C'est seulement après sa deuxième place historique au Daytona 500 que Darrell Wallace Jr s'est donné la permission de ressentir la pression. Celui que sa famille appelle «Bubba» a pleuré à chaudes larmes lorsque sa mère l'a rejoint sur l'estrade et l'a pris dans ses bras, dans une étreinte à laquelle ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir mettre fin.

Wallace, 24 ans,  a rédigé dimanche une nouvelle page de l'histoire du NASCAR avec une deuxième place aux 500 milles de Daytona, ce qui est le meilleur résultat jamais obtenu par un pilote noir. (Wendell Scott avait terminé 14e en 1966.) Aussi important, aucun pilote noir n'avait pris le départ de cette importante course depuis 1969.

La deuxième place de Wallace survient à seulement son cinquième départ dans le circuit NASCAR. ll est parti de la 7e place et a survécu à un accident à la fin de la course, durant lequel sa voiture a raboté le mur. Il a aussi survécu à un carambolage géant plus tôt en se faufilant à l'intérieur (VOIR LA 2e VIDÉO TOUT AU BAS DE CET ARTICLE).

Pression écrasante

Durant les semaines et les jours qui ont précédé la course, puis durant toute l'épreuve, Wallace avait montré un sang-froid et une bonne humeur sans faille.

En fait, la permission ---si on peut dire- de montrer son émotion est venue de sa mère.

«Tu as réussi, mon garçon», a dit Désirée Williams en pleurant de joie après l'avoir rejoint sur l'estrade et pris dans ses bras. «Je suis tellement fier de toi. Tu as tellement attendu ce moment.»

-- Tu parles comme si on avait gagné la course !, a objecté Williams en riant.

-- Oh oui nous l'avons gagnée, mon garçon. Je t'aime. Je suis tellement fière de toi.

-- Voyons, maman !

C'est en se rasseyant pour poursuivre la séance de questions-réponses avec les médias que Wallace s'est mis à pleurer à gros bouillons. Après qu'un journaliste lui eut demandé de décrire ses émotions, il a expliqué en pleurant comment il s'efforçait de réussir dans tout ce qu'il fait pour être à la hauteur des espoirs et des attentes de sa famille.

«C'est un sujet délicat. Ça me rend très émotif en ce moment quand je pense à ce que ma famille a vécu depuis deux ans. Je ne parle pas de ça, normalement. Mais ça a été tellement dur et ça me touche beaucoup qu'ils soient ici pour m'appuyer», a-t-il dit en pleurant avant de reprendre contrôle de ses émotions.

Le circuit Nascar n'a pas attiré beaucoup de Noirs, ni n'a été particulièrement accueillant pour eux, jusqu'à récemment, lorsque a été lancée une série de développement Nascar Diversity, dont Wallace est issu.

Mais dimanche, Wallace, fils d'un père blanc et d'une mère noire, a vu son départ salué de façon royale, et pas seulement par son patron, l'ex-pilote Richard Petty et propriétaire de l'écurie portant son nom : le légendaire joueur de baseball Hank Aaron l'a appelé au téléphone pour lui souhaiter bonne chance et le champion du monde de Formule 1 Lewis Hamilton l'a salué sur son compte Twitter.

Année 2017 difficile

Durant la semaine précédant la course, Wallace avait semblé composer facilement avec la pression, inscrivant le tour de piste le plus rapide et se qualifiant en 7place, malgré l'attention médiatique constante et l'insistance des fans lui demandant sans cesse de prendre un selfie avec lui.

Wallace a fait son mieux pour profiter du moment après une année 2017 difficile quand il a perdu son commanditaire en série XFinity (un circuit moins prestigieux). Il a eu sa chance quand un pilote de l'écurie Richard Petty Racing s'est blessé et qu'on lui a demandé de le remplacer durant quatre courses : sa performance a incité Petty a lui offrir un volant de titulaire pour la saison 2018.

Dimanche, il a été d'un calme admirable jusqu'à ce que sa mère aille le rejoindre sur l'estrade.

«Je fais tellement d'effort pour réussir tout ce que je fais,. Ma famille me pousse chaque jour»,  a dit Wallace à travers ses sanglots en parlant de sa mère et de sa soeur, également sur place dimanche. «Elles ne  le savent peut-être pas, mais tout ce que je veux c'est qu'elles soient fières de moi.»

Si elles ne le savaient pas --ce qui est bien peu probable-- elles le savent désormais.

«Je pense qu'aujourd'hui il a prouvé au gens du circuit NASCAR qu'il a sa place parmi eux», a conclu Madame Williams.