La tragédie du vol Malaysian MH370 a enveloppé d'un voile de deuil le circuit de Sepang, près de Kuala Lumpur, où se déroulera malgré tout, dimanche, le Grand Prix de Malaisie de Formule 1, 2e manche de la saison 2014.

Les 239 victimes avaient décollé le 8 mars de l'aéroport tout proche, une trentaine de proches ont dû quitter cette semaine l'hôtel où ils attendaient des nouvelles, forcément mauvaises, des débris retrouvés dans l'Océan Indien, pour laisser la place à la grande famille de la F1, qui a forcément d'autres préoccupations.

Une minute de silence sera observée avant le départ, dimanche, et le spectacle aérien a été judicieusement annulé, tout comme le concert de Cristina Aguilera sous les Twin Towers de Kuala Lumpur. Et pour que le contraste soit total, le géant malaisien Petronas est le commanditaire principal de l'écurie Mercedes-AMG, qui a dominé et remporté à Melbourne le premier Grand Prix de la saison.

Le directeur du circuit, Razlan Razali, reste toutefois optimiste, malgré la tragédie, et a indiqué à l'AFP que 30% des billets pour dimanche avaient déjà été vendus. Plus inquiet, Ram Sithambaram, qui gère une boutique F1 à l'aéroport, s'attend à un mauvais week-end: «On n'a vendu que 50 billets la semaine dernière, contre 1000 l'an dernier à la même période. Nous payons le prix fort pour la tragédie du MH370... et nous espérons un miracle».

Vainqueur à Melbourne, l'Allemand Nico Rosberg a «tweeté» que toutes ses prières allaient aux amis et aux familles des passagers du MH370. D'autres messages de soutien devraient fleurir tout le week-end sur les carrosseries et les casques. Un mur a même été prévu, dans l'enceinte du circuit, pour que des témoignages et des messages de condoléances puissent être affichés par les fans.

Mercedes encore devant ? 

Reste la course, qui aura lieu quand même, car le grand cirque de la F1 ne s'arrête jamais. Et la disqualification de Daniel Ricciardo, le nouveau pilote Red Bull, après sa 2e place à Melbourne, a continué à faire couler beaucoup d'encre. Pas plus tard que cette semaine, le géant de la boisson énergétique, Dietrich Mateschitz, a dit à un journal autrichien: «Il y a une limite très nette à ce que nous pouvons accepter».

Le retrait de Red Bull de la F1 n'est pas encore à l'ordre du jour, mais le bras de fer avec la Fédération internationale de l'automobile (FIA), entamé en Australie, va se poursuivre le 14 avril en appel, à Paris, et rien n'indique que l'autorité suprême de la F1, dans les domaines du sport et de la technique, va ouvrir une faille dans laquelle s'engouffreraient Ferrari, Mercedes et consorts.

Autre sujet de préoccupation, le bruit très politiquement correct des nouveaux moteurs V6 turbo hybrides -aussi puissants, sinon plus, que les V8 précédents- et que beaucoup, dont Bernie Ecclestone, le grand manitou de la F1, comparent à celui d'un aspirateur. Mais il est évident que dans le contexte de la tragédie du MH370, cette discussion sur le niveau de bruit souhaitable ou acceptable est un peu vaine.

Reste l'enjeu purement sportif, puisque 11 écuries et 22 pilotes vont en découdre à Sepang à partir de vendredi matin, quand vont débuter les premiers essais libres. Va-t-on observer une bagarre en famille, entre Mercedes-AMG et McLaren-Mercedes, avec les mêmes moteurs qui ont monopolisé le podium australien suite à la disqualification de Ricciardo ?

Ou va-t-on assister à une revanche de Ferrari, en retrait à Melbourne, grâce à la météo, ou de Red Bull, grâce à des moteurs Renault en progrès ? «Nous avons encore beaucoup de travail à faire sur notre voiture, mais c'était encourageant de voir que nous étions plus rapides que prévu en Australie», a dit Sebastian Vettel, le quadruple champion du monde en titre. Réponse dimanche, dans un pays en deuil.