Le suspense reste entier après le rendez-vous brésilien: Lewis Hamilton et Nico Rosberg, qui a manqué une occasion d'être sacré dimanche, se disputeront le titre mondial lors du dernier rendez-vous de la saison, le 27 novembre à Abou Dhabi.

Tout est vraiment possible, le meilleur comme le pire pour Rosberg. Hamilton a égalisé dimanche, au terme d'un Grand Prix du Brésil très arrosé et complètement dingue.

Les deux hommes ont neuf victoires chacun, mais le Britannique a récolté son troisième damier consécutif auy Brésil, après les GP des États-Unis et du Mexique.

Il a fait fondre de 33 à 12 points son retard sur Rosberg.

Voici donc trois facteurs à méditer durant les deux semaines qui nous séparent de la dernière course de la saison, au terme de laquelle le vainqueur sera connu.

Hamilton célèbre sa victoire, Rosberg applaudit. Photo: AP

Facteur 1: Rosberg tel père tel fils.

«Le titre mondial, j'y pense tous les jours. Je suis là pour ça», a pourtant lâché l'Allemand après son 15e podium en 20 GP de 2016. Adieu le cliché du «course après course» copié sur le «match par match» de ses amis footballeurs.

Nullement résigné et toujours leader, Rosberg sait qu'il doit battre un monstre qui pulvérise tous les records et n'a plus que Michael Schumacher devant lui dans deux classements très significatifs: ceux des victoires (52) et des pole positions (60).

Pour tenir jusqu'au bout de cette saison folle, Rosberg compte les points, serre les dents, comme dimanche où il a failli perdre le contrôle de sa Flèche d'Argent au même endroit que Romain Grosjean, Felipe Nasr, Kimi Räikkönen et Felipe Massa.

Son père Keke, le Finlandais moustachu, a fait la même chose pour être sacré en 1982, au volant d'une Williams, en remportant... un seul Grand Prix. Nico a déjà fait beaucoup mieux, avec la manière. Il ne lui manque plus qu'une seule case à cocher, le 27 novembre dans le désert près d'Abou Dhabi. Il est prêt, mais ce sera chaud.

Le GP de Brésil s'est déroulé sous la pluie et Rosberg a failli perdre le contrôle de sa voiture et l'écraser dans le rail de sécurité. Photo: AFP

Facteur 2: Hamilton est un ogre souriant

Rosberg le sait: il lui suffira de monter sur le podium à Abou Dhabi, même si Hamilton gagne encore, pour remporter le titre. Il sait aussi que son ex-ami d'enfance (et coéquipier en karting) ne lui fera aucun cadeau.

Il sait mieux que quiconque que Hamilton est un ogre souriant dont la faim de victoires et de titres n'est pas encore rassasiée par les honneurs à répétition, contrairement à ce que certains auraient pu croire cette année, lors de certains week-ends de F1 où il semblait un peu ailleurs.

«Je suis en chasse et tout ce que je peux faire c'est ce que je viens de réaliser. Je vais faire le maximum à Abou Dhabi, mais là, pour l'instant, je veux profiter de ce moment», a dit Hamilton sur le podium. Puis il a repris ses esprits et tenté de remettre un coup sur la tête de son coéquipier: «C'était une course plutôt facile», a ajouté le triple champion du monde après trois heures de suspense et de rebondissements, sauf en tête de la course.

Une façon d'affirmer que Rosberg, 2e à 10 secondes, ne l'avait jamais vraiment menacé. Comme à Austin et Mexico où, sûr de sa force, il n'a jamais douté de sa victoire. Seulement de sa voiture, car un incident mécanique est toujours possible. En Malaisie, Hamilton avait course gagnée quand son moteur a pris feu. Alors que Rosberg n'a encore rencontré aucun problème mécanique grave cette saison.

Rosberg sait que Hamilton fera tout pour le battre lors du dernier GP le 27 novembre. En attendant, on trinque. Photo: AFP

Facteur 3: Red Bull plus rapides, Mad Max déchaîné

Véritable sauveur d'une F1 en perte d'audience, Verstappen, déchaîné, a fait un récital à Interlagos au volant de sa Red Bull.

