Hamilton et Vettel sur les traces de Fangio à bord de monoplaces toujours plus rapides: le scénario de la saison 2018 de Formule 1, qui démarre dimanche à Melbourne (Australie), est digne du show à l'américaine que souhaitent ses nouveaux propriétaires.

2017 a marqué le retour de Ferrari au plus haut niveau, huit et neuf ans respectivement après ses derniers titres mondiaux chez les constructeurs et les pilotes. Mais la Scuderia, en mal de fiabilité en fin de saison, n'est pas parvenue à détrôner l'ogre Mercedes. Le Britannique Lewis Hamilton a coiffé la couronne mondiale devant l'Allemand Sebastian Vettel, parfois trop nerveux.

Hamilton et Vettel pour égaler Fangio

2018 s'annonce comme la revanche de ce duel épique, avec un enjeu supplémentaire: les deux hommes peuvent désormais égaler les cinq titres mondiaux de l'Argentin Juan Manuel Fangio. Reste à voir si leurs coéquipiers finlandais Valtteri Bottas chez Mercedes et Kimi Räikkönen chez Ferrari --ainsi que les Red Bull-- sauront jouer les arbitres plus souvent cette saison.

À l'aube de la 69e saison de F1, trois questions sont posées en ce qui concerne la progression de trois équipes qui visent à faire leur place dans le groupe de tête :

1) Lance Stroll et l'écurie Williams feront-ils la percée qu'ils espèrent ?

2) Force India sera-t-elle capable de conserver sa place de quatrième constructeur pour une troisième année consécutive ?

3) McLaren retrouvera-t-elle de sa splendeur avec Renault comme motoriste ?

4) Toro Rosso s'accommodera-t-elle de son nouveau moteur Honda, qui semble enfin en progression ?

Haute vitesse et halo

La saison va se jouer à des vitesses encore plus élevées que l'an dernier, quand des monoplaces plus larges, plus basses et plus performantes avaient permis d'améliorer le record du tour en course sur dix circuits.

Pirelli inaugure en effet le pneu le plus tendre et donc le plus rapide jamais utilisé: l'hyper-tendre rose, qui a permis à Vettel de pulvériser le record du circuit de Barcelone lors des essais de pré-saison (1:17.182 contre 1:18.339 pour le Brésilien Felipe Massa en 2008). Un chrono prometteur, même en tenant compte du resurfaçage du tracé catalan pendant l'hiver, qui améliore aussi les performances.

Du côté des monoplaces, il faudra s'habituer au halo, le système de protection frontale du cockpit rendu obligatoire par la Fédération internationale de l'automobile.

Le dispositif, censé protéger la tête des pilotes en cas de choc avec un objet propulsé dans les airs, ne fait l'unanimité ni sur le paddock ni chez les fans. En cause: l'aspect peu esthétique de cette structure de titane en forme de bréchet.

Autre évolution visible, les F1 perdent une grande partie des appendices aérodynamiques (aileron de requin, T-wing...) qui ornaient leur capot arrière, désormais interdits.

Mais le changement réglementaire le plus important est invisible: les écuries sont désormais limitées à trois moteurs par monoplace et par saison, contre quatre l'an dernier. La fiabilité sera plus que jamais cruciale, à défaut de quoi les pénalités fleuriront sur les grilles de départ.

Toujours plus de spectacle

Au volant de la F1 depuis janvier 2017, le groupe américain Liberty Media dynamise le championnat, notamment auprès du jeune public, en le faisant entrer dans l'ère du digital (accord avec Snapchat, compétition de e-sport...) et privilégiant le «show» (démonstration dans les rues de Londres, mise en scène façon combat de boxe au GP des États-Unis...).

En 2018, ils passent la seconde avec le lancement d'un service de télévision à la demande ou encore des horaires de départ modifiés pour permettre aux diffuseurs de mettre en valeur la grille de départ, sa tension et ses invités de marque.

La F1 met aussi un terme cette année à la tradition des «grid girls» (les hôtesses présentes sur la grille de départ), qui «ne correspond pas aux valeurs défendues par la marque et est clairement en contradiction avec les normes sociétales actuelles», explique-t-elle.

Elles seront remplacées par de jeunes aspirants pilotes.