David Bensadoun et Patrick Beaulé savaient que le Dakar 2014 serait particulièrement dur. En fait, ils nous avaient dit en entrevue avant leur départ que les organisateurs avaient rendu le parcours particulièrement difficile, parce que jugé trop « facile » l'an dernier. Le duo québécois l'aura finalement constaté à ses dépens.

L'équipe Aldo Racing a été contrainte d'abandonner au milieu de la quatrième étape de ce rallye qui mérite plus que jamais sa réputation de course la plus exigeante au monde. Malheureuse prémonition, Bensadoun et Beaulé nous avaient justement indiqué redouter particulièrement cette quatrième étape et ses 657 km de spéciale entre San Juan et Chilecito, la plus longue section chronométrée au Dakar depuis 2005.

«  On s'est battus avec acharnement pour se rendre aussi loin, a indiqué David Bensadoun sur la page Facebook de l'équipe Aldo. Mais une combinaison de malchance et un parcours incroyablement difficile ont mis un terme à notre rêve, du moins pour le moment. »

Le pilote montréalais, qui retrouvera un peu plus tôt que prévu son fauteuil de président des divisions ventes au détail et produits et services du Groupe Aldo, a écrit ses lignes dans son bolide, alors qu'il attendait les véhicules d'assistance. « Nous sommes sincèrement déçus de ne pas avoir complété l'épreuve, a-t-il indiqué. Mais cela dit, on garde le sourire et on part la tête haute, car on sait que nous avons fait l'impossible pour rester dans la course. »

Pépins quotidiens

En fait, les problèmes ont commencé dès le premier jour, quand l'équipage a dû changer les différentiels avant et arrière sur le bord du chemin avant même le début de la spéciale chronométrée, ce qui lui a coûté 30 minutes. Malgré tout, le duo a terminé dans le top 60.

« Au Jour 2, nous étions 22e au classement au premier point de contrôle, mais le système de refroidissement a été endommagé en raison de la rupture d'une courroie de ventilateur, a expliqué Bensadoun. Nous avons remplacé la pièce, mais avons passé notre temps à s'arrêter pour permettre au moteur de refroidir. Nous avons même dû remplir le radiateur à quatre reprises.

« Après quoi, nous avons perdu notre direction assistée, a poursuivi le pilote. J'ai dû ainsi conduire pendant 100 km sans assistance, ce qui est à peu près impossible à moins d'être un haltérophile... » 

Le lendemain, le support du différentiel avant s'est brisé après seulement 39 kilomètres, forçant une réparation d'urgence avec une sangle de retenue. Bien que l'équipe ait été contrainte de rouler moins vite, la sangle a fini par fondre avec une centaine de bornes à faire avant le fil d'arrivée. C'est avec des roches (!) placées entre le différentiel et la carrosserie que le Desert Warrior III a finalement fait son entrée au bivouac de fin de journée.

Enfin, mercredi, l'équipe Aldo Racing a réussi à prendre le départ à temps, malgré une réparation de fortune avec du fil de fer pour fixer la boîte de vitesse. « Nous avions dépassé au moins 30 autos avant le 100e kilomètre quand le différentiel arrière s'est brisé, a écrit David Bensadoun. Nous avons décidé de continuer avec le seul différentiel avant, en dépit des difficiles conditions de piste. Nous sommes maintenant coincés dans le limon, le différentiel avant ayant cédé à son tour. »

Le pilote montréalais a soutenu qu'il était difficile de comprendre pourquoi l'équipe a été victime de toutes ces avaries, considérant le travail de préparation qui a été réalisé. Mais il a reconnu qu'il s'agissait d'une course tout simplement brutale et que la préparation devra être encore meilleure à l'avenir.

« En fait, on se sent libérés, a conclu David Bensadoun dans un message envoyé quelques heures plus tard. Notre objectif était d'être compétitifs, et nous l'avons certainement été, même si l'aventure s'est terminée beaucoup trop tôt. Et 90% des équipes n'auraient jamais pu franchir la deuxième étape si elles avaient connu les mêmes problèmes que nous! »

Des 147 autos inscrites au départ du Dakar 2014, seulement 99 ont pris jeudi le départ de la cinquième des 13 étapes de l'épreuve, qui se termine le 18 janvier.