«Il a redéfini les lois de la physique», a dit Toto Wolff, le patron de l'écurie Mercedes-AMG, admiratif. «C'était du niveau d'Ayrton Senna en 1984 à Monaco», a apprécié son Team Principal Christian Horner évoquant sa remontée fantastique du 14e rang au 55e tour, après avoir changé de pneus, jusqu'à la 3e place au 71e et dernier tour.

Sur les terres natales du regretté Senna, «Max la menace», 19 ans, a fait une nouvelle démonstration de son talent hors-normes, puis il a rigolé avec Hamilton et Rosberg, à la pesée, avant de monter sur son 7e podium de F1. «C'était presque aussi bon que quand j'ai gagné en Espagne, en mai», a-t-il ajouté un peu plus tard. Vu de l'extérieur, c'était encore plus phénoménal, car les conditions étaient dantesques, la météo pourrie et l'adhérence précaire.

Max Verstappen (Red Bull) devant Kimi Raikkonen (Ferrari), sous la pluie. Photo: Reuters

GP du Brésil: le GP en bref

Grand Prix du Brésil, 20e et avant-dernière manche de la saison 2016 en Championnat du monde de Formule 1, remporté dimanche sur le circuit d'Interlagos, à Sao Paulo, par Lewis Hamilton (Mercedes).

Distance: 71 tours de 4,309 km soit 305,909 km

Temps: pluvieux de bout en bout, le dimanche pour la course

Meilleur temps absolu des qualifications: Lewis Hamilton (GBR/Mercedes) 1:10.736 en Q3 (moyenne: 219,3 km/h)

Pole position: idem

Grille de départ:

1re ligne: Lewis Hamilton (GBR/Mercedes) - Nico Rosberg (GER/Mercedes)

2e ligne: Kimi Räikkönen (FIN/Ferrari) - Max Verstappen (NED/Red Bull)

Podium:

1. Lewis Hamilton GBR/Mercedes), les 71 tours (305,909 km) en 3 h 01:01.335 (moyenne: 101,394 km/h)

2. Nico Rosberg (GER/Mercedes) à 11.455

3. Max Verstappen (NED/Red Bull) à 21.481

Meilleur tour en course: Max Verstappen (NED/Red Bull) 1:25.305 au 67e tour (moyenne: 181,846 km/h)

Leaders: Hamilton du 1er tour à l'arrivée

Championnats du monde, pilotes :

1. Rosberg (GER) 367 pts; 2. Hamilton (GBR) 355 pts; 3. Ricciardo (AUS) 246; 4. Vettel (GER) 197; 5. Raikkonen (FIN) 192; etc.

Championnats du monde, constructeurs : 

1. Mercedes-AMG 722 pts (champion); 2. Red Bull 446; 3. Ferrari 375; 4. Force India 163; 5. Williams 136; etc.

La course: 9e victoire de la saison et 52e de sa carrière en F1 pour Hamilton, qui dépasse le quadruple champion du monde Alain Prost et prolonge le suspense pour le titre mondial jusqu'au GP d'Abou Dhabi, le 27 novembre, en revenant ainsi à 12 points de Rosberg, 2e. Parti en pole position, le Britannique a profité au maximum de la pluie incessante qui a obligé tous les pilotes à passer une grande partie de la course au ralenti, derrière la voiture de sécurité, et des sorties de piste qui ont provoqué deux interruptions totales (30 minutes et 20 minutes) de ce GP par un drapeau rouge. Rosberg, parti à côté de lui sur la 1re ligne, a préservé de justesse sa 2e place, car il a failli partir à la faute, dans le rail de sécurité, comme beaucoup d'autres pilotes, et a aussi résisté jusqu'au bout à la remontée spectaculaire de Verstappen, de la 14e à la 3e place en l'espace de 12 tours, les derniers d'une course mémorable en tous points. Les Flèches d'Argent signent un nouveau record avec une 18e victoire pour cette saison 2016, la plus longue depuis la création du Championnat du monde de F1 en 1950. Le podium est donc complété par Verstappen, 19 ans, auteur d'une nouvelle démonstration de pilotage qui lui a encore valu le titre de «pilote du jour», décerné par les internautes. Dans le championnat constructeurs, Red Bull est désormais assuré de sa 2e place, derrière Mercedes et devant Ferrari, alors que Force India, grâce à un joli tir groupé, a pris une option très sérieuse sur la 4e place, devant Wiliams.

