La sortie de route et l'abandon de Sébastien Loeb, la bourrasque qui fait déraper les deux pilotes officiels Ford et pour finir le déclassement de Mikko Hirvonen: l'édition 2012 du rallye du Portugal a réservé son lot de surprises, jusqu'à se conclure par un triplé du constructeur américain.

«Ici, en performance pure, je suis certain qu'on aurait été devant. C'est un week-end très frustrant», déclarait dimanche à l'AFP, à trois spéciales de la fin, Christian Loriaux, directeur technique de Ford.

À ce moment là, le placide Finlandais Hirvonen, évitait de «paniquer» et de faire la moindre faute pour aller au bout de sa route et offrir à Citröen un cinquième succès consécutif dans ce rallye qu'il menait sans forcer depuis la sixième spéciale, vendredi matin.

Le vice-champion du monde 2011, quatrième à l'issue des premières spéciales, avait bénéficié d'une cascade de sorties de route qui avaient décapité le podium virtuel en une douzaine d'heures. Dès l'ES3, une spéciale disputée la nuit, Loeb précipitait sa voiture dans un virage imaginaire à gauche alors que son copilote lui avait signifié d'aller à droite. Cette rare incompréhension entre les deux hommes, liés depuis près de 15 ans dans la conduite d'une voiture de rallye, offrait une énorme opportunité pour Ford d'effacer le doublé réalisé par Citröen au Mexique. À cet instant, Jari-Matti Latvala et Petter Solberg occupaient le haut du classement mais c'est dans cet ordre qu'ils devaient sortir de la route dès le lendemain matin (ES5, ES6).

«Petter a fait une grosse boulette, peut-être encore plus grosse que celle de Jari-Matti», estimait Loriaux.

Ford «réhabilité»

De fait, le Norvégien détruisait son embrayage en tentant de revenir sur la route après une étrange glissade non maîtrisée juste quelques minutes après un tête-à-queue de Latvala qui devait se conclure par un passage dans un fossé et une suspension cassée.

La mine de Malcom Wilson, le patron de l'écurie officielle Ford en disait long vendredi midi à l'assistance technique, même si, flegme britannique oblige, il s'estimait plus «déçu» qu'en colère.

«Réhabilités» dans la course grâce à la formule du «rallye2» qui offre aux malchanceux la possibilité de poursuivre moyennant des pénalités de temps, les deux Ford officielles repartaient samedi aux 13e et 16e places.

Devant, Hirvonen maîtrisait jusqu'au bout les velléités de deux jeunes aux dents longues: le Norvégien Mads Ostberg et le Russe Evgeny Novikov, derniers porte-étendards de Ford. Avec ce succès acquis dans la constance, mais sans brio - Hirvonen n'a pas remporté une seule des 19 spéciales disputées - Citröen pouvait avoir le sourire.

Un «défaut de fabrication», de l'embrayage de sa DS3, selon les termes employés par Yves Matton, le directeur technique Citröen Racing, devait en décider autrement. Pour cette bizarrerie, le collège de commissaires sportifs du rallye décidaient peu avant minuit «d'exclure» Hirvonen et donc de le déposséder de son 15e succès.

Ostberg, 24 ans, sous réserve que l'appel de Citröen contre cette décision soit rejeté, remporte donc son premier rallye WRC, suivi de Novikov, 21 ans, bien conseillé par le vétéran français Denis Giraudet qui a repris du service dans un baquet.

Solberg, qui a cravaché en signant finalement huit spéciales lors de ces quatre journées agitées, complète le succès de Ford en montant sur le podium et se retrouve à quatre points du classement général dont la tête est toujours occupée par Loeb.