réduire les émissions de gaz à effet de serre par l'entremise du développement de véhicules hybrides, de même que les améliorations d'efficacité énergétique dans les véhicules non électriques, devraient être reconnus.

Le ministre de l'Environnement du Québec, David Heurtel, n'a pas répondu à une demande de commentaire sur les craintes de l'industrie. Des responsables ont plutôt relayé les requêtes au site web du ministère, qui indique que l'objectif de la loi est d'augmenter les choix des consommateurs.

Malgré la croissance des ventes de véhicules électriques, ceux-ci comptent toujours pour moins d'un pour cent des ventes totales de véhicules neufs au Québec. À travers le Canada, ils représentent 0,5 pour cent des ventes totales de véhicules neufs.

«Je ne crois pas qu'il soit réaliste d'imposer ce genre de mission aux consommateurs qui décideront ultimement ce qu'ils veulent acheter en fonction de leurs propres besoins», a dit l'économiste principal de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles (CADA), Michael Hatch.

Nouveaux modèles

Les constructeurs automobiles ont fait des percées dans les nouveaux modèles de véhicules électriques. Chevrolet ajoute la Bolt électrique à sa Volt hybride rechargeable, le premier véhicule électrique en termes de ventes au pays.

La Chrysler Pacifica hybride rechargeable, qui est assemblée à Windsor, en Ontario, fait ses débuts cette année, et Ford prévoit mettre sur le marché 13 modèles additionnels de véhicules électriques d'ici 2020.

BMW et d'autres marques de luxe présentent aussi de nouveaux modèles électriques, dont la Mini Countryman rechargeable.

George Saratlic, un porte-parole de General Motors, a affirmé qu'il n'y avait pas de «solution miracle» qui augmenterait les ventes de véhicules à faibles émissions ou à zéro émission étant donné que la demande des consommateurs est alimentée par des facteurs tels que la technologie, les prix et la disponibilité des bornes de recharge.

«Si vous vous attardez à des endroits tels que l'Ontario et la Colombie-Britannique, l'adoption de véhicules électriques y croît aussi, de même que les ventes, et sans qu'on ait besoin de lois», a-t-il soutenu.

L'Ontario offre jusqu'à 14 000 $ en remboursements pour les achats de véhicules électriques, le montant le plus important au pays. Le Québec offre des remboursements allant jusqu'à 8000 $, et les montants s'élèvent à 5000 $ en Colombie-Britannique.

Ce ne sont pas tous les constructeurs qui ont des réserves importantes quant à la loi visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au Québec.

Le président de Nissan Canada, Joni Paiva, a rejeté les appels aux changements à la loi, disant qu'elle forçait les entreprises à «joindre les gestes à la parole».

La Nissan Leaf tout électrique a compté pour 2,4% des ventes de Nissan au Québec l'an dernier, a dit M. Paiva. Le constructeur devrait aussi bénéficier de crédits pour les ventes de modèles des années 2014 à 2017, ce qui l'aidera à respecter les seuils gouvernementaux.