Le 4 octobre 1974, Denis Marcil achète sa première voiture neuve, une Ford Gran Torino Elite. Il s'agira de la dernière. Elle était massive, scintillante et verte... « J'aurais dû me méfier de sa couleur, elle n'était pas mûre », dit-il en riant. Depuis ce jour, Denis Marcil ne se procure que des véhicules d'occasion pour mieux juger de leur fiabilité.

Il y a voiture d'occasion et voiture d'occasion. D'un côté, la bagnole à 1000 $ qui se désunit de partout, perd de l'huile et démarre un jour sur deux. De l'autre, l'auto récente, bien suivie et bénéficiant parfois de la garantie originale. Pourtant, même dans ce cas-là, c'est parfois l'horreur. Rassurez-vous, ça l'est aussi, de temps à autre, avec une voiture neuve.

Les gains en fiabilité et en qualité, réalisés ces dernières années par l'ensemble des marques automobiles, incitent nombre d'acheteurs à rechercher des occasions plus jeunes.

Il est vrai que, aujourd'hui, à 100 000 km, la mécanique d'une automobile moderne est loin d'être au bout du rouleau pour peu qu'elle ait été entretenue correctement.

Autre attrait des véhicules d'occasion récents : ceux-ci ont subi une décote parfois considérable sans avoir parcouru un kilométrage important. En effet, trois ans après sa mise en service, la valeur marchande d'un véhicule neuf est dépréciée de 45 % en moyenne et celui-ci affiche généralement moins de 65 000 km au compteur. Des économies au chapitre de l'assurance et des taxes permettent de dégonfler les factures liées à l'auto.

Enfin, le choix d'un véhicule d'occasion, récent ou non, représente aussi un geste concret en faveur de l'environnement. En préférant un véhicule qui se trouve déjà en circulation, on évite l'empreinte générée par la construction d'une nouvelle voiture.

La clef : la patience

Tout le monde recherche une voiture fiable, solide et pas chère. Ceux qui parviennent à la débusquer ont tous un point en commun : la patience. Une qualité à acquérir avant de se lancer à la recherche d'un véhicule d'occasion, sans quoi votre expérience se résumera à « acheter les problèmes des autres », surtout si votre prise est le moindrement âgée.

Avant de faire la tournée des établissements ou d'assécher vos yeux à éplucher les petites annonces, commencez par établir vos besoins et l'utilisation que vous comptez faire de ce véhicule. Ce faisant, efforcez-vous de ne pas avoir une idée trop arrêtée sur le modèle désiré.

Une Toyota ou une Honda, c'est bien, mais des produits équivalents chez Nissan, Hyundai, Chevrolet ou Volkswagen peuvent également satisfaire à vos critères.

Rangez maintenant le grand-angle et vissez le zoom. Réglons en une ligne le sort des aubaines offertes à des prix dérisoirement bas. Celles-ci comportent bien des risques. À commencer par des travaux de réparation parfois lourds et un kilométrage passablement élevé. Mais attention : payer plus cher ne donne pas forcément l'assurance d'une voiture saine, solide et en bon état. Une inspection mécanique réalisée par un professionnel s'impose dans tous les cas de figure. Celle-ci ne permet pas toujours de déceler la présence d'un vice caché, mais rassurez-vous, le Code civil a prévu des recours dans ces cas.

Le financement est plus corsé

Achat futé à plus d'un titre, le véhicule d'occasion entraîne toutefois des frais de financement plus importants qu'un véhicule neuf. Ce dernier est généralement proposé à des taux d'intérêt plus avantageux, des modes d'acquisition plus flexibles et surtout, il se trouve sous la protection d'une garantie complète. L'absence de celle-ci, sur un véhicule d'occasion plus âgé notamment, risque de peser lourd sur les finances personnelles. En plus des mensualités, vous devrez aussi acquitter, s'il y a lieu, les frais des réparations. La solution consiste à souscrire une garantie prolongée, mais cette protection est chère et souvent incomplète.

Au budget, l'acheteur aura prévu mettre de côté quelques centaines de dollars pour faire rapidement des travaux d'entretien régulier comme de l'huile moteur bien fraîche, une batterie chargée à bloc ou des pneus qui se cramponneront correctement à la chaussée.

Avec un véhicule d'occasion plus âgé, c'est plus compliqué. Celui-ci risque de coûter encore plus cher à remettre en bon état. Aussi, certains éléments de sécurité (actifs et passifs) manqueront sans doute à l'appel, tout comme les technologies de connectivité dernier cri comme le dispositif mains libres (Bluetooth) ou la sacro-sainte prise USB.

Au-delà des intérêts divergents qu'elle met en évidence, la popularité des véhicules d'occasion trahit également une évolution dans le rapport que le consommateur entretient face à l'objet. Le besoin de mobilité individuelle est toujours aussi important, mais, désormais, il doit se réaliser à moindre coût et de manière plus rationnelle.

D'ailleurs, Denis Marcil songe à remplacer sa Hyundai Sonata 2009 le printemps prochain. Intéressé ?

Un moteur d'essuie-glaces BMW, c'est pas donné

Un véhicule doit correspondre aux besoins de l'acheteur, mais un véhicule d'occasion exige plus de précautions encore et un minimum de recherches. Pour mener ces dernières à bien, il existe plusieurs sources d'information (forums sur l'internet, publications spécialisées, techniciens) pour déterminer les forces et faiblesses techniques et mécaniques du véhicule convoité ainsi que le coût des pièces de remplacement.

Jonathan Trépanier-Rouleau a retenu la leçon. Aujourd'hui âgé de 23 ans, ce jeune homme rêvait depuis longtemps d'une BMW de Série 5 comme première auto... Une fantaisie qu'il n'est pas près d'oublier. En jetant son dévolu sur ce modèle sans même le faire inspecter - une 1996 avec plus de 245 000 km - et qui lui paraissait plus désirable que la Honda Civic immaculée que pouvaient lui offrir ses économies, Jonathan a rapidement réalisé son erreur. « Après deux jours, le moteur des essuie-glaces a rendu l'âme et je n'avais pas les moyens de m'en procurer un autre, pas même dans une cour à scrap », se souvient-il.

Une fois la réparation terminée, au tour d'un module électronique de la transmission de lui jouer des tours en refusant d'enclencher le rapport sélectionné. « Et moi qui pensais à la suite de l'inspection mécanique que seul le joint d'étanchéité du carter fuyait. »