Les quelque 400 bornes de recharge pour véhicules électriques implantées jusqu'à présent par la Ville de Montréal sont utilisées en moyenne une fois tous les deux jours. Se disant satisfaite devant la croissance de leur utilisation, l'administration Plante poursuivra leur implantation, mais elle a toutefois décidé de miser davantage sur des installations plus performantes.

RECHARGES EN HAUSSE

Depuis un peu plus de deux ans, la Ville de Montréal déploie un réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques, lequel devrait en compter 1000 en 2020. Le nombre de recharges faites sur le réseau montréalais a considérablement augmenté l'an dernier. Alors que la métropole recensait 1400 recharges durant le mois de janvier 2017, on en dénombrait 5700 en décembre dernier, soit quatre fois plus. Cette hausse semble toutefois essentiellement suivre l'implantation des bornes, dont le nombre a quadruplé l'an dernier. La métropole, qui en offrait 110 au début de l'année, en comptait 400 en décembre.

UNE FOIS TOUS LES DEUX JOURS

Ces statistiques permettent d'évaluer que les bornes montréalaises sont utilisées en moyenne 14 fois par mois, soit une fois tous les 2 jours. « C'est assez dans la norme. Ce n'est pas "beaucoup", mais ce n'est pas "peu". Ça montre qu'il y avait un besoin », évalue Martin Archambault, de l'Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). L'administration Plante se dit satisfaite de la progression dans l'utilisation des bornes et continuera donc à les déployer. « On va continuer l'installation de bornes », a confirmé Éric Alan Caldwell, élu responsable des transports au comité exécutif. La Ville installera ainsi 200 bornes par an jusqu'en 2020 pour compléter son réseau de 1000 bornes. Une somme de 4,4 millions est prévue à cette fin pour les trois prochaines années. À ce rythme de déploiement, Montréal prévoit être la ville en Amérique du Nord offrant le plus de bornes sur son territoire d'ici à la fin de 2018.

POPULARITÉ DES CHARGES RAPIDES

Les bornes montréalaises restent moins utilisées que celles de l'ensemble du réseau Circuit électrique, qui affichaient en décembre une utilisation moyenne de 19 fois par mois. L'écart s'expliquerait beaucoup par la forte popularité des installations à recharge rapide. Bien qu'elles ne représentent que 7 % des 1350 bornes du Circuit électrique, ces installations plus performantes génèrent plus du tiers des recharges du réseau. La borne la plus utilisée sur le réseau d'Hydro-Québec, située à Drummondville, est d'ailleurs à charge rapide : elle est utilisée près de 300 fois par mois, soit en moyenne 10 fois par jour.

PLACE AUX BORNES RAPIDES À MONTRÉAL

Voilà, on compte à peine quatre bornes à recharge rapide dans l'île... et aucune d'entre elles ne fait partie du réseau implanté par la Ville de Montréal. L'administration Plante dit vouloir remédier à la situation en 2018. À l'automne, 16 bornes à recharge rapide seront installées. Éric Alan Caldwell prévient que celles-ci ne seront pas installées dans la rue, mais plutôt dans des stationnements municipaux, en raison de l'espace trop important qu'elles occupent. « Elles sont plus grosses. Chacune a le volume d'un réfrigérateur. Elles devront être installées sur des terrains municipaux parce que le défi d'intégration est beaucoup plus grand. Mais c'est sûr que du point de vue de l'utilisateur, c'est plus pratique. Tu peux avoir 80 % de ta charge en 30 minutes », indique M. Caldwell.

CHARGE D'APPOINT

Cette différence de popularité entre les bornes « ordinaires » et « rapides » s'explique essentiellement par l'utilisation des bornes publiques, indique Hydro-Québec. La vaste majorité des propriétaires de voitures électriques se branche à la maison chaque nuit, un peu comme l'on doit recharger son téléphone chaque soir. « Plus de 95 % des recharges se font à la maison. On ne peut pas comparer les bornes électriques aux stations-service. Ce n'est pas le point principal d'alimentation, c'est pour combler un besoin d'appoint. Quand on doit sortir de son trajet quotidien, par exemple », explique Louis-Olivier Batty, d'Hydro-Québec.

VEILLE TECHNOLOGIQUE

Éric Alan Caldwell dit espérer que l'évolution de la technologie permettra de déployer des bornes. L'élu indique que la Ville de Montréal maintient une veille technologique constante en raison des progrès rapides réalisés dans le domaine. « La technologie évolue très vite. C'est un secteur qui reste très dynamique », dit le responsable des transports. Malgré la plus forte popularité des bornes à recharge rapide, Montréal juge important de continuer à déployer des bornes ordinaires en raison du défi que représente la possession d'un véhicule en ville. « Le phénomène à Montréal, comme dans toutes les grandes villes, c'est que les bornes sur rue sont la seule façon de se brancher pour plusieurs. La personne qui habite un triplex rue des Érables ne peut pas avoir un fil qui part de son appartement pour se rendre jusque dans la rue », souligne Martin Archambault.

FORTE CROISSANCE D'UN MARCHÉ ENCORE MARGINAL

Le marché des voitures électriques a connu une croissance importante en 2017, alors que le nombre de ces véhicules a augmenté de 60 % l'an dernier au Québec. Ces véhicules restent toutefois encore largement minoritaires sur les routes, et ne représentent que 0,5 % du parc automobile de la province (près de 22 000 sur 4,6 millions de véhicules de promenade). Les véhicules électriques semblent surtout se tailler une place dans les couronnes de Montréal.