À J-1 du coup d'envoi du 34e rallye-raid Dakar, cinquième du genre en Amérique latine, sur les plages de Lima, l'événement a pris l'allure d'une affaire d'État au Pérou et c'est le président Ollanta Humala qui montera lui même en voiture samedi sur le podium pour donner le départ de la course.

Le président Humala, grand amateur de sport mécanique, avait déjà, il y a trois jours, inauguré le «village Dakar», dressé sur 15 000 m2 en bordure du Pacifique, où les 459 véhicules et quelque 700 concurrents (pilotes et co-pilotes) de 53 nationalités sont alignés au départ.

Pour les Péruviens, comme pour les Argentins et les Chiliens - les 3 pays où se dispute la course cette année -, l'événement a pris une envergure nationale, la course automobile faisant partie intégrante de la culture sportive du continent.

«En Afrique, a résumé pour l'AFP le pilote français Stéphane Peterhansel - 10 fois vainqueur du Dakar, 6 fois en moto et 4 en auto -, les spectateurs venaient par curiosité. Ici, ils sont là par passion !»

Ultimes «vérifs»

Sur la plage de Magdalena, soumise à l'assaut des vagues du Pacifique, le premier bivouac de la course accueille des milliers d'aficionados venus en famille admirer les monstres tout terrain qui vont dévaler pendant deux semaines les 8400 km de déserts, pampas et canyons jusqu'à Santiago du Chili.

Concurrents, techniciens, mécanos et commissaires de course s'affairent autour des 2, 4 et multiples roues (camions) alignés pour les dernières vérifications et le conseil de révision technique qui doit déclarer chaque engin «bon pour le service».

«C'est le dernier pré-examen avant le départ: vérification de sécurité, conformité des véhicules aux normes techniques de chaque catégorie, plombage de divers éléments mécaniques...», explique Gérard, cadre technique de l'épreuve.

Certains sont recalés. Ils doivent opérer des modifications ici ou là sur leurs engins, puis repasseront devant le jury technique pour l'apposition du dernier tampon les autorisant à prendre le départ.

«On ne leur délivre pas un chèque en blanc. À chaque étape, de nouvelles vérifications ''surprise'' auront lieu», prévient le technicien. Et gare aux tricheurs qui tenteraient de doper leur moteur. Le pilote américain Robby Gordon en sait quelque chose, lui qui fut exclu de la course en 2012 pour «non conformité technique» de son Hummer.

Deux humbles champions

Vendredi, tous les regards étaient tournés vers le motard français Cyril Després, quadruple champion de l'épreuve et tenant du titre, et son homologue sur 4 roues Stephan Peterhansel, à la recherche d'une 11e couronne au volant de sa Mini.

Mais les deux artistes du guidon et du volant, lors d'une conférence de presse, ont fait assaut d'humilité. «Cette année, le suspense durera vraisemblablement jusqu'à la fin», a estimé Peterhansel, qui va devoir défendre son titre devant deux anciens vainqueurs de l'épreuve, l'Espagnol Carlos Sainz et le Qatari Nasser Al-Attiyah, sans oublier le «bad boy» mais virtuose du volant Robby Gordon, décidé à prendre sa revanche après son exclusion.

Quant à Cyril Després, qui a perdu cette année son complice et concurrent chez KTM, l'Espagnol Marc Coma, forfait en raison d'une blessure à l'épaule, il s'attend, pour accéder à une cinquième victoire, à une âpre lutte avec l'entrée en scène du constructeur Honda, absent du rallye depuis 1992.

«Honda est une énorme machine mondiale. Ils sont venus pour gagner. Ca va être très dur», a-t-il prévu.