Ils sont jeunes, beaux, et soutenus par de grandes entreprises; elles sont plus ou moins âgées mais manquent cruellement d'argent: nombre d'écuries de Formule 1, à l'instar de Williams, Sauber, Hispania ou encore Virgin, ont eu recours à des pilotes payants en 2011 pour boucler leur budget.

La crise financière a eu un effet dévastateur sur la discipline. Plusieurs constructeurs, dont Toyota et... BMW, qui possédait une partie de Sauber, ont quitté la F1, invoquant ses coûts trop élevés et ses trop faibles préoccupations environnementales.

L'écurie suisse, sans aucun parraineur garnissant les flancs de la C29 (modèle 2010), a toutefois disputé une honnête saison. Ce qui lui a permis d'attirer Sergio Perez. Et de se construire, par la même occasion, un futur doré.

«Nous avons réussi à sécuriser les bases de notre business pour la saison 2011», s'est réjoui Peter Sauber, grâce à un «partenariat fort» avec l'opérateur de télécoms mexicain Telmex, «qui nous a soutenus au Mexique», selon la PDG de Sauber, Monisha Kaltenbaum.

«Sergio fait partie de l'écurie Telmex, un programme qui soutient des pilotes dans différentes séries. La question de savoir si on voulait l'un (Perez) ou l'autre (Telmex) ne s'est jamais posée. Les deux allaient ensemble», a-t-elle expliqué.

Perez, 2e l'an passé du GP2, l'antichambre de la F1, présentait en plus de bonnes garanties sportives.

«Je sais pourquoi certains m'appellent un 'pilote payant'. C'est normal, parce que j'ai beaucoup de soutien de la part de mon pays, a réagi le jeune pilote. Mais il est aussi normal que l'on vous donne votre chance si vous réalisez de bonnes saisons comme j'en ai faites en GP2.»

«Absurde»

Un raisonnement que partage sans nul doute Pastor Maldonado, titulaire chez Williams. Champion du GP2 après avoir effectué trois saisons correctes dans cette série, le Vénézuélien a chipé à l'intersaison le baquet de Nico Hülkenberg, pourtant auteur d'une belle première année en F1, ponctuée d'une pole position.

L'intérêt sportif, pas forcément évident, a été supplanté par la nécessité financière. Williams, délaissé par plusieurs sponsors majeurs, craignait la saison 2011. Les millions de dollars (on parle de 15) du pétrolier vénézuélien PDVSA, devenu son partenaire à long terme, ont apaisé ses doutes.

«Ce n'est pas sympa de voir un gars arrivé avec un gros paquet d'argent vous prendre votre place, confie Hülkenberg, désormais troisième pilote de Force India, à l'AFP. Mais c'est un peu comme ça que fonctionne la F1 maintenant.»

Un avis, formulé par d'autres en janvier, qu'Adam Parr, le directeur général de Williams, estimait alors «répugnant et hors de propos».

«Le simple fait de parler de cela est absurde», avait-il déclaré, affirmant que Maldonado avait un «grand talent» et que l'aspect financier «n'entrait pas en compte». «Si vous avez un jeune pilote doué, c'est une promesse pour le futur. Et s'il a des sponsors, c'est encore mieux», avait toutefois commenté Parr.

La pudeur des écuries est légendaire lorsqu'il s'agit d'aborder leurs finances. Hispania ne s'est ainsi pas étendu sur la signature de l'Indien Narain Karthikeyan, qui n'a pourtant pas laissé un souvenir impérissable en F1, mais qui était soutenu par le constructeur automobile Tata.

La signature de l'espoir belge Jérôme d'Ambrosio chez Virgin répondrait aux mêmes impératifs.