Les automobilistes québécois aiment bien se gâter. Et le marché du véhicule d'occasion représente de belles possibilités pour assouvir ses goûts de luxe. Une tentation à laquelle il ne faut pas céder trop aisément, surtout si votre budget est le moindrement serré. Jugez-en !

Pour un peu moins de 10 000 $, nous avons trouvé sur le marché montréalais ces deux voitures offertes à des prix similaires : une BMW Série 7 2005 (183 000 km) et une Toyota Camry 2010 (134 000 km). À l'état neuf, ces autos ne se comparent pas, bien sûr, mais sur le marché de l'occasion... Le propriétaire de la BMW vous rend la clé moyennant la somme de 8700 $ alors que celui de la Toyota vous propose - « elle doit partir vite » - son véhicule à 9100 $.

Porte-étendard de la marque BMW, la Série 7 est un concentré de haute technologie. Tout y est : système de navigation, écran multimédia, affichage tête haute, phares au Xénon, sans oublier les baquets chauffants vêtus de cuir. La Camry ne soutient aucunement la comparaison avec ses sièges recouverts de tissus et son volant enveloppé de polyuréthane.

La Toyota Camry 2010 (134 000 km à l'odomètre) est bien plus terre-à-terre et raisonnable que la Béhème, mais votre portefeuille va l'aimer mieux. Photo Toyota

Une option coûteuse est coûteuse à remplacer

Mais cette débauche technologique a un prix. Et quoi qu'en disent BMW et les autres constructeurs, ces équipements ne durent pas systématiquement durant toute la vie utile de la voiture et coûtent très cher à remplacer. En cas de bris, le remplacement d'un phare au xénon coûte jusqu'à cinq fois plus que celui d'un projecteur classique de Camry.

Par chance, ceux de cette Série 7 fonctionnent, mais le système de navigation était inopérant, car la mise à jour du système n'a jamais été faite. À l'oeil, il ne s'agissait pas de la seule négligence de son actuel propriétaire. Celui-ci était incapable de fournir les factures attestant des derniers entretiens : « Je vais voir si je peux les trouver, d'accord ? »

Les avancées techniques de la Série 7 apportent également leur lot de dépenses d'entretien et, en raison de la faible quantité de modèles produits, les pièces se trouvent difficilement, contrairement à la Camry, chez un recycleur.

Pièces d'occasion introuvables : sortez votre chéquier

Très souvent, pas le choix de s'offrir une pièce neuve. En outre, cette allemande compte huit cylindres (quatre de plus que la Camry), donc déjà les dépenses potentielles sont multipliées par deux. Y compris à la pompe. Par ailleurs, les pneus de la BMW, des 18 po, sont beaucoup plus chers à remplacer que les 16 po qui équipent la Camry retenue aux fins de cet exercice de comparaison. « Et ils sont neufs, comme les freins », ajoute fièrement le propriétaire de cette Toyota dont le carnet d'entretien était, lui, tapissé d'estampilles du concessionnaire. Celui de la BMW ? Introuvable.

Plus valorisante - pour peu que tous les accessoires fonctionnent correctement, ce qui était loin d'être le cas - et assurément plus agréable à conduire, cette BMW nécessitait au bas mot 6000 $ de réparations et d'entretien avant de redevenir la grande routière qu'elle a été. La Camry, rien ! Pas un cent.

À la lumière de ce comparatif, la Camry représente, sans surprise, un choix pragmatique susceptible de ne pas grever votre budget. Quant à la BMW, mieux vaut faire preuve d'une extrême prudence et de beaucoup de lucidité avant d'apposer sa signature au bas d'un contrat de vente. 

Considérant la quantité d'accessoires à bord et la sophistication de sa mécanique, un bilan mécanique ne suffit pas. Il est nécessaire de pousser votre enquête encore plus loin. À commencer par connaître un établissement de confiance capable de la remettre en bon état, et à quel prix.