Frédéric Vasseur est l'un des principaux relais du pdg de Renault, Carlos Ghosn. Après ses succès en Série Euro F3, GP3 et GP2, comme patron des écuries ASM et ART, Vasseur s'est vu confier les rênes de la nouvelle Écurie Renault F1. Rencontré dans els paddocks du Grand Prix D'Espagne, il nous a fait part des objectifs de Renault. En toute décontraction, malgré la pression.

Quel échéancier a fixé Carlos Ghosn à l'écurie de F1 Renault ?

Le chef a dit [rires] : vous devez être capables de vous bagarrer pour des podiums année trois et être capables d'être devant année cinq. Je ne sais pas si c'est réaliste et raisonnable, mais c'est ce que veut le chef, donc c'est forcément bien [rires]. Après, on est dans une activité où il y a pas mal d'impondérables, d'aléas. On est un peu dépendants des autres aussi. C'est toujours dur de faire des prédictions de résultats, mais ce qui est bien, c'est qu'au moins ça nous donne une direction à prendre.

Il y a une certaine pression quand même ?

Oui, clairement, mais je pense que tous les gens du paddock ont la pression.

Je pense qu'on est dans un milieu qui vit sous pression et qui se réalise dans la pression et la pression, c'est forcément bon. C'est aussi pour ça qu'on a eu des hésitations à n'être concentrés que sur 2016 ou que sur 2017. Je pense qu'une équipe de course a aussi besoin de vivre dans l'attente de résultats, de défis. Si tu te dis juste que tu dois sortir quelque chose pour 2017, tu perds le fil et tu perds le côté bagarre de la course.

Vous vous fixez déjà des objectifs pour l'an prochain ?

Pour l'an prochain ? Vous ne savez jamais. La course étant ce qu'elle est, tu ne sais jamais où tu seras et où les autres seront. Avec les changements de réglementation l'an prochain, c'est délicat de savoir quelle pourrait être l'évolution. On sait qu'on est en train d'améliorer le moteur, ça, c'est la bonne nouvelle. On travaille sur les châssis de 2017. On sait que le prochain moteur 2017 sera meilleur. Le gros avantage sur le moteur est que vous savez très tôt ce que vous êtes capables d'essayer parce qu'il y a un long procédé d'homologation.

L'approche de Renault ne consiste-t-elle pas à ne pas confondre vitesse et précipitation ?

L'écueil serait de se concentrer uniquement sur le résultat de demain et de ne pas se concentrer sur la construction d'une équipe. On essaie aujourd'hui de mener les deux de front, on essaie de garder l'équipe sous pression et d'améliorer le résultat de semaine en semaine, mais aussi d'avoir une réflexion à plus long terme.

On est patient chez Renault ?

Je le suis de nature. Non, ce n'est pas vrai [sourire]. Je sais qu'il y a cette impatience du résultat, qui est légitime, de la presse, du constructeur, des pilotes, mais je sais aussi que si on reste concentré sur le court terme, on n'améliorera pas le niveau de base de l'équipe.

C'est un investissement à long terme ?

Oui. On le voit chez Mercedes. Ils ont passé trois ou quatre ans dans le dur avant d'avoir du succès. Red Bull a fait pareil, Ferrari a fait pareil. Ce sont des énormes entreprises, il n'y a rien qui s'achète et il n'y a rien qui se fait en 15 jours.