L'industrie automobile met toute la gomme pour pouvoir proposer aux consommateurs des voitures électriques à bas prix, s'efforçant en particulier de répondre aux spécificités du marché chinois.

Dernier industriel en date à annoncer une petite électrique pas chère, l'équipementier automobile français Valeo, qui a présenté lundi au salon de l'électronique grand public (CES) de Las Vegas un démonstrateur de petite voiture urbaine de 2 places 100% électrique, dotée de 100 kilomètres d'autonomie et d'une vitesse de pointe de 100 km/heure.

De trois à quatre fois moins chères

Cette voiture, pour laquelle Valeo doit encore trouver un constructeur partenaire, serait vendue au prix de 7500 euros (11 400 $ CAN), selon l'industriel français.

Renault a pour sa part déjà annoncé qu'il entendait lancer sur le marché chinois une petite voiture 4 places électrique bon marché commercialisée en Inde et en Amérique du Sud.

Construite en co-entreprise avec Nissan et le constructeur chinois Dongfeng, elle devrait être vendue 10 000 $ CAN, selon les indications fournies par le patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn.

D'autres constructeurs ont également prévu des voitures zéro émission et pas chères, comme General Motors qui a annoncé cet été les premières ventes sur le marché chinois de la Baojun E100, une deux places électrique, d'une autonomie de 155 kilomètres, pour un prix de 35 800 yuans (environ 7000 $ CAN), en prenant en compte les aides gouvernementales chinoises.

Par comparaison, la LEAF de Nissan, une vraie quatre places, se vend actuellement à partir de 38 000 $ CAN, moins la subvention gouvernementale (de 8000 $ au Québec).

Pour sa part, le Modèle 3 de Tesla, la berline censée démocratiser l'accès aux voitures haut de gamme du constructeur américain, est vendue à partir de 45 000 $ CAN, avec une autonomie théorique de 300 kilomètres.

L'électrification va se jouer en Chine

Si Valéo, Renault et GM ciblent le marché chinois, c'est que l'ex-Empire du Milieu est devenu l'Eldorado de la voiture électrique du fait de la politique volontariste de Pékin.

Le gouvernement chinois avait annoncé en septembre, sans fournir de précisions, préparer «un calendrier» vers «une interdiction» de la production et de la vente de voitures à carburants fossiles: un pari titanesque pour le premier marché automobile mondial en volume.

Dès 2019, tous les constructeurs automobiles en Chine seront soumis à d'ambitieux quotas de ventes de «véhicules à énergie nouvelle» calculés selon un système complexe de crédits. Les acheteurs de ces véhicules peuvent faire déjà immatriculer leurs véhicules plus rapidement et bénéficient d'aides financières.

L'originalité de la formule annoncée cette semaine par Valéo repose sur l'emploi d'une batterie de 48 volts, contre 400 volts pour la tout électrique Renault Zoé --cousine française de la Nissan Leaf-- par exemple.

Les systèmes basse tension n'imposent pas les mêmes exigences de protection et peuvent être «20% moins chers» que les systèmes actuels, selon James Schwyn, de Valeo.

«C'est très astucieux» de la part de Valeo d'utiliser des systèmes 48 volts, sur lesquels l'équipementier français a déjà investi de manière importante pour ses solutions d'hybrides légers, indique à l'AFP Eric Kirstetter, spécialiste de l'automobile au cabinet de conseil Roland Berger.

Le frein de l'autonomie : 100 km, c'est peu

Mais les perspectives d'une deux-places électrique semblent moins prometteuses en Europe et pratiquement nulles en Amérique du Nord. 

Le consommateur nord-américain aime les grosses voitures. Quant au consommateur européen, il n'est «pas encore prêt» pour une micro-électrique 48 V, souhaitant notamment «plus d'autonomie» que les 100 kilomètres affichés, dit M. Kirstetter.

Ce type de véhicule à faible autonomie et à bas coût pourrait en revanche représenter une solution pour de futurs robots taxis, estime-t-il.

Diagnostic voisin pour Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, pour qui la petite électrique de Valéo aura du mal à percer sur le marché européen.

«Certainement, le prix est un frein à l'achat d'une voiture électrique», explique-t-il.

«Mais le prix est moins un obstacle aujourd'hui, compte-tenu des incitations financières très fortes» mises en oeuvre par beaucoup de gouvernements: «les vrais freins sont plutôt sur l'autonomie encore limitée, et sur la difficulté à trouver des points de recharge», estime-t-il.

Les immatriculations de voitures électriques connaissent une croissance forte, mais elles restent marginales pour l'instant, en Chine comme en Europe ou aux États-Unis, à moins de 2% des marchés automobiles.