En remportant le Grand Prix de Malaisie de Formule 1, dimanche sur le circuit de Sepang, et surtout en faisant preuve d'une maîtrise totale, de bout en bout, Lewis Hamilton a largement compensé son abandon à Melbourne et pose en candidat sérieux au titre mondial 2014.

Le Britannique avait surpris son monde en partant chez Mercedes-AMG à la fin de la saison 2012. Il était alors en quête d'un nouveau défi, lui qui avait été détecté puis choyé par McLaren pendant de longues années, de ses débuts en karting à son titre mondial en 2008, dès sa deuxième saison de F1.

Aujourd'hui, à 29 ans, il est bien dans sa tête, à l'aise dans son équipe, et surtout très performant sur la piste. Position de tête samedi, sur une piste détrempée et piégeuse, victoire et meilleur tour en course dimanche en consommant moins d'essence et en abîmant moins ses pneus, en ne faisant pas la moindre erreur et en arrivant décontracté sur le podium, malgré la chaleur.

Parfait aussi dans la communication, il a tout de suite rendu hommage aux 239 victimes du vol Malaysian MH370, et cela semblait d'autant plus sincère que Lewis est très croyant. Alors, quand il dit qu'il se sent «privilégié» et «reconnaissant», même en levant les yeux au ciel, c'est crédible. Et cela contribue aussi à sa belle image, tout comme ses «tweets» réguliers à 2 millions de fans.

Hamilton est aussi un «joueur d'équipe», il a le sens du collectif, et cette saison 2014 va montrer si la belle cohésion de l'équipe Mercedes-AMG va résister à sa rivalité naissante avec Nico Rosberg, son meilleur ami dans le paddock. Pour l'instant, tout va bien, car les deux pilotes, le blond, victorieux à Melbourne, et le brun, vainqueur à Sepang, sont en tête du championnat, et parce qu'il reste 17 GP à courir.

«Je vais continuer à pousser»

«On s'est toujours respectés, depuis le karting, et il n'y a aucune raison que ça change», répètent les deux résidents monégasques à longueur de week-end. «Il y aura des consignes d'équipe, c'est inévitable», a dit Rosberg en Malaisie, alors qu'il avait un peu peiné en qualifications. «L'important c'est l'équipe», affirme Toto Wolff, le directeur opérationnel, convaincu de disposer de «la meilleure paire de pilotes» du plateau.

Pour faire la différence entre Lewis et Nico, au gré des incidents de course et des casses mécaniques, il y aura forcément le hasard, la réussite, qui joue un rôle crucial en sport automobile. Il y aura aussi Sebastian Vettel, quadruple champion du monde en titre et néo-père de famille, dont la méforme n'aura duré qu'un seul week-end, en Australie.

«Sebastian était très rapide ici et il mettait la pression à Nico, a dit Hamilton dimanche soir. Si on regarde leur rythme en course, leur voiture est aussi rapide que la nôtre en virages, j'ai regardé le GPS. Ils sont juste un peu plus lents en ligne droite».

«Je suis sûr que Renault va résoudre cela, et quand ce sera le cas vous allez assister à de grosses bagarres entre nous et les Red Bull. Ils ont une voiture fantastique. Et même Ferrari n'est pas si loin. Ça va chauffer de plus en plus cette année», a ajouté Hamilton. Il aime la F1, vraiment, alors il préfère encore gagner quand il y a eu de la bagarre sur la piste.

«Je vais continuer à pousser mon équipe pour qu'elle continue à développer et améliorer la voiture», a-t-il conclu. Il y a plein de domaines où on peut encore progresser, et je suis sûr que tout le monde fait la même chose».

On peut compter sur lui pour doper le moral des troupes, à Brackley.

Le premier candidat affiché au titre mondial 2014, c'est bien Lewis Hamilton.

Baromètre des équipes : Mercedes et Red Bull au-dessus du lot

La deuxième manche de la saison 2014 de Formule 1, dimanche à Sepang, a confirmé la domination de Mercedes-AMG, dont la deuxième victoire est assortie d'un doublé, le retour en forme de Red Bull, encore sur le podium grâce à Vettel, mais aussi de McLaren et Williams qui ont placé leurs deux pilotes dans le top-10.

