Il déborde d'énergie. Même à l'issue de ce rallye exigeant pour les hommes et les machines qu'est le Perce-Neige à Maniwaki. Son enthousiasme est contagieux.

Et se répercute dans la foule courageuse qui, dans le froid et la neige, attend à l'arrivée ses héros du jour à 21 h passées en ce samedi 4 février.

Travis Pastrana a fait le déplacement jusque dans la région de la Haute-Gatineau pour participer au premier rallye de la saison canadienne.

La présence de l'icône du motocross et des X Games dans ce coin reculé de la province, mais emblématique du rallye nord-américain, ne doit rien au hasard. Maniwaki est la Mecque du rallye hivernal. Au point où le nouveau championnat américain a sollicité ses organisateurs pour y inaugurer sa saison. Car en rallye, les pilotes des différents championnats peuvent rivaliser entre eux sur le même parcours.

Cette présence a du bon, évidemment, pour le spectacle. Et pour le monde du rallye. Qui plus est lorsque les champions en titre canadien et américain, Antoine L'Estage et David Higgins, sont aussi là pour en découdre. Sans compter les têtes d'affiche nationales que sont Maxime Labrie, Boris Djordjevic, Leonid Urlichich ou encore Sylvain Érickson.

Un tel plateau représente une formidable vitrine pour un sport automobile en manque de visibilité et de popularité.

« Il y a peut-être 10 % de la population au Canada qui connaît le rallye et une infime partie qui le suit », reconnaît d'ailleurs Maxime Méconse-Larocque, nouveau vice-président de l'Association canadienne de rallye.

Antoine Lestage, champion canadien de rallye. Photo: Miguel Legault

Le village gaulois du rallye

Le Québec entretient une relation un peu plus étroite avec le rallye, pour des raisons culturelles. « Le rallye est encore un sport marginal au Québec même si, en Amérique du Nord, le Québec est un peu le village gaulois du rallye. C'est un sport européen. Les Québécois se rapprochent beaucoup plus de cette culture européenne que les Ontariens et les Américains », juge Patrick Rainville, directeur général du rallye Perce-Neige de Maniwaki.

Mais le rallye reste l'apanage d'un petit groupe.

« C'est sûr, des fois, ce n'est pas facile de sortir les gens de chez eux. Il faut amener notre sport chez les gens », considère Antoine L'Estage, nonuple champion canadien de rallye.

Depuis quelques années, les championnats canadien et québécois multiplient les initiatives médiatiques - sur la Toile essentiellement - pour mieux faire connaître ce sport et pour attirer spectateurs et investisseurs. « Il y a encore une partie de la population qui ne comprend pas notre sport », concède Antoine L'Estage.

Facile à organiser, difficile à suivre

Au-delà de la communication et de la vulgarisation qui s'imposent, il faut aussi fidéliser le spectateur. « Le rallye, c'est l'événement en sport auto le plus facile à organiser, car on n'a pas besoin d'avoir des infrastructures existantes, soutient Maxime Méconse-Larocque. On peut faire le tracé avec les routes existantes. Mais c'est plus dur à suivre pour les spectateurs. Ce n'est pas un sport d'estrades. Un peu partout, on essaie de rendre ça plus facile d'accès avec les années, avec des spéciales plus proches des villes et moins éloignées dans le bois. »

Et le rallye commence à bénéficier d'alliés naturels. Avec une manche du championnat du monde disputée à Trois-Rivières, « le rallycross aide à faire connaître le type de voiture », rappelle Patrick Rainville.

« Et avec les sports extrêmes de ces dernières années, avec la présence de Travis Pastrana, la popularité du rallye grandit et profite de ce genre d'individus », ajoute-t-il.

En somme, il semblerait que le rallye sorte du bois. « On peut dire ça comme ça, sourit le grand manitou de Perce-Neige. J'espère que ça va donner quelque chose et que l'on va pouvoir intéresser des talents canadiens à se joindre à nous et augmenter le bassin de compétiteurs. Le nombre attire le nombre. »

Le rallye pour les nuls

RALLYE : Course de vitesse sur des routes fermées au public, aux divers types de revêtement (asphalte, terre, neige).

SPÉCIALE : Épreuve chronométrée allant d'un point à un autre. L'addition des temps des spéciales détermine le vainqueur.

LIAISON : Étape qui fait la liaison entre deux épreuves chronométrées. Ne compte pas pour le classement final.

VOITURE D'USINE : Voiture spécifiquement conçue et assemblée pour le rallye par un constructeur ou un équipementier. Son pilote est professionnel.

VOITURE DE PRODUCTION : Voiture de série ordinaire modifiée selon ce que permet le règlement. Son pilote est amateur ou « privé ».