Le Royaume-Uni et la France comptent éliminer carrément la vente de véhicules à essence d'ici 2040, mais même l'un des principaux promoteurs de voitures électriques de ce côté-ci de l'Atlantique affirme que cela représente sans doute un objectif impossible pour le Canada.

La France a annoncé sa politique au début juillet, suivie par le Royaume-Uni cette semaine, rejoignant la Norvège et l'Inde comme les seuls pays au monde avec un plan pour abandonner entièrement la vente d'automobiles et de camions alimentés par l'essence ou le diesel.

Le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques requiert que le Canada se dote d'une stratégie pancanadienne sur les véhicules à zéro émission d'ici l'an prochain, et le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a déjà signalé que l'établissement de cibles ou de quotas de ventes n'était pas à l'ordre du jour.

Matt Stevens, chef de la direction de FleetCarma, une entreprise de Waterloo, en Ontario, qui vise à contribuer à l'adoption de véhicules électriques, soutient qu'il pourrait être bon pour le Canada de se donner un objectif précis dans le temps pour éliminer graduellement les véhicules à essence. Toutefois, il estime que l'objectif 2040 est probablement trop rapide pour le Canada.

Bien que 23 années nous séparent de l'objectif fixé par d'autres pays, il faut prendre en considération selon lui que les Canadiens conduisent beaucoup plus de camions et de véhicules utilitaires sports que les Britanniques, et que le marché de l'électrique dans ce type de véhicules n'est pas aussi avancé que celui pour les berlines.

Plus de la moitié des véhicules vendus au Canada sont des camionnettes, des fourgonnettes et des véhicules utilitaires sport.

«L'un des grands défis dans notre marché est le fait qu'on achète une tonne de camionnettes, une tonne de fourgonnettes et une tonne de véhicules utilitaires sport», a martelé M. Stevens.

Il y a plusieurs modèles de véhicules utilitaires sport électriques ou hybrides sur le marché, mais la première fourgonnette électrique - une hybride rechargeable Chrysler Pacifica - est apparue seulement cette année et il n'y a pas encore de camionnettes électriques.

M. Stevens a indiqué qu'un objectif d'élimination graduelle des véhicules à essence d'ici 2050 pourrait être plus réaliste, tout en ajoutant que le marché évolue rapidement.

Mark Nantais, président de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV), fait valoir que les normes d'émissions implantées tant par le Canada et les États-Unis poussent déjà le Canada vers des voitures sans essence.

«La seule manière d'en venir au respect (de ces normes) passe par une plus grande électrification», a-t-il soutenu.

En 2011, il y avait seulement sept modèles de véhicules électriques disponibles au Canada, a souligné M. Nantais. Il y a désormais plus de 30 modèles.

Davantage de bornes de rechange sont aussi installées pour le public chaque mois, avec des investissements du secteur public et du secteur privé, incluant les annonces ce mois-ci d'un réseau de bornes le long d'autoroutes en Ontario, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick.

«Il y a un an, il y avait cinq bornes de recharge rapide autres que Tesla en Ontario, et désormais il y en a plus de 100», a indiqué M. Stevens.

Le Québec a instauré des quotas pour les ventes de véhicules électriques qui seront mis en vigueur l'an prochain, obligeant les constructeurs automobiles à vendre un certain pourcentage de véhicules électriques ou à acheter des crédits d'émission s'ils ne respectent par les objectifs.