Alors que les pouvoirs publics avaient bon espoir d'annoncer une bonne nouvelle à l'occasion du Grand Prix de Formule 1 du Canada la semaine prochaine, la tenue de l'événement à Montréal pour les 10 prochaines années n'est toujours pas acquise. La faute, semble-t-il, à Ottawa qui ne souhaite pas faire d'effort financier supplémentaire. La cause n'est cependant pas entendue, les négociations se poursuivent.

L'avenir du Grand Prix de Formule 1 à Montréal a connu un rebondissement cette semaine. Alors que les différents ordres de gouvernement n'avaient plus qu'à s'entendre sur le partage des coûts des travaux d'amélioration au circuit Gilles-Villeneuve, on a appris mercredi - par nos confrères du Journal de Montréal - que le gouvernement fédéral ne souhaiterait plus majorer sa contribution annuelle, autre condition nécessaire à la pérennité de l'épreuve au Québec.

Le frein à main mis par Ottawa a surpris ses partenaires que sont le gouvernement du Québec, la Ville de Montréal et Tourisme Montréal. Jusqu'à la fin de l'hiver, chacune de ces parties avait accepté que la prochaine entente signée avec Bernie Ecclestone comprenne une indexation de 4% de la contribution annuelle des pouvoirs publics, contribution qui s'élève au total à 15 millions jusqu'en 2014. Ce qui signifiait qu'en 2024, dernière année du nouveau contrat à conclure, la contribution aurait atteint 22,2 millions, partagés entre les quatre partenaires.

Il apparaît dorénavant qu'Ottawa ne veut pas verser de part supplémentaire correspondant à cette majoration. Le gouvernement fédéral verse actuellement 5 millions par année. Grosso modo, c'est 200 000$ par année qu'il devrait ajouter dans le cadre de la nouvelle entente.

Cette attitude est d'autant plus surprenante qu'il y a un second volet financier à conclure si chacun souhaite voir de la Formule 1 au Québec jusqu'en 2024. La Fédération internationale de l'automobile et Bernie Ecclestone, le patron de la promotion et de l'exploitation de la F1, exigent que les infrastructures du circuit Gilles-Villeneuve (ligne des puits, garages, paddock et tour de contrôle) soient modernisées. La facture totale des travaux correspondants oscille entre 26 et 40 millions, selon les scénarios. Sans travaux, point de Grand Prix à l'avenir. Cette demande est légitime; Montréal fait aujourd'hui partie de ces circuits de F1 dont les infrastructures ont sérieusement besoin d'être améliorées.

Les négociations continuent

Cette volte-face d'Ottawa a forcé la tenue de nouvelles négociations. Interrogé sur le sujet mercredi à la Chambre des communes, le ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, Denis Lebel, a répondu que le gouvernement fédéral «ne négociera pas sur la place publique».

«Nous allons continuer à travailler avec nos partenaires, ce n'est pas nouveau, a-t-il dit. [...] Nous sommes pleinement conscients de l'importance du Grand Prix pour Montréal, pour le Québec et pour le Canada. Nous allons continuer à y travailler avec nos partenaires, mais nous respecterons bien sûr la capacité de payer des contribuables canadiens.»

Tant à Ottawa qu'à Québec, on refuse d'en dire plus sur les discussions actuelles entre les partenaires. Le ministre québécois délégué au Tourisme, Pascal Bérubé, a seulement affiché un certain optimisme. «Les négociations se poursuivent entre les quatre partenaires», s'est contentée de dire son attachée de presse, Valérie Noël-Létourneau.

Le présent contrat se terminant l'an prochain, il n'est pas minuit moins une pour parvenir à un accord entre les pouvoirs publics et ainsi signifier à Bernie Ecclestone que l'on est prêt à signer pour les 10 années suivantes.

«Je demeure optimiste, les différents paliers de gouvernement vont trouver la solution, commente le promoteur de la course, François Dumontier. Il s'agira par la suite de déterminer si ça peut se faire avant ou pendant le week-end du Grand Prix ou au cours des semaines suivantes.»

Bernie Ecclestone n'attend qu'un coup de téléphone pour donner le feu vert à la poursuite de l'évènement.