Officiellement, Lewis Hamilton (Mercedes) a battu Daniel Ricciardo (Red Bull), mais c'est l'écurie Red Bull qui donné le GP de Monte Carlo à Mercedes, en égarant les pneus de Ricciardo lors de son dernier arrêt au puits. Et le pilote australien, toujours souriant d'habitude, ne s'est pas gêné pour passer un savon à son écurie après son passage sur le podium, où il arborait une tête d'enterrement.

C'est la deuxième fois en deux courses que Ricciardo pâtit de la stratégie pneus de Red Bull et il n'est pas content. «Comment je me sens ? Je me sens comme si je m'étais fait passer dessus par un 18-roues.»

10 interminables secondes

«Ça fait deux semaines d'affilée que je me fais baiser et c'est poche.»

Parti sur la 2e ligne après des qualifications perturbées par un problème moteur, Hamilton est passé en tête à la faveur d'un second arrêt de Ricciardo complètement raté par l'équipe Red Bull, au 33e tour. 

Ricciardo menait et avait amassé une avance telle qu'il pouvait passer aux puits chausser des pneus ultra-tendres et ressortir devant Hamilton. Mais quand il est arrivé aux puits, les pneus n'étaient pas prêts. Ils avaient été empilés au fond du garage, ce qui a allongé de 10 interminables secondes l'arrêt au paddock. 

Il est ressorti derrière Hamilton et n'a jamais pu dépasser sa Mercedes.

Hamilton a résisté à l'Australien jusqu'au 78e tour d'une course entamée au ralenti, derrière la voiture de sécurité, en pneus pluie sur une piste détrempée par les averses du matin.

Daniel Ricciardo montre son trophée de perdant (2e place) après le GP de Monaco. Parions que ce trophée s'est retrouvé à la poubelle peu de temps après. Photo : AFP

Un seul arrêt pour Hamilton

Hamilton ne s'est arrêté qu'une seule fois pour changer de pneus, au 31e tour --deux tours avant le catastrophique arrêt de Ricciardo-- et échanger ses pneus pluie du départ contre des nouveaux Pirelli ultra-tendres qu'il a fait durer jusqu'au bout, contre toute attente.

Ricciardo a dû s'arrêter deux fois, mais il a surtout perdu la course parce que son deuxième arrêt a été raté: «Ils m'ont appelé pour que je rentre au stand, et quand je suis arrivé ils couraient dans tous les sens comme des poules pas de tête. Ils auraient dû être prêts...», a regretté Ricciardo, dégoûté.

Au GP d'Espagne, la stratégie pneus de Red Bull avait avantagé son coéquipier Max Verstappen (qui a gagné la course), et cette fois, Ricciardo n'avait rien laissé paraître. Mais pas hier :

«J'ai encaissé Barcelone sur le menton (sans rien dire). Mais deux fois d'affilée ?» a dit Ricciardo, ajoutant que pour la deuxième fois il avait été très rapide sans être récompensé par la victoire. «Je déteste être du côté triste de l'histoire.»

S'il pleut beaucoup, Daniel Ricciardo n'aura pas à s'inquiéter que ses mécanos égarent ses pneus ultra-tendres comme à Monaco. C'est toujours ça de gagné. Photo : AFP

«Gardez-les», vos excuses

Quand l'équipe a présenté ses excuses à Ricciardo, sur la radio de la voiture, à la fin de la course, il a répondu : «Gardez les», qu'il n'en voulait pas. «Ça fait mal, c'est certain. Après la course, je leur ai dit qu'ils ne peuvent rien dire pour que je me sente mieux » a-t-il dit plus tard.

Le conseiller de Red Bull Motorsport, Helmut Marko, a admis que la confusion aux puits durant le changement de pneus avait «fait cadeau» de la course à Mercedes. Red Bull a indiqué qu'il y avait eu une «mauvaise communication» entre les ingénieurs, en haut, et le personnel du garage, en bas.

Le week-end de Ricciardo, parti en pole position pour la première fois de sa vie de pilote de F1, a bien été qualifié de «phénoménal» par Hamilton, mais ça ne consolera pas Ricciardo car il a aussi été victime de la clémence des commissaires de course après un passage hors-piste de Hamilton à la chicane.

Hamilton était alors sous la pression de Ricciardo, à la sortie du fameux tunnel. «J'ai raté mon freinage, je me suis retrouvé sur la partie mouillée de la piste, et après j'étais comme sur de la glace, alors j'ai fait comme j'ai pu», a tenté de se justifier Hamilton, pas très convaincant.

