Cela ressemble à un chassé-croisé entre les Ferrari et les Mercedes, et personne ne s'en plaindra. À Bahreïn dimanche, Sebastian Vettel et l'écurie Ferrari se sont avérés meilleurs stratèges. Et cela a payé, encore une fois.

Qu'est-ce qu'il a fallu à Sebastian Vettel pour gagner cette troisième course de la saison (sa deuxième victoire) ?

Indéniablement, une voiture que l'Allemand a qualifiée de « rêve » à l'issue de ce Grand Prix disputé de nuit ; un très bon départ ponctué d'un dépassement sur Lewis Hamilton alors deuxième ; une stratégie d'arrêts aux puits encore une fois payante ; une maîtrise des aléas de la course ; et un peu de réussite. Parti en position de tête, Valtteri Bottas n'a jamais pu suivre le rythme de la Ferrari, ni celui de son coéquipier Lewis Hamilton. L'unique entrée de la voiture de sécurité aurait pu, à la rigueur, contrecarrer les plans de la Scuderia. « Je sentais que nous étions rapides, la voiture était incroyable [...]. C'était un plaisir de gérer le rythme à la fin, même quand Lewis est revenu sur moi, confirmera Vettel sitôt la course terminée. [...] Il était essentiel, au départ, de s'intercaler entre les deux pilotes Mercedes pour ne pas les laisser filer seuls tous les deux devant. »

Vettel dit que sa Ferrari SF70H est une «voiture de rêve». Photo: AP

Le point tournant : les pneus

Les cinq secondes de pénalité écopées par Hamilton pour avoir freiné l'entrée dans la ligne des puits de Daniel Ricciardo ont-elles changé le cours de la course ? La réponse est non.

Ce n'est pas à cet instant que la victoire s'est jouée, mais sans doute lors de ce premier arrêt de Vettel dès le 11e tour pour repartir avec des pneus super tendres (rapides) quand son adversaire britannique a choisi de chausser des pneus tendres (plus durables) quelques tours après lui. Au second changement de train de pneus, Hamilton n'a pas eu d'autre choix que de sortir le plus tard possible, abandonnant définitivement sa première place à Vettel.

L'Allemand et l'écurie Ferrari se sont avérés meilleurs stratèges que Mercedes et ses pilotes. Et Vettel a une fois de plus montré par la même occasion que les Ferrari étaient suffisamment rapides et fiables pour rivaliser avec les Flèches d'argent. « Je ne sais pas si j'aurais pu rattraper Sebastian en temps normal », a reconnu Hamilton, s'excusant au passage pour cette pénalité légitime.

Mercedes a choisi les mauvais pneus et Lewis Hamilton a fini deuxième. Photo: AFP

Pas de procession : ça dépasse

On a eu peur en début de saison.

Sur le difficile circuit de Melbourne, les dépassements ont été rares. Après le GP d'Australie, on craignait d'assister régulièrement cette année à des processions en raison de la délicate maîtrise de ces nouvelles voitures dans le sillage d'un adversaire. En Chine, les pilotes ont rassuré les amateurs et les observateurs.

À Bahreïn hier, ils ont confirmé qu'il était plus que possible de doubler et de faire le spectacle. Des dépassements et des luttes, il y en a eu pour toutes les places où des points étaient en jeu et même au-delà dans une certaine mesure. Certes, tous les circuits ne s'y prêteront pas cette année - on pense à Barcelone, par exemple -, mais on ne peut bouder sa satisfaction au vu de cette fin de semaine passée.

Valtteri Bottas, dans sa Mercedes, avant de se faire doubler par Sebastian Vettel. Derrière eux, Lewis Hamilton. Photo: AP

Pas chanceux, Lance Stroll

Lance Stroll se souviendra sûrement de ses débuts en F1. Pour la troisième fois consécutive, il n'a pas terminé la course. Et pour la seconde fois consécutive, il a été victime d'un accrochage fatal.

Comme en Chine, sa Williams a été éperonnée. Mais cette fois-ci par Carlos Sainz fils, dans le tout premier virage au 12e tour. Le pilote Toro Rosso a essayé de doubler le jeune Montréalais par l'intérieur, manoeuvre trop audacieuse et surtout trop tardive puisque le pilote Williams se rabattait dans le virage.

« J'ai vu Sainz sortir des puits, j'étais 50 ou 60 mètres devant lui dans la zone de freinage et j'étais déjà à prendre le virage quand il m'est rentré dedans sur le côté. Il n'y a pas grand-chose d'autre à dire, [...] c'était ridicule », a regretté Stroll. Son ponton droit détruit, il a dû s'arrêter aussitôt définitivement. Si Sergio Pérez (Force India), auteur d'une manoeuvre plus ou moins similaire en Chine, n'avait curieusement pas été sanctionné par les commissaires, Sainz fils s'est puni lui-même, incapable de repartir. Et a finalement été sanctionné de trois places au départ du prochain GP. Stroll ne peut qu'espérer que la roue tourne.

Pour la 3e fois en trois courses, Lance Stroll est rentré à pied. Photo: AFP

Alonso : la galère

Sa décision annoncée plus tôt en début de semaine de faire l'impasse sur le Grand Prix de Monaco pour pouvoir participer aux 500 miles d'Indianapolis en mai a alimenté les discussions dans les paddocks jeudi.

Ce n'est pas la performance de sa voiture à Manama qui donnera des regrets à Fernando Alonso. Le pilote espagnol n'a pas pu rallier l'arrivée pour la troisième fois en trois courses en ce début de saison.

Encore une fois, le pilote McLaren a déploré le manque de puissance de sa voiture qu'il a qualifié d'« impressionnant »...

Encore une fois, il n'a jamais été en mesure de se battre pour intégrer ne serait-ce que le top 10. Et encore une fois, sa voiture l'a lâché dans les derniers instants de la course. Au rythme où vont les choses, on se demande si Alonso va avoir la patience d'aller jusqu'au bout d'une saison plus que mal embarquée pour McLaren et surtout pour son moteur Honda. Son coéquipier Stoffel Vandoorne n'a même pas pu prendre le départ. Alonso est en fin de contrat cette année ; son avenir s'écrit définitivement en pointillé.

Alonso trouve que sa McLaren est «impressionnante»... de lenteur. Photo: AFP