Après bien des tergiversations et surtout des doutes, le Grand Prix du Canada sera bel et bien au calendrier 2017 du Championnat du monde de Formule 1, a annoncé hier Denis Coderre. Le maire de Montréal n'a cependant pas voulu donner d'éclaircissement sur la manière dont l'avenir de l'épreuve est assuré. Des questions fondamentales restent en suspens. En voici quelques unes.

L'entente de principe annoncée hier par le maire de Montréal garantit-elle la tenue de la course en 2017 ?

Le dévoilement de cette entente et l'annonce, quelques minutes plus tard, de l'ouverture de la billetterie de la course demain « démontrent à quel point c'est sérieux », a estimé hier Denis Coderre à la sortie d'une séance du conseil municipal.

« Il va y avoir une entente formelle », a-t-il ajouté. Quand ? Il faudra évidemment que toutes les parties prenantes « voient le document » sachant que Québec, Ottawa, Tourisme Montréal et Groupe de course Octane, le promoteur, sont concernés.

Tout comme Formula One Management (FOM), l'organisateur du championnat dirigé par Bernie Ecclestone. Il faudra également que le conseil municipal de Montréal vote l'adoption de cette entente.

Alors, ça vient ces garages ? On ne sait pas de quoi François Dumontier et Bernie Ecclestone à ce moment du GP du Canada 2015, mais le sujet des garages a sûrement été évoqué durant la fin de semaine. Photo: Bernard Brault, La Presse

Pourquoi les travaux des garages ont-ils accusé deux ans de retard, menaçant ainsi l'avenir du Grand Prix ?

La construction de nouveaux garages au circuit Gilles-Villeneuve pour l'édition 2017 était au centre de l'entente de 2014.

C'était une des conditions pour que le Grand Prix du Canada ait lieu jusqu'en 2024.

Tout retard ou non-respect de cet engagement donnait le droit à Bernie Ecclestone, l'organisateur du Championnat du monde de F1, d'annuler cette entente.

La Ville de Montréal, qui chapeaute ces travaux, s'est finalement engagée à livrer ces nouvelles installations en 2019.

Exigus, les garages. Photo: Bernard Brault, La Presse

Mais comment expliquer ces deux ans de retard ?

Hier, Denis Coderre a d'abord évoqué « un imbroglio entre les promoteurs par rapport à ce qui était nécessaire ». Avant de se lancer dans une explication plus ou moins claire :

« Il y a eu un problème par rapport à ce que l'un voulait et l'autre souhaitait. À un moment donné, on passe un plan, ça coûte tant et voici ce qu'il y a. Au bout de la ligne, ce n'est pas ça que l'on voulait, ça prenait autre chose. À un moment donné, il faut qu'on s'entende parce qu'il y a de l'argent des payeurs de taxes là-dedans. [...] On ne s'entendait pas sur ce qu'on devait avoir par rapport à ce qui devait être. Au bout de la ligne, au lieu de se déchirer la chemise en public, on a dit : on va travailler et s'assurer de trouver une entente. »

Denis Coderre, maire de Montréal. Photo: Le Soleil

Combien vont coûter ces fameux travaux de rénovation des garages, de la tour de contrôle et de l'antenne médicale ?

Le maire de Montréal n'a pas voulu donner hier le montant de la facture de ces travaux. Initialement de 32,6 millions, la facture aurait grimpé depuis 2014 jusqu'à environ 50 millions.

Combien vont coûter ce retard de deux ans et ce non-respect de l'accord de 2014 ?

Le 1er octobre dernier, La Presse+ a révélé que la Ville de Montréal a proposé de payer 4 millions à la F1 afin de compenser ce retard, soit 2 millions par année pendant deux ans, qui correspondent aux montage et démontage des paddocks actuels. Montréal et la F1 se seraient entendus en principe sur cette solution. La Ville n'a jamais démenti ce montant... jusqu'à hier. « Il n'y a pas de dédommagement », a soutenu le maire Denis Coderre. « Quand l'entente va être formelle, tout va être public, il n'y aura pas de cachettes. »

Le Grand Prix va-t-il être prolongé jusqu'en 2029 ?

En contrepartie de ce montant compensatoire de 4 millions, la Ville négociait en septembre avec la F1 une prolongation de cinq ans, de 2024 à 2029, du Grand Prix du Canada, a également révélé La Presse+ le mois dernier. Interrogé hier quant à savoir si l'entente à long terme irait au-delà de 2024, le maire de Montréal a plus ou moins esquivé la question : « On verra en temps et lieu, vous allez voir ça. Pour l'instant, on a une entente jusqu'en 2024. »

Le promoteur de la course, François Dumontier, est-il sur un siège éjectable ?

C'est une question récurrente depuis que l'on sait que Bernie Ecclestone a cherché d'autres partenaires locaux pour promouvoir le Grand Prix à Montréal. Le maire lui-même a-t-il encore aujourd'hui confiance en François Dumontier ?

« Ce n'est pas une question : avez-vous confiance ou pas [en François Dumontier] ? C'est une question que je suis là pour protéger les intérêts des Montréalais. Je veux que ce Grand Prix soit à son maximum. On sait qu'il y a des retombées. On peut faire plus, on peut faire mieux », a martelé hier M. Coderre.

Mais le promoteur fait-il partie de l'entente de principe ? « En 2017, il est là », a dit le maire.

Mais après ?

François Dumontier n'a pas souhaité s'exprimer après l'annonce de cette entente de principe faite par le maire.

François Dumontier et son ami Bernie Ecclestone partagent un agréable moment au Circuit Gilles-Villeneuve en 2015. Photo: Bernard Brault, La Presse