Fernando Alonso ne disputera pas la saison 2019 de Formule 1 parce qu'il désire plus que tout marquer l'histoire du sport automobile, à 37 ans, après quatre saisons frustrantes, sans victoire, sans podium dans l'écurie McLaren.

Double vainqueur du Grand Prix de Monaco (2006 et 2007), Alonso est devenu en juin le sixième pilote de l'histoire à remporter aussi les 24 Heures du Mans, après Tazio Nuvolari, Maurice Trintignant, Bruce McLaren, Jochen Rindt et Graham Hill.

Seul Hill (disparu en 1975 dans le crash de son jet privé) est parvenu à coiffer la prestigieuse Triple couronne du sport automobile: Monaco, Le Mans et les 500 Milles d'Indianapolis, objectif ultime de l'Espagnol.

«Si je veux être le meilleur pilote au monde, il n'y a que deux options», expliquait Alonso l'an dernier. «Soit je gagne huit Championnats du monde de F1, un de plus que Michael Schumacher, ce qui est peu probable. Soit je gagne d'autres courses, en prouvant que je peux m'imposer dans des voitures et sur des circuits différents.»

«Nando», le natif d'Oviedo (dans les Asturies, au nord de l'Espagne), n'a plus gagné en F1 depuis 2013, au GP d'Espagne sur la piste de Barcelone. Mais avant cette longue traversée du désert, chez McLaren, il avait gagné souvent: deux titres mondiaux, 32 victoires, 97 podiums, 22 pole positions, 23 meilleurs tours.

«Battre les spécialistes de l'ovale (en IndyCar) ou de l'endurance, qui connaissent tous les secrets, c'est très tentant comme objectif», disait Alonso en juin, après sa victoire au Mans, historique pour Toyota et cruciale dans sa quête de la Triple couronne.

Fernando Alonso est obsédé par la Triple Couronne de Graham Hill. Photo Wikipédia

Déjà un essai à Indianapolis

En 2017 déjà, avec l'accord de McLaren, Alonso avait participé aux 500 Milles, abandonnant sur casse mécanique à 21 tours de l'arrivée alors qu'il évoluait aux avant-postes. Il avait sauté le GP de Monaco, disputé la même fin de semaine, où Jenson Button l'avait remplacé.

En 2018, Alonso a 26 week-ends de course à son agenda. Le prochain est à Silverstone, dans deux jours, pour le compte du Championnat du monde d'endurance (WEC) qu'il compte bien remporter en juin prochain, après l'édition 2019 des 24 Heures du Mans.

Ça lui ferait une troisième étoile labellisée FIA, après ses deux sacres de 2005 et 2006 chez Renault F1. De quoi le consoler un peu de ses déboires récents chez McLaren.

Précocité

La trajectoire du double champion du monde a d'abord été rectiligne et ascendante. Phénomène de précocité, il n'a que deux ans lorsqu'il effectue ses premiers tours de roue sur un karting bricolé par son père... pour sa soeur aînée.

Repéré par le sulfureux Flavio Briatore, Alonso dispute son premier GP pour Minardi en 2001, à 18 ans. Il débarque ensuite chez Renault et remporte sa première course à 22 ans, puis s'adjuge la couronne mondiale en 2005, à 24 ans, et réalise le doublé en 2006.

Le «taureau des Asturies» part la saison suivante chez McLaren-Mercedes. C'est alors que sa bonne étoile faiblit. Coéquipier d'Hamilton, avec qui il entretient des relations houleuses, il échoue pour un point dans sa quête du titre.

Alonso retrouve en 2008 Renault, aux performances déclinantes, puis s'en va chez Ferrari, chez qui il espère renouer avec le succès, en 2010.

Deux fois Vaincu par Vettel

Il remporte ses onze dernières victoires en GP (sur 32) avec la Scuderia, mais manque le sacre en 2010 par quatre points et en 2012 par trois. À chaque fois, le bourreau de ses espoirs s'appelle Sebastian Vettel.

Ferrari s'éloigne des places d'honneur après le passage à la motorisation hybride en 2014 et «Nando» quitte la Scuderia pour retrouver McLaren en 2015, attiré par les promesses d'une nouvelle association avec Honda.

Le pari est désastreux, sanctionné par une 17e place au Championnat la première année, une 10e la suivante et une 15e en 2017, ses plus mauvais résultats en F1 depuis sa première année en F1. Le passage au moteur Renault, début 2018, n'a pas suffi à le rassurer. Alonso va quitter la F1 en fin de saison. Pour toujours ?