Prochain GP: Abou Dhabi, le 27  novembre sur le circuit de Yas Marina.

Résultats du GP du Brésil et classements F1

Résultats de la course de dimanche:

1. Lewis Hamilton, GBR, Mercedes, 71 tours, 3:01:01.335, 25 points.

2. Nico Rosberg, ALL, Mercedes, 71, +11.455 secondes derrière, 18.

3. Max Verstappen, HOL, Red Bull Racing Tag Heuer, 71, +21.481, 15.

4. Sergio Perez, MEX, Force India Mercedes, 71, +25.346, 12.

5. Sebastian Vettel, ALL, Ferrari, 71, +26.334, 10.

6. Carlos Sainz, ESP, Toro Rosso Ferrari, 71, +29.160, 8.

7. Nico Hulkenberg, ALL, Force India Mercedes, 71, +29.827, 6.

8. Daniel Ricciardo, AUS, Red Bull Racing Tag Heuer, 71, +30.486, 4.

9. Felipe Nasr, BRÉ, Sauber Ferrari, 71, +42.620, 2.

10. Fernando Alonso, ESP, McLaren Honda, 71, +44.432, 1.

11. Valtteri Bottas, FIN, Williams Mercedes, 71, +45.292, 0.

12. Esteban Ocon, FRA, MRT Mercedes, 71, +45.809, 0.

13. Daniil Kvyat, RUS, Toro Rosso Ferrari, 71, +51.192, 0.

14. Kevin Magnussen, DAN, Renault, 71, +51.555, 0.

15. Pascal Wehrlein, ALL, MRT Mercedes, 71, +60.498, 0.

16. Jenson Button, GBR, McLaren Honda, 71, +81.994, 0.

Abandons : 

Esteban Gutierrez, MEX, Haas Ferrari, 60, did not finish, 0.

Felipe Massa, BRÉ, Williams Mercedes, 46, did not finish, 0.

Jolyon Palmer, GBR, Renault, 20, did not finish, 0.

Kimi Raikkonen, FIN, Ferrari, 19, did not finish, 0.

Marcus Ericsson, SUÉ, Sauber Ferrari, 11, did not finish, 0.

Romain Grosjean, FRA, Haas Ferrari, 0, did not start, 0.

Classement des pilotes 

1. Nico Rosberg, 367 points

2. Lewis Hamilton, 355

3. Daniel Ricciardo, 246

4. Sebastian Vettel, 197

5. Max Verstappen, 192

6. Kimi Raikkonen, 178

7. Sergio Perez, 97

8. Valtteri Bottas, 85

9. Nico Hulkenberg, 66

10. Fernando Alonso, 53

11. Felipe Massa, 51

12. Carlos Sainz, 46

13. Romain Grosjean, 29

14. Daniil Kvyat, 25

15. Jenson Button, 21

16. Kevin Magnussen, 7

17. Felipe Nasr, Brazil, 2

18. Jolyon Palmer, 1

19. Pascal Wehrlein, 1

20. Stoffel Vandoorne, 1

Classement des constructeurs 

1. Mercedes, 722

2. Red Bull Racing Tag Heuer, 446

3. Ferrari, 375

4. Force India Mercedes, 163

5. Williams Mercedes, 136

6. McLaren Honda, 75

7. Toro Rosso Ferrari, 63

8. Haas Ferrari, 29

9. Renault, 8

10. Sauber Ferrari, 2

11. MRT Mercedes, 1