La saison a été mouvementée pour le jeune Max Verstappen.Le Néerlandais est passé à l'écurie Red Bull, est devenu le plus jeune pilote à remporter une course en F1 et a eu des échanges tendus avec des grands noms du sport automobile, y compris l'ancien champion du monde Jacques Villeneuve. Ses tactiques agressives ont même obligé la FIA à clarifier ses règles.

«Mad Max» a du front. Il ne se laisse pas intimider, et plusieurs voient en lui une dose d'agrément fort bienvenue en F1, en plus d'un futur champion. La célébrité est à sa portée, et il tend le bras.

«Pourquoi attendre?, demande le jeune homme de 19 ans. J'ai une super voiture et une super équipe, et je veux aller chercher tous les honneurs aussi vite que possible.»

La semaine dernière, il a fait la manchette comme seul peut le faire un adolescent dans un monde d'adultes.

Max Verstappen, hier à Mexico, lors d'une apparition publicitaire en marge du GP du Mexique. Photo: Reuters

La «règle Verstappen»

Les bolides avaient à peine quitté le Japon, deux semaines plus tôt, quand Mercedes a songé à déposer une plainte pour sa conduite défensive vis-à-vis Lewis Hamilton, avant de se raviser.

Verstappen a fini deuxième et Hamilton troisième, ce qui a nui à la quête de ce dernier de rattraper au classement Nico Rosberg, son coéquipier.

Une fois à Austin, plusieurs ont déploré le comportement de leur collègue précoce. Comme ça s'accumulait depuis le début de la saison, les officiels de la F1 ont précisé un règlement: bloquer quand on applique les freins est interdit et sujet à sanction. Les médias ont vite appelé la clarification «la règle Verstappen».

Le principal intéressé a haussé les épaules : «Peut-être que là ils vont réussir à me dépasser», a t-il lancé.

Max Verstappen boit le champagne sur podium après sa 2e place au GP du Japon le 9 octobre. Il avait bloqué rudement Lewis Hamilton pour empêcher ce dernier de le dépasser à la fin de la course. Photo: AP

Ça brasse au garage

Le paddock Red Bull a aussi connu des remous.

Averti tôt en course de ménager ses pneus, Verstappen a vivement répliqué qu'il n'était pas là pour finir quatrième.

Quelques tours plus tard, il a fait erreur en se rendant aux puits sans une telle commande de l'équipe. Quelques tours plus tard, sa course a pris fin à cause d'un problème avec sa boîte de vitesses.

«Nous avons 80 ingénieurs et stratégistes, mais ça ne sert à rien si un pilote décide par lui-même d'aller aux puits», s'est lamenté Helmut Marko, un consultant pour Red Bull.

Verstappen est le fils du pilote Jos Verstappen, qui a pris part à 106 courses en Formule Un. Son talent est vite apparu sur les radars. Toto Wolff, qui est en charge avec Mercedes, a voulu lui offrir un contrat à 14 ans, avant que Red Bull l'embauche.

Wolff a déjà utilisé les mots «rafraîchissant» et «dangereux» pour décrire Verstappen, allant même jusqu'à le comparer à Ayrton Senna.

«Il laisse de côté la peur et le respect, a dit Wolff, plus tôt cette saison. Il joue du coude.»

Max Verstappen conduit avec beaucoup de fougue et fait controverse. Photo: Reuters

Prise de bec publique avec Jacques Villeneuve

L'ancien champion Jacques Villeneuve --aujourd'hui commentateur des GP sur la chaîne française Canal+-- n'a jamais eu la langue dans sa poche et a lui aussi été critiqué pour son pilotage agressif à ses débuts en F1.

Après un GP de Belgique mouvementé, Villeneuve a déclaré que Verstappen allait finir par «tuer» quelqu'un en piste s'il ne se calmait pas. Le jeune a répondu comme un adolescent : « Il devrait faire attention à ce qu'il dit, car c'est à lui que la remarque s'applique. Lui a réellement tué quelqu'un durant un Grand Prix", a lancé Verstappen sur les ondes d'une chaîne des Pays-Bas.

Verstappen faisait allusion au Grand Prix d'Australie 2001. Un commissaire de piste avait été tué par un pneu projeté entre deux barrières de sécurité, après un accrochage entre Villeneuve (BAR) et Ralf Schumacher (Willams).

«J'ai tenu des remarques sensées sur ce qui s'est passé sur la piste à Spa, et cela a maintenant atteint des proportions ridicules, et c'est également manquer de respect à la famille», a répondu Villeneuve au sujet des propos de Verstappen. Photo: Bernard Brault, La Presse.

Très critiqué pour cette déclaration --notamment par Villeneuve, qui l'a qualifiée de «ridicule»-- le jeune homme avait fini par «clarifier» ses propos : «Pour être clair, j'ai dit que c'était un manque de respect envers les familles de parler des morts, et je faisais référence à cet accident survenu en 2001. Mais ils n'ont pas mentionné mon commentaire sur le manque de respect envers la famille, que c'était irrespectueux de sa part d'évoquer la mort sur un circuit de course.»

Villeneuve n'est pas le seul à penser que Verstappen fait courir des risques --à lui même et aux autres pilotes-- dont il ne saisit pas la gravité. Ça n'enchante pas certaines équipes, Ferrari, notamment, qui compte sur d'anciens champions du monde en Sebastian Vettel et Kimi Raïkkönen.

Ce dernier a déjà averti Verstappen que sa façon de conduire pourrait causer «un énorme accident».

Hier, Verstappen a commémoré le Día de muertos (le jour des morts, une fête populaire célébrée au Mexique le 2 novembre) en arrivant à la piste avec un maquillage macabre. Photo: AP

Coriace, tenace, une menace

Verstappen a néanmoins fini deuxième en Malaisie et au Japon.

Et en Espagne, où les Mercedes se sont heurtées au premier tour, il a saisi les commandes puis a résisté à Raïkkönen pour signer une première victoire en carrière, devenant le plus jeune pilote à remporter un Grand Prix de Formule 1. À sa première course avec Red Bull, rien de moins.

Verstappen conduit avec du chien, et une victoire dimanche, au Mexique, surviendrait le jour de son 20e anniversaire.

Les critiques à son endroit n'ont pas érodé sa confiance ou son assurance en piste.

«Ça ne me dérange pas, a dit Verstappen. Je suis un grand garçon.»

Mad Max célèbre sa 2e place à Suzuka. Photo: AP