Les changements apportés aux F1 cette saison vont les rendre plus rapides. Mais comme on l'a vu durant les essais pré-saison tenus au début du mois de mars à Barcelone, elles seront plus exigeantes à conduire. Y aura-t-il pour autant plus de suspense en course ?

Six grands changements

1-Les pneus ont été élargis d'environ 25%. Le pneu arrière fait 405 mm de large ! L'adhérence mécanique s'en trouve améliorée. La voiture est plus large, passant de 1800 à 2000 mm.

2-Les pneus élargis, l'aileron avant a dû l'être lui aussi. Sa forme a été modifiée, son extrémité avant n'est plus longiligne mais en forme de pointe. Ce changement est purement esthétique.

3-Les ailettes latérales contrôlent les turbulences issues de l'aileron et des roues avant. En étant beaucoup plus longues, elles génèrent plus d'appuis aérodynamiques et diffusent plus facilement le flux d'air autour de la voiture.

4-La voiture élargie, les pontons arrondis l'ont été aussi. Le plancher est plus large de 20 cm. Imposant, cet ensemble suppose une moins bonne pénétration dans l'air mais confère plus d'appuis.

5-Situé à l'extrémité arrière du plancher, le diffuseur est plus large et plus haut que l'an dernier. Il contribue ainsi aux gains en appuis aérodynamiques.

6-Plus large de 15 cm, l'aileron arrière a été abaissé et incliné vers l'arrière, améliorant  l'effet de sol et donc l'adhérence. La voiture est plus longue d'au moins 300 mm.

La R.S.17 de Renault lors de son dévoilement le 21 février à Londres. Photo: AFP

DES VOITURES PLUS RAPIDES...

L'effet premier de ces nouvelles configurations est que les voitures seront beaucoup plus rapides. Sur un tour, on estime que le gain sera de quatre secondes en moyenne, ce qui est énorme. Mais l'effet pervers, s'il en est un, est que certains virages ne seront plus négociés de la même façon. Les simulations de cet hiver ont affiché de plus grandes vitesses dans des virages, parfois 40 km/h de plus. « Nous ne classerons plus des virages comme des virages. [...] Si dans un virage un pilote a le pied au plancher, nous classons ça comme une ligne droite », expliquait cet hiver sur le site de McLaren le directeur technique Tim Goss. Et ça va être le cas !

Lewis Hamilton étrenne la nouvelle Mercedes à Silverstone le 23 février. Photo: AFP

... MAIS PLUS DURES À CONDUIRE

Conséquence de ce gain de vitesse, les nouvelles F1 vont être apparemment plus difficiles à conduire que les précédentes. « Elles sont plus exigeantes physiquement, expliquait encore Tim Goss. Les pilotes vont en sortir en ayant eu plus de travail à faire. Pour en tirer le maximum, ils devront travailler beaucoup plus et se concentrer beaucoup plus. Parce que les voitures seront plus rapides dans les virages, les pilotes encaisseront plus de force G, ce qui tirera sur les organismes. »

Kimi Räikkönen à Monza l'an dernier. AFP

DES PNEUS PLUS RÉSISTANTS

Les pilotes et les écuries ont demandé à Pirelli des pneus qui soient plus résistants que par le passé. Les simulations du fournisseur italien ont été concluantes : très basse dégradation et très peu de surchauffe des pneus. Qu'est-ce que ça signifie ? Que les pilotes vont pouvoir attaquer plus pour dépasser. Sans compter qu'avec plus de rapidité dans les virages, il y aura moins de freinage, donc moins d'usure. Donc moins d'arrêts aux puits ? Encore une fois, il n'y a que la vérité de la piste qui compte.

Valtteri Bottas dans les puits au circuit Silverstone, lors de la présentation de la Mercedes 2107. Photo :AFP

PLUS DE COMPÉTITIVITÉ

C'est ce que tout le monde espère avec ces nouvelles voitures : un rééquilibrage des forces. Parce que toutes les équipes sont parties d'une feuille blanche en même temps pour les réaliser, le début de saison devrait être indécis. Mais qu'en sera-t-il ensuite ? « Les voitures vont produire beaucoup plus de traînée, il faudra donc beaucoup de puissance pour être devant. C'est ce que Mercedes semble avoir », a observé cet hiver le semi-retraité Jenson Button. « Si les voitures sont proches les unes des autres, il y aura des dépassements. Sinon, on verra des processions », a confié à Autosport le directeur de Pirelli, Paul Hembery.

Le peloton sera-t-il plus serré cette année ? Photo: AFP

PLUS DE MISES AU POINT

Les écuries se sont penchées sur les nouvelles voitures à partir de l'automne 2015. Les délais ont été exceptionnellement courts pour réaliser des changements sur les châssis jamais vus en 20 ans. Les derniers points de la nouvelle réglementation ont été apposés pas plus tard qu'en avril dernier. De la recherche à la soufflerie, les écuries ont travaillé dans une espèce de monde virtuel jusqu'en janvier. La réalité de la piste, c'est lundi. Pour les uns, les améliorations seront incessantes cette année. Pour les autres, il va falloir attendre l'an prochain pour voir des différences majeures.

Un mécanicien de Force India à l'oeuvre sur la voiture de Nico Hulkenberg. Photo: AP