Le grand manitou de la Formule 1, Bernie Ecclestone, est prêt à garantir la tenue du Grand Prix du Canada à Montréal jusqu'en 2024. Mais il ne se contentera pas des 15 millions annuels versés par les trois ordres de gouvernement.

Les discussions de coulisses sont dans une impasse depuis plusieurs semaines, toutefois; le gouvernement Harper ne rappelle pas Québec, à cause d'une partie de bras de fer entre les ministres Christian Paradis et Denis Lebel.

À Québec, on s'impatiente. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a demandé au cabinet du premier ministre Jean Charest d'intervenir auprès de Stephen Harper pour accélérer les choses. Mais déjà, il paraît clair qu'une entente ne pourra être conclue à temps pour être annoncée au Grand Prix de Montréal, en juin, en présence de M. Ecclestone.

Ce dernier a en outre une exigence particulière touchant les goussets de la Ville de Montréal. Il exige une réfection majeure du circuit Gilles-Villeneuve. Des travaux d'environ 15 millions sont nécessaires, selon lui, pour la tenue du Grand Prix en toute sécurité.

Des sources proches des discussions expliquent que M. Ecclestone demande désormais plus que les 15 millions annuels consentis par Québec, Ottawa et Montréal en 2012 pour ramener le Grand Prix. La présentation de 2009 n'avait jamais été inscrite au calendrier du circuit. Québec et Montréal (par l'entremise de Tourisme Montréal) ne sont pas fermés à l'idée de hausser la contribution, mais ils attendent désespérément une réponse d'Ottawa. Or, dans la capitale fédérale, des frictions entre le ministre responsable du Québec, Christian Paradis, et son collègue responsable de Développement économique Canada (DEC), Denis Lebel, rendent bien difficile le cheminement du dossier. Il y a trois ans, comme responsable de DEC, M.Paradis avait permis d'accélérer le rythme.

À Ottawa mercredi, M. Lebel a fait une déclaration laconique sur l'entente actuelle, valide jusqu'en juin 2014. «Pour ce qui est de la suite des choses, nous travaillerons avec le promoteur et les autres niveaux de gouvernement pour voir s'il est possible de garder chez nous cet événement tout en respectant la capacité de payer des contribuables canadiens.» Si Ottawa fait la sourde oreille, «il n'y a pas de doute que le financement va venir d'ailleurs, de Québec et de Montréal, et on appellera ça le Grand Prix du Québec», a lancé une source impatientée par le piétinement des négociations.

90 millions en retombées

Le temps presse parce que Formula One Management a l'intention de devenir sous peu une société publique, ce qui va augmenter considérablement le financement exigé des gouvernements et des villes qui voudront obtenir un Grand Prix. Déjà, avec 15 millions - 5 d'Ottawa, 5 de Québec, 4 de Tourisme Montréal et 1 de la Ville de Montréal -, le Grand Prix est une «aubaine», explique-t-on.

Le Grand Prix est l'événement sportif le plus important du pays. La course génère 90 millions de retombées et 300 000 personnes y assistent. D'autres villes paient déjà bien plus. Montréal a un avantage important, toutefois: les pilotes et les équipes aiment s'y retrouver. Surtout, la compétition en après-midi à Montréal est diffusée en début de soirée, en période de grande écoute, en Europe.

En point de presse, mercredi, le ministre responsable de Montréal, Raymond Bachand, s'est fait rassurant. «La bonne nouvelle est qu'il y a des discussions en cours pour prolonger pour une bonne période de temps la Formule 1 à Montréal, au Canada», a-t-il dit.

Les 15 millions exigés pour la réfection du circuit sont justifiés. M. Ecclestone «veut s'assurer qu'il y ait des installations en bon état, c'est normal», a dit M. Bachand. «Il faut trouver une façon de financer ça.»

On n'a pas de détails quant aux chiffres exigés par le magnat britannique, toutefois. «On a perdu le Grand Prix. Il est revenu, on a été chanceux», a rappelé M. Bachand, qui confirme que M. Ecclestone exige davantage que les

15 millions négociés en 2010. «Est-ce que cette somme devrait être gelée? Vous savez que je suis contre les gels!», a-t-il ironisé, une allusion à sa position dans le conflit sur les droits de scolarité.

Selon François Dumontier, président de Groupe de course Octane, mandaté pour organiser le Grand Prix, «étant donné que les équipements du circuit, notamment la tour de contrôle et les garages, datent de près de 25 ans, il est plus que probable que la réfection de ceux-ci soit un élément important dans le cadre des négociations».

«Assurer la pérennité du Grand Prix»

Selon le maire Tremblay, «Bernie Ecclestone offre la possibilité aux partenaires concernés de prolonger cette entente jusqu'en 2024. Dans cette optique, les partenaires discutent actuellement des conditions afin de reconduire cette entente de 10 ans».

«Le Grand Prix est un événement phare pour le rayonnement de Montréal à l'étranger, qui génère d'importantes retombées économiques et touristiques au bénéfice de tous les citoyens. C'est pourquoi il est important d'en assurer la pérennité». Depuis 33 ans, l'événement «fait partie du paysage montréalais» et aucun effort ne sera ménagé pour le garder, a conclu M. Tremblay.