Audi, avec ses trois R18 hybrides sur les deux premières lignes de la grille, sera idéalement placé pour ouvrir en fanfare les 24 Heures du Mans, quand le départ de la 81e édition sera donné samedi à 15h00 (heure locale), alors que Toyota, avec deux TS030 Hybrid, va tout faire pour empêcher que ce 90e anniversaire ressemble à une procession.

Favori sur le papier et en quête d'une 12e victoire dans la Sarthe, Audi Sport a justifié sur la piste, depuis la Journée Test du 9 juin, son statut légitime. Et comme Romain Dumas, vainqueur en 2010, puis Benoît Tréluyer, victorieux en 2011 et 2012, un pilote français sera à la pointe du combat pour la marque aux anneaux: Loïc Duval, natif de Chartres et auteur mercredi soir d'une pole position qui inspire le respect, en 3 minutes, 22 secondes et des poussières.

« C'est un pilote très jeune, mais avec une expérience déjà très importante », souligne le Dr Ullrich, patron d'Audi Sport. « Il est extrêmement rapide et très fiable, il sait prendre des risques quand il faut. C'est une personnalité qui colle très bien avec notre équipe », ajoute le pape francophile de l'endurance moderne au sujet de son nouveau paroissien, associé au Danois Tom Kristensen, octuple vainqueur au Mans, et à l'Écossais Allan McNish, deux fois lauréat en Sarthe.

Comme souvent depuis l'an 2000, Audi est favori au Mans, mais Ullrich n'en fait pas tout un plat « Les médias donnent Audi vainqueur, mais en interne on a exactement la même approche que l'année dernière. On est loin d'être sereins et on ne peut pas prendre un risque sur différentes stratégies. On va tous avoir la même », affirme même le Dr Ullrich, qui prendra sa retraite fin 2013.

10 ou 12 tours par relais ?

L'Automobile Club de l'Ouest (ACO), qui tient beaucoup à la notoriété de sa course-fétiche et souhaitait éviter un cruel manque de suspense en cette année du 90e anniversaire, a alloué au printemps trois litres de plus, par plein de carburant, à Toyota. De quoi faire couler beaucoup de salive en attendant de voir couler, pendant 24 heures, le gazole dans le réservoir des Audi (58 litres) et l'essence dans celui, déjà plus grand (76 litres), des Toyota.

Duval, malgré sa position de tête, envisage le pire, en forçant volontairement la note: « Cela veut dire au minimum trois arrêts aux puits en moins par rapport à nous. Donc trois arrêts aux puits, à trois minutes l'arrêt, cela fait neuf minutes. Laissez-les rouler neuf minutes avant qu'on prenne le départ et vous allez voir qu'il faudra travailler dur pour aller les chercher. Donc c'est loin d'être course gagnée comme beaucoup de gens veulent le dire. »

Pascal Vasselon, le directeur technique de Toyota Motorsport, est moins optimiste: « Cela veut dire qu'ils font des hypothèses sur les longueurs de relais. Cela correspond au cas le plus extrême où Audi ferait 10 tours (par relais) et nous 12, ce qui obligerait Audi à rattraper, sur la piste, une seconde au tour. Mais c'est leur choix. Ils savent faire. Il ne faut pas qu'ils se plaignent. À un moment donné il faut être raisonnable ».

Tout est parti du niveau de performance des Toyota l'an dernier, au Mans et surtout en fin de saison (trois victoires à Sao Paulo, Fuji et Shanghai). Du coup, Audi a mis le paquet cet hiver pour rendre ses voitures plus performantes... et donc plus gourmandes en carburant, ce qui a un peu changé la donne. Reste un autre facteur crucial au Mans, la météo. Des averses sont annoncées samedi après-midi, en début de course. Et comme d'habitude au Mans, depuis 1923, tout est vraiment possible.