Lewis Hamilton (Mercedes) a marqué son territoire, vendredi à Silverstone, en signant les meilleurs temps des deux premières séances d'essais libres du Grand Prix de Grande-Bretagne de Formule 1, devant son coéquipier Nico Rosberg le matin, puis Daniel Ricciardo (Red Bull) l'après-midi.

Le triple champion du monde britannique, aussi triple vainqueur à Silverstone (2008, 2014, 2015), a bouclé son meilleur tour de la 1re séance en 1 min 31 sec 654/1000, soit 33 millièmes de moins que Rosberg. Avant de récidiver en 2e séance (1:31.660), sans que son coéquipier ne puisse lui donner la réplique, coincé dans son stand par une fuite d'eau sur sa W07 Hybrid.

«Un moteur du vendredi»

«C'était un moteur du vendredi mais nous ne voulions pas prendre le moindre risque», a expliqué le directeur de l'écurie Mercedes-AMG Toto Wolff, qui a utilisé une expression de la construction domiciliaire.

Hamilton, qui est originaire de Stevenage, à 80 km de Silverstone, a quant à lui fait beaucoup mieux - six dixièmes - que sa pole position de l'an dernier.

Les deux rivaux ont appris jeudi matin quelles sont les nouvelles «règles d'engagement» mises en place au sein de l'écurie, leur permettant de continuer à se battre sur la piste, mais sans risquer de causer du tort à la marque allemande. La pénalité prévue, encore secrète, pourrait aller jusqu'à une suspension pour une course - ce qui serait inédit en F1.

Un avertissement musclé, mais pas de consignes chez Mercedes

Ces nouvelles lignes directrices ont été décidées après leur accrochage au Grand Prix d'Autriche, dimanche dernier. Hamilton a attaqué son coéquipier, alors en tête, au 71e et dernier tour, et Rosberg lui a fermé la porte, abîmant sa monoplace et terminant 4e, au ralenti.

Wolff avait refusé de blâmer un des deux pilotes mais ne s'était pas gêné pour dire qu'il s'agissait d'une collision «pas de cervelle».

Mercedes, en fin de compte, a décidé de pas imposer de consignes de courses, mais la direction de l'Écurie a eu une réunion avec les deux pilotes jeudi, durant laquelle elle les a prévenu qu'aucun autre incident ne sera toléré : «Avec cette liberté vient le devoir pour nos pilotes de respecter l'équipe et ses valeurs. Nous avons donc renforcé nos règles internes, qui comportent désormais plus de disuasion en cas d'accrochage. Mais nous faisons confiance aux pilotes pour gérer au mieux la situation sur la piste. Leur destin est entre leurs mains.» 

Pour ce qui est des essais de vendredi à Silverstone, Ricciardo a profité des ennuis mécaniques de de Rosberg pour se hisser au second rang, grâce à un moteur Renault en net progrès sur un circuit où la puissance des «Power Units» est cruciale. L'Australien a terminé la journée devant son coéquipier Max Verstappen et les deux Ferrari (Vettel et Räikkönen).

Toto Wolff a prévenu ses deux pilotes qu'il ne veut plus de collisions «sans cervelle». La pénalité pourrait aller jusq'à une suspension pour une course, du jamais vu en F1. Photo: AFP

Räikkönen : rumeurs éteintes par Ferrari

«C'était une bonne journée», a résumé Ricciardo. «Sur les simulations de course, j'ai l'impression qu'on est en train d'y arriver et qu'on ne se débrouille pas si mal. Je pense que dimanche on va bien se bagarrer pour monter sur le podium, contre Ferrari.»

Vettel a brièvement testé le matin, en début de 1re séance, une nouvelle version du «halo» destiné à protéger la tête des pilotes à partir de 2017. Une version allégée et plus facilement amovible, qui ressemble toujours à un trépied en carbone, du premier halo essayé par Räikkönen à Barcelone en mai.

Le Finlandais a lui été définitivement rassuré vendredi matin par un communiqué de la Scuderia annonçant sa prolongation de contrat jusqu'à fin 2017. Son podium en Autriche, acquis de haute lutte, a définitivement rassuré le PDG de Ferrari, Sergio Marchionne.

«En général, nous annonçons nos pilotes à Monza début septembre. Mais les traditions évoluent et nous voulions enlever un peu de pression sur les épaules de Kimi, qui a mérité cette prolongation de contrat», a dit Maurizio Arrivabene, directeur de la Scuderia Ferrari et patron de Raïkkönen.

Le pilote Ferrari Sebastian Vettel avait déjà effectué des tests avec un prototype de halo sur le circuit de Catalunya, le 4 mars. Il a fait des essais avec une version légèrement modifiée vendredi à Silverstone. Photo: Reuters

Quelques tours de piste pour les jeunes loups

Deux pilotes de réserve, le Monégasque Charles Leclerc (Haas) -qui court cette saison en GP3- et le Français Esteban Ocon (Renault) -pilote Mercedes en DTM allemand- ont pu continuer leur apprentissage, le matin.

Ils ont roulé dans les monoplaces habituellement confiées à Esteban Gutiérrez et Kevin Magnussen.

C'était la première fois que Leclerc, 18 ans comme son ancien rival en karting Verstappen Jr. et membre de la filière de pilotes Ferrari, faisait une sortie officielle en F1. Il a terminé la 1re séance avec la plus grande vitesse de pointe (325,8 km/h), sur l'un des circuits les plus impressionnants de la saison, devant Romain Grosjean, dans l'autre monoplace «made in USA». Prometteur.

Charles Leclerc, qui vit à Monaco, est un espoir de F1. Photo: AFP