Spectaculaire. Pour cette première en Amérique du Nord, le Championnat du monde de rallycross a sans doute conquis bien des amateurs de sport automobile, vendredi à Trois-Rivières. Cette septième manche a offert de tout: des accrochages, des pilotes au coude à coude, de belles bagarres et de grandes victoires. Bref, du spectacle. Et, cerise sur le gâteau, un Québécois a brillé.

En remportant cette course de Trois-Rivières vendredi, Petter Solberg a montré combien il avait du talent et combien sa voiture, une Citroën DS3, pouvait être supérieure aux autres. Le Norvégien a signé sa deuxième victoire de la saison, une victoire qui lui permet d'asseoir un peu plus son emprise sur ce nouveau championnat de la FIA.

«Je suis très content, cela a été une journée très, très difficile, a commenté le vainqueur du jour. J'étais vraiment motivé et plein d'énergie pour accrocher la victoire ici. On n'a pas fait de bons essais ce midi, on a eu des problèmes mécaniques. Mais tout le mérite revient à mes mécaniciens, car sans eux, les meilleurs, je n'aurais pas eu la chance de gagner. J'ai une bonne équipe.»

Solberg a devancé sur le podium le Suédois Anton Marklund et le Russe Timur Timerzyanov. La surprise du jour dans cette catégorie reine du Supercar en rallycross est venue... du Québec. En terminant sixième (sur 18 concurrents au départ), Patrick Carpentier a déjoué bien des pronostics. Et peut-être bien les siens, pourrait-on dire.

«Ce résultat est largement au-delà de mes espérances. Je n'en reviens pas, c'est incroyable. J'ai vraiment aimé ça», a réagi Carpentier à l'issue de la finale.

Carpentier au rendez-vous

Pour sa première participation à une épreuve de rallycross, Patrick Carpentier s'était fixé comme objectif d'atteindre la demi-finale. Mission accomplie à l'issue des quatre séances de qualifications qu'il a bien maîtrisées. Chaque fois, celui-ci a pris un très bon départ tout en améliorant systématiquement sa position à l'arrivée de chaque séance de qualifications. Résultat, Carpentier a bouclé celles-ci à la 10e place, synonyme de présence en demi-finale.

La suite? Carpentier s'est fait plaisir et a fait vibrer le public trifluvien. Il a littéralement créé la surprise en demi-finale en arrachant la deuxième place de sa vague. Après un mauvais départ, le pilote de LaSalle a opté dès le premier des six tours pour le passage dans le «joker», ce virage supplémentaire que doit absolument prendre une fois chaque pilote. Dans le dernier tour, l'ancien champion de Formule Atlantique a ravi la seconde place à la faveur d'un bon dépassement et d'une pénalité infligée à un concurrent. La finale était au bout. Inespérée.

Finale d'une toute autre teneur malheureusement pour le pilote québécois. Alors que devant, le leader du classement du Championnat du monde, Petter Solberg, s'est montré intouchable et intraitable, Patrick Carpentier voyait cette finale se dérober sous ses pieds. Après un bon départ et un passage hâtif dans le «joker», le Québécois a commis successivement deux erreurs de pilotage qui l'ont relégué à la sixième et dernière place de la finale puis contraint à l'abandon.

«Sur la première erreur, j'étais derrière la Ford de Reinis Nitiss, et au freinage, je suis arrivé trop vite, je me suis mis un peu à gauche pour ne pas le toucher et j'ai mordu la poussière, tout droit, a expliqué Carpentier. La deuxième erreur, j'ai pris le saut beaucoup trop rapidement. J'ai sauté trop haut et la voiture a atterri durement.»

Au-delà de sa performance personnelle, le Québécois a souligné la qualité de sa voiture, une Volkswagen Polo de l'équipe Marklund Motorsport. «J'avais la meilleure voiture du plateau. On avait trois voitures sur six en finale, j'ai choisi la bonne équipe.»

Villeneuve malchanceux

Il en est un qui n'a pas cette chance, d'ailleurs. Jacques Villeneuve n'a vraiment pas été verni vendredi. Encore une fois cette saison. Alors qu'il était sixième à l'issue des deux premières manches des qualifications pour la demi-finale, la troisième manche a été fatale à sa voiture. Après seulement un tour, Villeneuve a dû arrêter sa Peugeot 208 sur le bord de la piste. Pour une raison inusitée.

«Un réservoir à essence arraché, je pense que l'on n'a jamais vu ça, s'est étonné Villeneuve. Le dessous a accroché le sol et cela s'est arraché. À l'intérieur du virage où il y a le "joker", il y a un trou, et souvent le dessous de la voiture frotte. Tout le monde frotte. Sauf que là, dans mon cas, cela a arraché le dessous. Et voilà, boum, ça s'est arrêté.»

Conséquence, le pilote québécois a glissé à la dixième place du classement des qualifications. Il pouvait alors encore espérer finir à l'une des 12 premières places qualificatives pour la demi-finale. Mais encore fallait-il pouvoir prendre le départ de la quatrième et dernière manche des qualifications. Ce que n'a pu évidemment faire le champion du monde de F1. Résultat, une glissade à la 16e place des qualifications, synonyme d'élimination.

Villeneuve aura l'occasion de se reprendre demain à Trois-Rivières puisqu'il sera au départ de la course de Nascar Canadian Tire, aux côtés de Québécois comme Andrew Ranger et Alex Tagliani.

En espérant pour lui que la poisse ne lui colle pas aux basques.