Petite révolution dans le domaine de l'assurance automobile, L'Industrielle Alliance offre une assurance au kilomètre grâce à l'utilisation de la télématique. Sa clientèle cible ? Les jeunes. La facturation variera selon les comportements routiers de l'assuré.

Le «Pay As You Drive» et l'assurance auto dite «télématique» font leur apparition au Québec. L'Industrielle Alliance lance un programme d'assurances baptisé Mobiliz qui fait appel aux technologies de communications à distance. Le principe est simple: à partir de critères de base (âge, sexe, voiture et code postal), la facturation mensuelle évoluera selon le kilométrage parcouru par l'assuré et selon ses comportements routiers. Le tarif est de deux cents au kilomètre. La prime d'assurance va donc augmenter ou baisser selon le comportement au volant.

Pour cela, la compagnie d'assurances a recours à l'installation - sous le tableau de bord - d'un mouchard sur les véhicules des clients. L'achat et l'installation de celui-ci sont aux frais de la compagnie qui a déjà mandaté 220 installateurs dans la province. En utilisant le principe du GPS, le mouchard va relever en tout temps le kilométrage, la vitesse, les freinages brusques et les accélérations soudaines.

Ces données seront disponibles quasiment en temps réel. L'assuré observera l'influence de sa conduite sur sa facture d'assurance automobile. L'Industrielle Alliance affirme que «la prime est annulable en tout temps, sans frais».

La compagnie d'assurance veut séduire les jeunes conducteurs âgés de 16 à 24 ans, sans pour autant négliger tous les autres automobilistes qui peuvent aussi souscrire à ce programme. Elle propose une soumission en ligne simple, offre une protection complète avec une seule franchise de 250$, et elle ne tient pas compte dans sa facturation des réclamations passées.

En conférence de presse mercredi, le président et chef de la direction de l'Industrielle Alliance, Yvon Charest, n'a pas hésité à dire que sa compagnie a trouvé «une solution à la problématique de la vitesse au volant chez les jeunes».

Big Brother ?

Le fait d'avoir un mouchard sur sa voiture incite à la prudence, si l'on en croit les tenants de cette utilisation des télécommunications ailleurs dans le monde. Cette assurance dite «télématique» peut aussi collecter les périodes et les durées d'utilisation d'une voiture, le nombre de trajets et le type de routes empruntées. N'oublions pas que la télématique peut aussi permettre de constituer une banque de données sur les accidents et leurs caractéristiques.

«Avoir accès aux données d'un véhicule grâce aux applications télématiques est très important pour aider les compagnies d'assurances à combattre les fraudes», prétend Octo Telematics, fournisseur italien de services et systèmes télématiques pour le secteur des assurances automobiles.

Par conséquent, le spectre d'une atteinte à la vie privée est brandi. Interrogé sur le sujet, le président et chef de l'exploitation de l'Industrielle Alliance, Assurance auto et habitation, Michel Laurin, affirme que «les données sont confidentielles, mais accessibles sous mandat policier».

L'Industrielle Alliance présente son programme comme étant une première au Canada. Ce qui n'est pas tout à fait vrai. Aviva Canada a testé un programme similaire en Ontario jusqu'en 2010. Mais a fait marche arrière devant les frais d'exploitation jugés alors «prohibitifs» et pas «économiquement viables». En Europe, des assureurs ont mis un terme à ce principe, car trop compliqué à gérer.

Bien des compagnies d'assurances ont tenté l'expérience de la télématique en Europe et aux États-Unis. Cette idée circule depuis une bonne demi-douzaine d'années. Aux États-Unis, MileMeter et Progressive sont des pionniers en la matière.

Le principe apparaît surtout indiqué pour les petits portefeuilles, les urbains et... peut-être les jeunes.