Le gouvernement britannique a annoncé mercredi vouloir mettre fin à la vente de voitures diesel ou essence à partir de 2040 dans le cadre de son nouveau plan de lutte contre la pollution de l'air.

«Nous ne pouvons pas continuer à utiliser des voitures diesel et à essence, pas seulement à cause des problèmes de santé que cela pose mais aussi parce que leurs émissions signifient une accélération du changement climatique, nuisent à notre planète et à la prochaine génération», a déclaré le ministre de l'Environnement Michael Gove sur la radio BBC 4.

La décision britannique intervient trois semaines après une annonce similaire de la France.

L'objectif est de réduire la pollution au dioxyde d'azote ou NO2, produit en particulier par les voitures et camions.

Un masque anti-pollution artistiquement décoré a été mis sur la statue d'Oliver Cromwell, à la porte du parlement de Londres le 18 avril 2016. Photo: AFP

40 000 décès par année

Le Royaume-Uni figure parmi les cinq pays mis en garde en février par la Commission européenne pour la qualité de leur air, avec la France et l'Allemagne.

Selon des chiffres officiels, cette pollution tue plus de 40 000 personnes par an dans le pays et provoque une épidémie de maladies respiratoires, en particulier chez les jeunes enfants.

Face à ce constat et saisie par une organisation de défense de l'environnement, la Haute Cour de Londres avait intimé l'an dernier au gouvernement de revoir sa copie concernant les objectifs à atteindre.

Londres prévoit de consacrer 3 milliards de livres (4,9 milliards de dollars CAN) pour son plan d'amélioration de la qualité de l'air, dont 255 millions (416 millions de dollars CAN) destinés à aider les municipalités à prendre des mesures pour limiter la pollution automobile en particulier au diesel - carburant qui émet trois fois plus de NO2 que l'essence.

Il pourra s'agir de «changer ou adapter la flotte de bus», a dit M. Gove mais aussi de restreindre la circulation dans certains secteurs urbains.

Un épais nuage toxique enveloppe Londres le 19 janvier 2017. La photo a été prise au sommet du plus haut gratte-ciel de Londres, The Shard, qui fait 310 m de haut. Photo: AP

Zone à ultra basse émission à Londres

Le ministre s'est en revanche dit opposé à l'introduction d'un péage spécifique, comme le prévoit le maire de Londres Sadiq Khan, tout en se disant prêt «à travailler avec les autorités locales pour déterminer la meilleure approche».

M. Khan avait annoncé en avril la création d'une zone à ultra basse émission (Ulez) à partir de 2019 à Londres, qui concernera tous les véhicules diesel de plus de quatre ans et les véhicules essence de plus de 13 ans qui devront payer 12,50 livres (20,40 dollars CAN).

Une autre taxe de 10 livres (16,32 dollars CAN) sera imposée dès le mois d'octobre cette année aux voitures datant d'avant 2006 pour circuler dans le centre de Londres.

Les annonces gouvernementales ont été accueillies fraîchement par le directeur général de l'Association des constructeurs et des vendeurs d'automobiles (SMMT) Mike Hawes, qui juge qu'elles risquent «d'affaiblir un secteur automobile britannique prospère si nous ne lui laissons pas assez de temps pour s'adapter».

Un embouteillage ordinaire, au centre de Londres, le 17 février 2017. Le maire Sadiq Khan avait déjà annoncé, avant les nouvelles mesures envisagées, que les propriétaires de vieux véhicules polluants seront frappés d'une surcharge dès octobre. Photo: AFP

Auto électrique : même dilemme qu'au Québec

Certes la demande pour les voitures électriques, hybrides ou à hydrogène «est en croissance mais reste très basse» car les consommateurs ne sont pas convaincus «par les prix, la gamme proposée et la question des bornes de rechargements», souligne-t-il.

Selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea), le marché des voitures propres (électriques ou hybrides) reste pour l'instant minoritaire en Europe occidentale, où plus de 95% des nouveaux véhicules enregistrés en 2016 roulaient soit au diesel (49,5%) soit à l'essence (45,8%).

Au contraire, l'organisation écologiste Greenpeace estime que Londres ne va pas assez vite.

«Le gouvernement a raison de fixer une date pour arrêter la vente des moteurs polluants à essence et diesel mais 2040 c'est bien trop tard», déclare Areeba Hamid, une de ses porte-parole, dans un communiqué.

«Nous ne pouvons pas attendre près d'un quart de siècle pour agir vraiment face au problème urgent de santé publique causé par la pollution», ajoute-t-elle, appelant le gouvernement à imiter la Norvège qui ambitionne de cesser dès 2025 les ventes de nouvelles voitures équipées seulement d'un moteur à combustion.