Le premier «e-Prix» de Formule électrique, remporté samedi à Pékin par le Brésilien Lucas di Grassi, a connu un final dramatique, avec une spectaculaire collision entre l'Allemand Nick Heidfeld et le Français Nicolas Prost, convaincu de s'être fait «voler la victoire».

La course avait été brillamment menée de bout en bout par «Nico» Prost, qui avait aussi décroché la pole position.

Le fils du quadruple champion du monde avait très bien su gérer l'énergie de sa batterie, un élément crucial dans la Formule E, et quelques centaines de mètres le séparaient du drapeau à damiers. Mais il a été percuté par Heidfeld juste avant le dernier virage.

Lucas di Grassi (Audi Sport ABT Formula E team) a donc terminé devant le Français Franck Montagny (Andretti Autosport, USA), suivi du Britannique Sam Bird (Virgin Racing, GBR), arrivé quatrième, mais qui a bénéficié de la rétrogradation de l'Allemand Daniel Abt, de la 3e à la 10e place.

«J'ai été très chanceux, mais j'étais aussi au bon endroit», a reconnu, Lucas di Grassi.

La monoplace de Heidfeld s'est envolée dans les airs avant de s'écraser sur la rambarde de sécurité et de s'immobiliser à l'envers. Mais l'Allemand, issu de la F1 et engagé par l'écurie Venturi, a pu s'en extraire sans blessure apparente.

Lui et Prost ont regagné les stands à pied, semblant échanger quelques paroles sévères.

Victoire «volée»

«Je ne m'attendais pas à ce qu'il tente un freinage suicide au dernier virage», a déclaré, très amer, Nicolas Prost (écurie e-DAMS).

«C'est un ami, je lui ai dit que j'étais content qu'il n'ait rien, mais que je trouvais cela absolument ridicule», a ajouté le pilote de 33 ans.

«On m'a quand même volé une victoire et une belle journée», a enfin dit Nicolas Prost. «C'est vraiment dur».

Cette fin dramatique a plongé dans la stupeur toute l'équipe e-DAMS, dont Alain Prost, ambassadeur de la marque Renault.

Heidfeld «arrive comme un kamikaze, beaucoup trop vite, de toute façon il ne pouvait même pas prendre le virage à gauche», a affirmé Jean-Paul Driot, fondateur de e-DAMS.

La course n'a pas donné lieu à la lutte attendue entre deux patronymes célèbres --Prost et Senna--, Bruno Senna, neveu d'Ayrton Senna, ayant dû abandonner dès le premier tour après un accrochage.

Pas le jour de Senna

Le coureur engagé par l'écurie indienne Mahindra n'avait déjà pas pu conclure les qualifications à cause d'un problème de batterie. Il avait pris le départ en 19e et avant-dernière position.

Le fils d'une autre légende de la F1, Nelson Piquet junior, a lui terminé en 8e position ce premier «e-prix» de l'histoire.

Celui-ci s'est déroulé dans le Parc olympique de la capitale chinoise, les coureurs passant notamment au pied du fameux stade connu sous le nom de «Nid d'oiseau».

De nombreux Pékinois, n'ayant jamais assisté à une compétition automobile, se sont massés le long du circuit, curieux de voir ces monoplaces, dans une métropole très polluée où pratiquement les seuls véhicules électriques sont des deux-roues.

«Sur un circuit normal, les Formules électriques montent sans problème à 250 km/h. Ici, il faut bien se rendre compte qu'on est sur un circuit en ville, très très serré, très très étroit, alors je ne sais pas qu'elle est la vitesse maximum, cela doit être aux alentours de 215/220 km/h», avait commenté Nicolas Prost.

Au volant «on entend beaucoup le bruit de l'air dans les ailerons, c'est un petit bruit presque d'avion, mais ce qui est intéressant c'est qu'on entend aussi d'autres bruits, on entend plus les freins, les pneus, la boîte. Donc je pense qu'à regarder c'est assez agréable», avait-il ajouté.

«Nous avons prouvé aujourd'hui que les Formules E sont sûres», s'est de son côté félicité Alejandro Agag, le promoteur de la Formule E choisi par la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

Après Pékin, le championnat de Formule E voyagera dans d'autres métropoles mondiales, de Putrajaya (Malaisie) à Berlin et Londres, en passant par l'Amérique du Sud (Punta del Este, Buenos Aires), l'Amérique du Nord (Long Beach, Miami) et Monaco.