Lewis Hamilton (Mercedes) a pris la tête et la gardera jusqu'à la fin, devant Daniel Ricciardo (Red Bull). Photo : AFP

Les commissaires indulgents pour Hamilton

Hamilton «a fait une erreur, a coupé la chicane et m'a poussé dans le rail. Je me suis demandé ce qui se passait et je ne sais même pas s'il y a eu enquête des commissaires», a dit Ricciardo en conférence de presse. Elle a eu lieu, mais «no further action» (aucune pénalité), a décidé la direction de course, en quelques minutes seulement.

Hamilton revient à 24 points de son coéquipier Nico Rosberg (Mercedes), toujours leader du Championnat du monde malgré sa 7e place dans ce 74e GP de Monaco. 

Le podium a été complété par le Mexicain Sergio Pérez (Force India), auteur d'une course parfaite à deux arrêts lui aussi, au «timing» parfait, deux fois de suite. De quoi doubler Carlos Sainz Jr (Toro Rosso), dans les stands, puis finir devant deux champions du monde très motivés, Sebastian Vettel (Ferrari) et Fernando Alonso (McLaren-Honda).

Photo AFP

Perez finit 3e, Räikkönen juste à côté de son bateau

Quant au coéquipier de Vettel, Kimi Räikkönen, il a détruit son aileron après le Casino puis est allé se garer dans la chicane, le plus près possible de son yacht bleu et blanc  baptisé «Iceman», son surnom dans le paddock.

Rosberg a vécu un dimanche pourri en Principauté, à cause d'un mystérieux «manque de rythme», sans autre explication de son équipe, dès le début de ce GP où il restait sur trois victoires d'affilée. Il a même dû s'écarter poliment pour laisser passer Hamilton, puis a fait une course anonyme au coeur du peloton. Il aurait pu sauver deux points de plus s'il ne s'était pas fait passer, sur la ligne d'arrivée, par Nico Hülkenberg, dans l'autre Force India.

Le prochain GP aura lieu le 12 juin à Montréal, sur l'un des circuits préférés d'Hamilton. Le vent est peut-être en train de tourner en faveur de l'ami du chanteur pop Justin Bieber, à qui il a confié son magnum de champagne en descendant du podium monégasque. «Glamour», toujours.

Lewis Hamilton (Mercedes) devant Daniel Ricciardo (Red Bull) durant les derniers tours du GP de Monaco. Photo : Reuters

Les 10 derniers vainqueurs du GP de Monaco

2016: Lewis Hamilton (GBR/Mercedes)

2015: Nico Rosberg (GER/Mercedes)

2014: Nico Rosberg (GER/Mercedes)

2013: Nico Rosberg (GER/Mercedes)

2012: Mark Webber (AUS/Red Bull-Renault)

2011: Sebastian Vettel (GER/Red Bull-Renault)

2010: Mark Webber (AUS/Red Bull-Renault)

2009: Jenson Button (GBR/Brawn GP)

2008: Lewis Hamilton (GBR/McLaren-Mercedes)

2007: Fernando Alonso (ESP/McLaren-Mercedes)

Classement des pilotes avant le GP du Canada, le 12 juin

Classement des pilotes:

1. Nico Rosberg (GER) 106 pts

2. Lewis Hamilton (GBR) 82

3. Daniel Ricciardo (AUS) 66

4. Kimi Räikkönen (FIN) 61

5. Sebastian Vettel (GER) 60

6. Max Verstappen (NED) 38

7. Felipe Massa (BRA) 37

8. Valtteri Bottas (FIN) 29

9. Sergio Pérez (MEX) 23

10. Daniil Kvyat (RUS) 22

11. Romain Grosjean (FRA) 22

12. Fernando Alonso (ESP) 18

13. Carlos Sainz Jr (ESP) 16

14. Nico Hülkenberg (GER) 14

15. Kevin Magnussen (DEN) 6

16. Jenson Button (GBR) 5

17. Stoffel Vandoorne (BEL) 1

Classement des constructeurs avant le GP du Canada, le 12 juin

1. Mercedes-AMG 188 pts

2. Ferrari 121

3. Red Bull 112

4. Williams 66

5. Force India 37

6. Toro Rosso 30

7. McLaren-Honda 24

8. Haas 22

9. Renault 6

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