Romain Grosjean fait acte de contrition. La première saison complète de Formule 1 du jeune pilote français a montré que le natif de Genève était capable du meilleur comme du pire. Dans un entretien accordé jeudi à des médias québécois, dont La Presse, le pilote Lotus n'a éludé aucune question sur la saison passée et sur celle à venir qui débute dans tout juste une semaine en Australie. Extraits.

Q Quel votre état d'esprit général avant Melbourne ?

R Romain Grosjean (R.G.): L'hiver n'a pas été forcément simple. Au début du mois de décembre, je ne savais pas si j'allais être confirmé ou pas pour la saison 2013. Depuis la confirmation, on a pu bien travailler, on a fait de bons essais hivernaux et j'ai travaillé sur moi pour arriver dans un bon état d'esprit et démarrer sur de bonnes bases pour le premier Grand Prix de la saison, en Australie à Melbourne dans une semaine.

Q Avez-vous eu peur de perdre votre place cet hiver au sein de l'équipe Lotus ?

R (R.G.): «Oui clairement, j'ai eu peur, cela a été long. Il y a eu pas mal de discussions avec les dirigeants. Je gardais contact, on travaillait ensemble, ça, c'était un petit peu rassurant. C'est sûr que ce n'était pas le moment le plus agréable que j'ai connu. Quand on m'a annoncé que c'était reparti pour un tour, cela a été un gros soulagement. (...) On vit relativement mal cette attente. Les autres opportunités se ferment. Après il y a des choix à faire. La Formule 1 c'était mon choix numéro 1 et je voulais vraiment continuer avec Lotus, j'avais bon espoir.

Q Quels sont vos objectifs et ceux de l'écurie Lotus cette saison ?

R (R.G.): Continuer à progresser. On aimerait se rapprocher du podium au classement des constructeurs, voir être dessus. On va tout faire pour. On va voir comment se comporte notre voiture à Melbourne, car c'est là que l'on va vraiment la découvrir. Personnellement, j'ai envie, en fin de saison, de pouvoir me retourner et me dire que je suis fier et heureux de ce que j'ai fait, que j'ai fait un minimum d'erreurs et pris un maximum de plaisir, que j'ai fait mon travail du mieux que je pouvais.

Q Y'a-t-il une nouvelle approche de votre part, c'est-à-dire faire moins parler de soi pour les incidents, mais plus pour les résultats ?

R (R.G.): Il n'y a pas foncièrement une nouvelle approche, il y a le travail que j'ai fait sur moi, il y a une saison en F1 avec des hauts et des bas à analyser et à digérer. Il y a aussi une certaine expérience qui vient avec le temps. On a vu l'an dernier que j'étais capable d'être très performant et qu'en même temps il me manquait de la constance. Aujourd'hui, on va essayer de conserver cette performance qui fait que l'on arrive à avoir de bons résultats, mais en étant beaucoup plus constant dans l'effort et en étant beaucoup plus présent.

Q Êtes-vous condamné cette année à être plus prudent sur la grille de départ ?

R (R.G.): C'est sûr qu'il va falloir que je fasse attention et que je prenne les bonnes décisions au bon moment. Ça se joue à très très peu de choses. J'ai appris que ce n'est pas en perdant une place au départ que je ne peux pas gagner une course. Je ferai ce que j'aurai à faire pour éviter les incidents, pour ne pas avoir de problème et si de temps en temps il y a une ouverture ou une opportunité, j'irai la saisir aussi.

Q Mark Webber (Red Bull) vous a critiqué l'an passé. Vous acceptez la critique ?

R (R.G.): Il faut l'accepter. Quand on est nouveau en F1, on a ses preuves à faire.

Q Allez-vous être moins agressif cette année ?

R (R.G.): Il faut que je reste performant et constant. Il faut que je choisisse mes moments. On parle de millièmes de seconde entre la bonne et la mauvaise décision. Je n'ai pas d'excuses sur ce qui va se produire.

Q En quoi les Lotus peuvent être plus performantes cette année que l'an dernier ?

R (R.G.): On a fait un pas en avant par rapport à l'an dernier, on a gardé la même philosophie sur l'ensemble de la voiture. On a essayé de prendre un peu à la concurrence ce qui se fait de mieux. Mais on ne sait pas non plus ce que les autres ont trouvé pendant l'hiver.

Q Qu'est-ce qui manque à Lotus pour se battre à la régulière contre les Red Bull et les Ferrari ?

R (R.G.): L'an dernier, cela a été des petits détails. La voiture a été des fois bonnes, d'autres moins. L'équipe avait deux nouveaux pilotes, ce ne sera plus le cas cette année. Cela va donc nous aider. C'est une équipe qui était en reconstruction après une fin d'année 2009 compliquée. (...) Et puis en 2012, on a eu une bonne voiture et une bonne année. On continue de progresser.

Q Quelle est votre relation avec votre coéquipier Kimi Raïkkönen ?

R (R.G.): La relation est plutôt bonne. Honnêtement on travaille bien ensemble, on a accès à toutes les données de l'un et de l'autre, ce qui permet de nous dépasser, d'aller tout le temps chercher le maximum de la voiture. Pour être honnête, en dehors de ça, Kimi est quelqu'un qui parle assez peu. Et avec moi, c'est pareil.