Certaines marques automobiles ont une conception particulière de la garantie «pare-chocs à pare-chocs». Depuis peu, on constate que la couverture réelle se révèle moins généreuse que ce qui est annoncé. Le début d'une tendance? On ne l'espère pas du côté des consommateurs.

La garantie dite «pare-chocs à pare-chocs» est une des caractéristiques les plus attrayantes d'un véhicule neuf aux yeux d'un consommateur. Comme chacun le sait, la très grande majorité des constructeurs offrent habituellement, en plus de celle-ci, une garantie d'une durée égale ou supérieure sur le groupe motopropulseur, la corrosion, les coussins gonflables et le système antipollution.

«En général, les couvertures sont très bonnes, surtout pour la mécanique», commente George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA).

Mais il y a un bémol. CAA-Québec vient de mettre en lumière une pratique apparemment récente: l'ajout d'exclusions, dans le contrat de garantie, qui peuvent échapper à la vigilance de l'acheteur et qui s'appliquent à des éléments un peu surprenants.

Dans un tableau recensant les garanties de 32 marques automobiles, CAA-Québec montre que Kia, Hyundai et Mitsubishi offrent désormais une protection plus courte sur le système audio et de navigation que sur les autres pièces de la voiture. Alors que la garantie «pare-chocs à pare-chocs» chez ces trois marques est de 5 ans ou 100 000 km, elle n'est plus que de 3 ans ou 60 000 km pour l'ensemble audio et de navigation.

Dans le livret de garantie des deux sud-coréennes, il est même fait mention que la garantie est de 2 ans ou 40 000 km pour les bougies (Kia) et pour la batterie (Hyundai).

Hormis ces garanties plus courtes, l'étude de CAA-Québec montre que les garanties conditionnelles à une inspection font également leur apparition. Alors qu'il a augmenté la durée de sa garantie sur la corrosion, Mazda impose en contrepartie une inspection annuelle obligatoire, sans quoi le consommateur peut voir la durée de la garantie corrosion raccourcir de trois ans. BMW et Mini font la même chose, à ceci près que l'inspection est obligatoire tous les deux ans, sans quoi le consommateur peut carrément voir la garantie corrosion annulée.

«Auparavant, ce genre de clause ne se voyait pas et surtout pas pour des éléments aussi précis, mis à part des pièces d'usure comme les freins. C'est pourquoi il est important de consulter le livret de garantie», commente Sylvain Légaré, analyste en consommation automobile à CAA-Québec.

Des inquiétudes en découlent

L'association et l'APA ne cachent pas leur inquiétude devant ce genre de pratiques. «Cette tendance à découper la garantie s'applique sur des pièces qui peuvent être coûteuses à réparer comme le système audio et de navigation», affirme Philippe St-Pierre, porte-parole de CAA-Québec.

«Ce que l'on voit de nouveau à l'APA, c'est cette inspection obligatoire. Et c'est la sanction liée à celle-ci qui nous inquiète. Et le client n'est pas au courant», dit M. Iny.

Ce genre de garantie proposée par les constructeurs n'a rien d'illégal. «C'est le constructeur qui décide du contenu de sa garantie», rappelle Sylvain Légaré. Il n'existe pas de définition d'une garantie intégrale «pare-chocs à pare-chocs», que ce soit dans la Loi sur la protection du consommateur ou dans le Code civil du Québec.

Selon l'Office de la protection du consommateur, il y aurait tout de même un risque pour les constructeurs à multiplier les exclusions - si exclusions nombreuses il y a. Celui de tomber dans la présentation mensongère ou trompeuse.

Par la voix de son porte-parole Patrick Danielson, Hyundai Canada soutient qu'il n'y a «rien de nouveau ou changé dans le contenu des garanties». «Cette garantie sur le système audio et de navigation est concurrentielle par rapport à celles des autres constructeurs», se contente de dire M. Danielson qui n'a pu dire pourquoi cette garantie diffère des autres offertes par le constructeur.

«La couverture varie en fonction du système et du composant, ce n'est pas inhabituel dans l'industrie automobile», soutient pour sa part Sophie Des Marais, porte-parole de Mitsubishi Canada.

«Notre inspection annuelle identifie les parties où l'abrasion a sévi, les coups, les éraflures, et elle nous permet d'effectuer un entretien préventif», justifie la directrice des communications de Mazda Canada, Sandra Lemaitre.