«Il s'agit à terme d'appliquer notre technologie du circuit vers les routes», explique à l'AFP l'Américain David Tsurusaki, responsable de la division sports automobiles de la compagnie pétrolière ExxonMobil au niveau mondial, et à ce titre impliqué en F1 avec Red Bull.

Q: Dans quel but ExxonMobil est engagé en Formule 1?

R: «La F1 est la catégorie reine des sports automobiles. Et donc si vous pouvez prouver que vous y êtes performants, cela a des conséquences positives sur votre activité concernant les voitures de tous les jours et le grand public. Il s'agit à terme d'appliquer notre technologie du circuit vers les routes. Il y a très peu de grands groupes aussi impliqué en sports automobiles que nous. Cela fait partie de notre ADN, ce n'est pas juste un outil marketing. Il s'agit d'un moyen efficace de tester notre produit, d'expérimenter et d'innover. L'aspect scientifique de notre travail n'est pas forcément toujours bien pris en compte. En ce qui concerne l'huile, on réalise par exemple une quarantaine d'analyses d'échantillon par week-end de course. Et il y a encore des pistes d'amélioration avant l'arrivée de nouveaux moteurs en 2020».

ExxonMobil a son nom sur le capot et son produit dans le moteur. Photo: AFP

Q: Qu'en est-il de la forte concurrence qui règne en F1, notamment entre Petronas, Shell, BP et vous-même?

R: «Il devrait y avoir un championnat des pétroliers comme il existe celui des constructeurs. Avec mon équipe, on se targue d'avoir une des meilleures technologies du sport automobile, si ce n'est la meilleure, mais comment le prouver? 

En étant impliqué avec les meilleures équipes, celles qui gagnent, dans le monde entier. Et un jeune ingénieur va être extrêmement motivé s'il se retrouve dans cet univers, après avoir durement travaillé sur une huile pour camion qui prend un an à développer. Pour le récompenser, on va l'intégrer dans notre programme de F1. Il y a une fascination pour la discipline qui décuple leur envie, car beaucoup ont grandi en rêvant d'y jouer un rôle».

Q: Etes-vous satisfait d'avoir cessé votre collaboration datant de 1995 avec McLaren pour travailler avec Red Bull?

R: «Je pense que cela a été une bonne décision. Je n'ai évidemment aucun grief contre Honda ou McLaren. Mettre fin à une relation de plus de 20 ans n'est facile pour aucune entreprise. Cela a donc été une décision dure à prendre. Historiquement nous avons en plus cultivé de longs partenariats en DTM, en Porsche Supercup et en Nascar. On ne peut pas regarder en arrière, on a fait le choix de la sagesse. On a étudié différentes équipes et la personnalité pleine de jeunesse des pilotes Red Bull nous correspondait le mieux».

Q: Renault, qui fournit son moteur à Red Bull, collabore avec BP et Castrol pour sa propre écurie. Est-ce un problème?

R: «Avec Renault, on a une collaboration ouverte et claire, qui nous permet régulièrement de tester nos nouveaux produits Mobil 1 et Esso, même si j'aimerais parfois que ce processus soit un peu plus rapide. Je pense qu'ils voient d'un oeil positif cette émulation entre nous et BP-Castrol».

Q: Que pensez-vous des rumeurs récurrentes d'huile détournée en carburant par des écuries de pointe?

R: «Il y a en effet des questions au sujet de certaines équipes qui prendraient une partie de leur huile pour l'utiliser comme énergie. Comme nous sommes tous limités en essence, l'avantage serait de pouvoir étendre l'autonomie de la voiture ou d'augmenter l'intensité du moteur. Les règles sont claires, l'essence doit être de l'essence et l'huile jouer le rôle d'huile, et j'espère que la FIA s'en assure».



Propos recueillis par Septime Meunier, de l'Agence France-Presse

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