Ferrari a osé: en 2019, le jeune Monégasque Charles Leclerc, 21 ans dans un mois, remplacera le champion du monde 2007 finlandais Kimi Räikkönen, 38 ans, qui lui retournera chez Sauber, où il avait débuté en 2001.

«Les rêves se réalisent. Je piloterai pour Ferrari en 2019», a écrit Leclerc sur Twitter, mardi matin après un nouveau tempo de la valse des baquets qui rythme la vie des paddocks depuis plusieurs semaines.

«Je serai reconnaissant éternellement auprès de la Scuderia», a-t-il ajouté.

C'est l'annonce majeure d'un mercato dominé cet été par l'actualité des jeunes pilotes (Pierre Gasly chez Red Bull, etc.), avant cette promotion de Leclerc aux côtés du quadruple champion du monde Sebastian Vettel.

Ascension météorique

Champion de GP3 en 2016 puis de Formule 2 en 2017, l'ascension du Monégasque est météorique. Débutant en F1 chez Sauber, il a déjà marqué 13 points cette année, en 14 GP disputés, avec en point d'orgue une 6e place en Azerbaïdjan.

Membre de la Ferrari Driver Academy, Leclerc est couvé par la Scuderia depuis plusieurs années. Il a comme agent Nicolas Todt, le fils de Jean Todt, président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) et ancien patron de la Scuderia.

Merci à feu Jules Bianchi

La belle histoire ne s'arrête pas là. Leclerc était très proche de Jules Bianchi, décédé en juillet 2015 à la suite d'un accident au GP du Japon, le 5 octobre 2014.

À ce moment-là de sa carrière, Jules était presque sûr de devenir un jour pilote Ferrari.

«À Jules, merci pour tout ce que tu m'as appris, nous ne t'oublierons jamais», écrit aussi Leclerc mardi sur Twitter. Quand il débutait en karting, Bianchi, qu'il considérait comme son grand frère, venait parfois le soutenir et même régler son kart, sur les pistes du Sud-Est de la France.

La course automobile dans le sang

Le futur pilote de la Scuderia est né le 16 octobre 1997 à Monte-Carlo d'un père, Hervé, qui a été pilote de Formule 3 et est mort en 2017. Il a la course automobile dans le sang.

Le troisième Monégasque à accéder à la F1, après Louis Chiron et Olivier Beretta (9 GP en 1994, dans une Larrousse), a découvert le karting à l'âge de quatre ans sur le circuit du père de Jules, le meilleur ami de son propre père, un jour où il ne voulait pas aller à l'école.

«En rentrant, j'ai dit à mon père que c'était ce que je voulais faire quand je serai plus grand», a-t-il raconté à l'AFP en marge des essais de pré-saison.

Leclerc commence la compétition en karting en 2005. «J'ai tout de suite voulu gagner. Je n'appréhendais pas ça comme un match de tennis le dimanche», se souvient-il.

Parcours «quasi parfait»

Le jeune pilote, épaulé par l'agent de Bianchi, Nicolas Todt, passe à la monoplace en 2014 et poursuit son parcours «quasi parfait», selon le directeur de Sauber, Fred Vasseur, avec qui le Monégasque a remporté le titre en GP3 en 2016 au sein de l'équipe ART Grand Prix.

«Charles a eu de bons résultats dans toutes les catégories junior, détaille Vasseur. Il a gagné de façon hyper brillante le Championnat de F2 l'an dernier (en 2017), et les pilotes qui ont gagné en F2 en étant "rookie", il n'y en a pas tant que ça.»

En 2018 pour ses débuts en F1, rien n'altère non plus sa trajectoire parfaite. Il termine 6e dès le 4e GP de l'année, en Azerbaïdjan, et s'attire les projecteurs, pour ne plus les quitter. Car en 2019, il rejoindra bien Ferrari, dont il avait rejoint la «Drivers Academy».

Leclerc va remplacer le Finlandais Kimi Räikkönen, qui retourne chez Sauber, pour épauler l'Allemand Sebastian Vettel, quadruple champion du monde, au sein de l'écurie la plus prestigieuse du paddock. Le jeune homme, qui se décrit comme «assez émotionnel», devra donc maîtriser ses nerfs.

Leclerc assure avoir beaucoup mûri au cours des dernières années «qui ont été très difficiles émotionnellement». «Ca m'a renforcé et, maintenant, je ne suis même pas sûr que ça soit encore un défaut», estime-t-il.

En 2017, Leclerc perd son père mais s'aligne tout de même, quelques jours plus tard, sur le circuit de Bakou (Azerbaïdjan) où il décroche la pole position et gagne en Formule 2, dans l'antichambre de la F1. «La plus grande réussite de ma carrière», dit-il.

«Hyper charismatique»

Vasseur, lui, ne croit pas du tout que son émotivité est un défaut. «Il est capable de s'énerver après une séance qui ne s'est pas bien passée, confirme le Français. Mais il est capable aussi de repartir dix minutes après en ayant tout oublié. C'est une qualité que peu de pilotes ont».

«Je suis très honnête avec moi-même. Si je fais un boulot dont je ne suis pas content, je le dis franchement, explique Leclerc. Et j'analyse le plus possible ce que je fais sur la piste pour essayer de le changer le plus rapidement possible».

«Il est hyper-charismatique malgré son jeune âge», ajoute Vasseur. «Du karting à la F2, Charles a toujours été quelqu'un qui a réussi à tirer l'équipe avec lui. Il faut qu'il garde cette approche-là».

Jusqu'où ira-t-il avec Ferrari? Leclerc, lui, connaît sa destination: «Le rêve ultime est de remporter le Championnat du monde», reconnaît le jeune homme.