«C'est ça la vraie course», estime le Britannique Jenson Button, champion du monde de Formule 1 en 2009, qui dispute pour la première fois les 24 Heures du Mans samedi et dimanche en catégorie LMP1 non-hybride, face notamment à son ancien rival Fernando Alonso.

Q: Qu'est-ce qui vous a décidé à participer aux 24 Heures du Mans cette année ?



R: «J'ai toujours voulu courir ici. Pour un pilote, c'est quelque chose de spécial. Un ami m'a dit que la voiture de SMP Racing avait l'air rapide et il m'a conseillé de voir s'il y avait une place à prendre pour faire Le Mans cette année car personne ne sait ce que seront les voitures en 2020 (après le changement de réglementation technique prévu à l'issue de la saison en cours, NDLR). Il est fantastique d'avoir l'opportunité de piloter ces voitures qui sont tellement rapides !»

Q: C'est différent d'une F1 ?



R: «Oui, très différent. Ce qui m'a le plus étonné, c'est la vitesse dans les virages rapides. C'est phénoménal ! (...) Dans la section des «S Porsche», la vitesse est d'un autre monde ! Si vous avez l'opportunité de suivre là course là-bas, allez-y pour voir passer les LMP1.»

Q: Le rapport avec ses coéquipiers est aussi totalement différent, non ?



R: «L'esprit d'équipe, c'est quelque chose que j'ai toujours apprécié. En F1, tu aimerais toujours avoir une relation plus proche avec ton coéquipier mais c'est impossible. Ici, tu ne rechignes pas à partager des informations avec eux. Au contraire, tu veux leur en dire le plus possible. D'une certaine manière, tu veux même être le moins rapide dans la voiture car tu veux que les coéquipiers fassent du super boulot !»

Q: L'expérience en dehors de la piste est également unique, dit-on.



R: «La semaine paraît durer un mois ! Mais c'est fantastique car les fans ont la possibilité d'approcher les voitures et les pilotes, particulièrement lors des vérifications en ville. C'est super de voir autant de fans pas seulement dans les tribunes mais aussi sur le paddock et dans la ligne des stands. L'atmosphère est très agréable, particulièrement à la tombée de la nuit. C'est un moment spécial, quelque chose que je n'avais encore jamais expérimenté. Peut-être parce que je l'ai tellement regardé par le passé, piloter de nuit au Mans est spectaculaire.»

Q: Justement, comment ce sont passés vos premiers tours de roue de nuit ?



R: «Je n'ai fait que deux tours dans le noir le plus complet et les autres au coucher du soleil, je n'ai donc pas beaucoup d'expérience mais je peux déjà dire que c'est difficile, mais si avec le temps on s'habitue à l'obscurité. Les «S Porsche» sont un choc énorme ! De nuit, vous avez l'impression de passer à 500 km/h. Ensuite, il y a une immense publicité qui vous éblouit complètement, comme les lumières bleues (qui signalent les dépassements, NDLR). Ça aussi, c'est un choc. Il faut laisser le temps à ses yeux et à son cerveau de s'habituer.»

Q: Comment vous situez vous par rapport aux favoris Toyota ?



R: «Ces gars n'ont pas chômé ! Ils ont tellement testé en termes de fiabilité. Je n'ose même pas imaginer combien de courses de 24 heures ils ont bouclé avant d'arriver ici. Leur situation est complètement différente de toutes les autres équipes en catégorie LMP1. Mais 24 heures de course, c'est extrême pour n'importe quelle voiture. Encore plus quand elle est hybride, comme j'ai pu m'en apercevoir en F1...»

Q: Êtes-vous prêt ?



R: «Il est bien sûr dommage que j'ai raté le Prologue et la première manche du Championnat car je courais ailleurs. Mais j'ai fini par trouver du rythme pendant mon dernier relais en essais et c'est exactement ce qu'il faut sur ce circuit. Les qualifications n'ont pas marché (il s'élancera en 7e position sur la grille dimanche, NDLR) mais ça arrive avec le trafic, ça n'est pas grave. Pour la course, l'important est d'être régulier, de comprendre le trafic, jusqu'à quel point tu peux pousser la voiture et rester dans les limites même dans les virages les plus excitants.»

Q: Envisagez-vous de prolonger en endurance au-delà de cette saison ?



R: «J'apprécie l'atmosphère et les voitures mais je ne sais pas comment elles vont évoluer. Il y a beaucoup de rumeurs ici et aux États-Unis, donc on verra. En tout cas, j'aime la pureté de ces courses et de ces voitures, qui ne sont pas trop compliquées. Et j'adore le combat entre nous, les LMP1 privées. C'est ça la vraie course et le faire pendant 24 heures, c'est excitant, surtout quand on partage ce défi avec deux autres pilotes.»