Une borne électrique pour la maison n'est pas nécessaire pour tout propriétaire de véhicule électrique, mais ça simplifie son utilisation quotidienne... et comme ça peut aider à vendre sa résidence par la suite, le calcul semble simple. À condition de savoir où trouver la bonne borne!

En as-tu vraiment besoin?

La question de l'année, il va sans dire. Et pour la borne résidentielle, c'est la première à se poser, car la réponse n'est pas toujours positive, estime Martin Archambault, porte-parole de l'Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). «On peut brancher sa voiture sur une prise de courant domestique, ce qui est plus long. Si on ne sort la voiture qu'une fois par semaine, ça peut être suffisant», dit-il.

Les nouveaux véhicules électriques doublant presque l'autonomie des modèles actuellement en marché, il est tentant de réduire leur temps de recharge à quelques heures grâce à une borne, pour l'achat de laquelle il existe une aide financière provinciale. Celle-ci est limitée et imposable, mais peut couvrir entre le quart et le tiers du prix d'achat, en incluant les frais d'installation.

Détail non négligeable: une borne résidentielle aiderait à vendre sa résidence plus rapidement. 

«On n'a pas de statistiques officielles, mais on a plusieurs membres qui disent que ça a aidé», ajoute M. Archambault. Ça en incitera certains à dépenser un peu plus pour une borne de meilleure qualité...

Gare aux frais d'installation!

Au Québec, ironiquement, les quincailleries Rona ont installé des bornes publiques dans leurs stationnements, mais ne vendent pas de bornes résidentielles en magasin. Certains commerces spécialisés en matériel électrique en assurent toutefois la vente, sinon, il faut magasiner sa borne sur l'internet.

Il faut aussi trouver un électricien pour l'installer. On fait souvent état d'un coût d'installation se situant entre 300 et 600 $, mais ça pourrait coûter beaucoup plus, avertit David Corbeil, cofondateur, avec sa soeur Marie-Pier, de RVE, une entreprise de Laval qui a conçu une solution facilitant le branchement pour les copropriétés. En faisant une moyenne à partir de 200 installations dans la province, M. Corbeil arrive à un coût pouvant atteindre 1000 $ pour une maison, et plus de 3000 $ pour une copropriété.

Certains détails font rapidement monter la facture: l'entrée électrique de la maison a-t-elle la capacité pour supporter cette nouvelle connexion, qui peut atteindre 40 ampères? Faudra-t-il percer les murs intérieurs pour passer un long (et coûteux) câble électrique joignant la borne au panneau électrique? Le branchement sera-t-il permanent, ou est-il plus pratique d'installer une prise de courant (similaire à celle d'une sécheuse), permettant d'y brancher une borne, puis de la déplacer, au besoin?

Pour la borne comme telle, heureusement, c'est plus simple. Deux fabricants québécois détiennent plus des trois quarts du marché des bornes pour la maison: AddÉnergie et Elmec, qui vendent respectivement les produits FLO et EVduty. Leur prix de détail oscille entre 800 et 1300 $. Leur capacité électrique est la même, ce sont surtout les matériaux et les fonctions supplémentaires, comme une connexion informatique pour suivre l'état du chargement à distance, qui font la différence.

Le défi d'une ville branchée

Les véhicules électriques sont surtout populaires en milieu urbain, là où le stationnement est généralement moins abondant qu'ailleurs. On y trouve toutefois une forte concentration de copropriétés. Ces deux facteurs compliquent la possession d'une voiture électrique en ville: difficile de se garer près de la maison, et quand on possède un stationnement privé, l'installation électrique n'est peut-être pas prête à accueillir une borne.

C'est ce qui a mené à la création de RVE, la seule entreprise en Amérique du Nord à commercialiser un appareil permettant d'installer une borne au sein d'un immeuble à condos, notamment, et d'associer cette borne au bon compteur électrique. 

«Souvent, les gens vont se brancher directement à l'entrée électrique de l'immeuble, mais le syndicat de copropriété peut demander de refaire l'installation convenablement», affirme David Corbeil.

Il reste à trouver une solution pour les véhicules électriques garés dans la rue. Est-ce qu'un abonnement mensuel à un réseau public ou l'inclusion d'un tarif fixe dans l'achat d'une vignette de stationnement auprès de l'arrondissement serait une solution? «Avec la croissance du nombre de bornes publiques qui sont installées à Montréal et dans les environs, et avec les ventes de véhicules électriques qui devraient augmenter, il va falloir y penser», dit Martin Archambault.

«C'est probablement le plus gros frein à l'adoption des véhicules électriques», ajoute M. Corbeil. Ça explique sans doute pourquoi 80 % des recharges de véhicules électriques au Québec se font à la maison. Et, de plus en plus, avec une borne résidentielle conçue à cette fin!