Depuis mercredi et pour trois jours encore, la caravane du Dakar-2016 a pris de l'altitude et va grimper jusqu'à 4600 mètres: mais gare au mal des montagnes, pour les pilotes évidemment, mais aussi pour les véhicules.

«C'est une grosse difficulté de cette édition. En altitude, c'est une autre course», estimait Stéphane Peterhansel, 11 victoires au Dakar à son palmarès (6 en moto, 5 en auto), à quelques heures du coup d'envoi de la 38e édition depuis Buenos Aires.

C'est un carré d'étapes en très haute altitude qui attend l'ensemble des concurrents cette année. La première a eu lieu mercredi, une boucle de 630 kilomètres autour de Jujuy, dans le nord-ouest de l'Argentine, avec une spéciale courue à une altitude moyenne de 3500 mètres.

Jeudi, l'entrée en Bolivie et la montée vers Uyuni passent par un point culminant à 4600 mètres, presque le plus haut de toute l'histoire du Dakar, après les 4970 m du pasa de l'Acay entre Calama (Chili) et Salta (Argentine) lors du Dakar 2015.

Vendredi le salar d'Uyuni sera lui le théâtre de la plus longue spéciale de la course, 542 kilomètres parcourus entre 3500 mètres et 4200 mètres d'altitude.

Enfin, les concurrents quitteront samedi la Bolivie pour retrouver l'Argentine, à Salta, avec une ultime spéciale oscillant là encore autour des 4000 mètres.

«L'année dernière, on a passé deux jours à une moyenne de 4000 mètres, on sent que ça tire sur l'organisme. On sent une certaine fatigue, on peut avoir des maux de tête», décrit Peterhansel.

«Au ralenti»

«On est un peu au ralenti au niveau de nos réflexes, notre anticipation est un peu diminuée», ajoute-t-il.

Il y un an, le Qatari Nasser Al-Attiyah avait souffert de forts maux de tête et avait dû s'arrêter à trois reprises, malade, au cours d'une spéciale en haute altitude du Dakar millésime 2015.

Avant le rallye-raid cette année, il s'est préparé dans un centre sportif de Doha, dans une chambre où sont recréées les conditions existant en altitude. Tout comme son coéquipier chez Mini, l'Espagnol Nani Roma, à Barcelone.

Chez Peugeot, l'ensemble des équipages, à l'exception de Sébastien Loeb, a suivi un stage d'une semaine à Font-Romeu, dans les Pyrénées, dans un «milieu à faible taux d'oxygène», a expliqué à l'AFP le patron de Peugeot Sports, Bruno Famin. «Ils ont passé «des tests pour réaliser les effets du manque d'oxygène sur la réactivité, la mémoire», pour les «préparer à vivre» en haute altitude, poursuit-il.

L'objectif ? Apprendre «comment gérer la longueur d'une étape (en altitude), comment appréhender toute la journée, s'adapter, faire les choses différemment», détaille à l'AFP Jean-Paul Cottret, le copilote de Peterhansel.

D'autres ont dormi dans une tente où l'oxygène est raréfié. Dont Michel Périn, le copilote du Finlandais Mikko Hirvonen (Mini), qui l'a testée «dans son bureau». Et Loeb, qui a passé la nuit à l'intérieur «trois ou quatre fois». «Tout le monde s'y est mis cette année», assure Périn.

Le long du parcours de ces étapes, l'encadrement médical dispose des bouteilles d'oxygène, et des médicaments ont été fournis à tous les concurrents en cas de besoin, précise Florence Pommerie, directrice médicale du Dakar.

Pas de quoi inquiéter Daniel Elena, le fidèle copilote de Loeb. «Je viens de Monaco, je suis né au bord de la mer. Le plus haut, c'est 80 mètres, le Rocher !», plaisante-t-il.

Perte de puissance

Si les organismes sont affectés par la haute altitude, c'est aussi le cas des véhicules. Peugeot a testé sa 2008 DKR au Chili, à plus de 4700 mètres, début décembre.

«Les voitures perdent presque 10% de puissance tous les 1000 mètres d'altitude. À 4000 mètres, on va perdre quasiment 40% de puissance. La voiture va moins vite», explique Peterhansel.

Mercredi soir, les motards en ressentaient déjà les premiers effets.

«C'était une étape vraiment longue», disait ainsi le novice Adrien Van Beveren (25 ans) des 630 kilomètres, dont 429 chronométrés, de la 4e étape autour de Jujuy. «Avec l'altitude, c'est assez fatigant psychologiquement, pour la moto aussi.»

«Dès qu'on voulait attaquer, on manquait d'oxygène. C'était assez difficile», renchérissait Antoine Meo, quintuple champion du monde d'enduro, également nouveau venu sur le Dakar.