La Formule 1 ne peut pas continuer à être gérée «comme une dictature», a affirmé dimanche à Singapour son futur patron, l'Américain Chase Carey (Liberty Media), en visant sans le nommer son dirigeant historique Bernie Ecclestone.

Diriger la F1 «ne peut sûrement pas être la mission d'un comité, car un comité a tendance à devenir bureaucratique, mais il ne peut pas non plus y avoir une dictature, même s'ils sont probablement habitués», a déclaré Carey, en faisant référence aux dirigeants des écuries, sur le site internet officiel de la F1.

Bernie Ecclestone arrive au circuit de Marina Bay, avant la course de dimanche soir. Photo: Reuters

Trop vieux pour apprendre à faire de nouvelles grimaces

Cette petite phrase est sortie dans la presse peu après qu'Ecclestone, patron unique et historique de la F1, a évoqué, dans une interview exclusive à Sky Sports, la possibilité qu'il se retire bientôt de la catégorie reine du sport automobile.

Carey va prendre la direction de la F1 à la suite de la vente --compliquée-- des parts détenues par le fonds CVC et d'autres actionnaires au groupe de communication Liberty Media, propriété de John Malone, un milliardaire américain âgé de 75 ans.

Ecclestone aurait obtenu l'assurance de la part des futurs propriétaires qu'il pourrait continuer à diriger la F1 pendant trois ans, au moins pour la partie commerciale, aux côtés de Carey.

«On ne peut pas rendre tout le monde heureux tout le temps. Il faut comprendre ce que chacun veut et ensuite trouver un chemin à suivre», a encore estimé Carey, ancien vice-président de la 21st Century Fox.

Ces propos de Carey, et ceux d'Ecclestone qui a passé une partie du week-end avec lui à Singapour, montrent que la transition est en marche en F1, alors que «Bernie» règne depuis près de quarante ans sur la F1, depuis le début des années 80.

Nico Rosberg (Mercedes) vainqueur du GP de Singapour dimanche soir, a repris la tête du classement des pilotes. Photo: AP

«Un peu trop vieux pour être l'apprenti» d'Ecclestone

À 62 ans, Carey, diplômé d'Harvard avec trente ans d'expérience dans les médias et le divertissement, s'est en outre jugé «un peu trop vieux pour être l'apprenti» d'Ecclestone.

La remarque a été faite sur le ton de la plaisanterie et Carey a tout de suite enchaîné en soulignant que «Bernie a eu un succès énorme».

«Le monde admire Bernie pour le business qu'il a construit», a ajouté Carey.

Néanmoins, le nouveau patron s'est dit convaincu que Liberty Media pouvait «emmener la F1 à un niveau supérieur». «La F1 est une marque "premium" et cela veut dire qu'il faut la montrer dans des lieux comme Los Angeles, New York et Miami. Idéalement, dans les grandes villes du monde», a estimé Carey.

Quelques GP de F1 organisés aux Etats-Unis, notamment à Las Vegas et Long Beach, ont toutefois coûté très cher à leurs promoteurs.

Pendant son règne sans partage, Ecclestone a lui beaucoup développé la F1 en Asie, explorant des territoires nouveaux comme le Moyen-Orient (Abou Dhabi, Bahreïn), l'Inde et la Corée du Sud, jusqu'à l'Azerbaïdjan cette année.

Le GP de Singapour, qui a lieu le soir pour maximiser l'audience dans les fuseaux horaires de grande écoute, a sa personnalité propre. Photo: AFP