Encourageant

Mercedes: Hamilton 1er, Rosberg 2e

Les pilotes des Flèches d'Argent ont dominé tout le week-end, comme prévu, et aucun souci n'est venu enrayer leur course infernale vers un doublé historique, le premier de la marque à l'étoile en F1 depuis 1955. Si Mercedes a vraiment investi 500 millions d'euros depuis trois ans dans son nouveau moteur V6 turbo hybride, c'est d'une logique implacable.

Red Bull: Vettel 2e, abandon de Ricciardo

Après un week-end raté à Melbourne, Vettel est revenu au sommet, enfin presque, et son jeune coéquipier Ricciardo a lui aussi été dans le coup tout le week-end, jusqu'à une fin de course cauchemardesque qu'il ne méritait pas. Mais le message est clair: Red Bull est déjà de retour, alors que certains rivaux, trop optimistes, espéraient que la méforme de cet hiver durerait jusqu'à l'été.

Williams: Massa 7e, Bottas 8e

Armées d'un châssis très efficace et d'un moteur Mercedes surpuissant, les voitures de Sir Frank continuent à se rapprocher du podium: deux Williams dans les points et encore une belle remontée pour le jeune Finlandais, parti 18e sur la grille et freiné par son coéquipier brésilien qui n'a pas voulu obéir aux consignes, en fin de course. Ça va beaucoup mieux pour l'écurie de Grove.

Lotus: Grosjean 11e, abandon de Maldonado

L'écurie d'Enstone commence à voir un peu de lumière au bout du tunnel. Grosjean a terminé la course, soit 56 tours dans une chaleur moins étouffante que prévu, et a bien résisté en fin de course à la Ferrari de Räikkönen, son ex-coéquipier, malgré son fond plat abîmé sur un vibreur. Maldonado, qui a choisi le numéro 13, a été heurté au départ par un Bianchi en perdition.

Peut mieux faire

Ferrari: Alonso 4e, Räikkönen 12e

Sur un circuit qu'elles apprécient, les Ferrari étaient encore un peu justes et le rusé Fernando n'a pas pu profiter d'une météo changeante pour troubler le jeu des meilleurs. Il termine 4e, comme à Melbourne, alors que Kimi, touché au départ par Magnussen, qui s'est ensuite excusé, s'est battu pendant toute la course dans le peloton et a échoué à la porte des points, derrière Grosjean.

Force India: Hülkenberg 5e, abandon de Pérez

Encore une course parfaite de «Hulk», seul pilote de pointe à avoir choisi, et parfaitement exécuté, une stratégie à deux arrêts, même si au bout de 22 tours son dernier train de pneus (durs) n'a pas résisté au retour d'Alonso. Pérez a eu un problème de boîte de vitesses en se rendant sur la grille et n'a donc pas pu disputer ses chances.

McLaren: Button 6e, Magnussen 9e

L'écurie de Woking, qui avait très mal entamé ce week-end, a commencé à sortir la tête de l'eau samedi en qualifications (deux voitures en Q3) puis a fait une course sage dimanche, histoire de récolter encore une dizaine de points. Le jeune Magnussen a touché Räikkönen au départ, puis s'est excusé, et Button a fait le métier en vieux routier, comme d'habitude.

Toro Rosso: Kvyat 10e, abandon de Vergne

L'écurie de Faenza a encore mis une voiture en Q3 samedi, celle de Vergne, sous la pluie, mais le Français n'a pas eu de réussite dimanche, dès le départ, et a abandonné trop tôt, après avoir touché la Marussia de Bianchi. Pas de quoi décourager son jeune camarade de jeu, le Russe Kvyat, qui a fait sa petite course tranquille pour rentrer encore dans les points, comme en Australie.

Insuffisant

Caterham: Kobayashi 13e, Ericsson 14e

Ça ne pouvait pas être pire qu'à Melbourne, donc c'est un peu mieux, mais pas encore de quoi pavoiser pour l'écurie de Tony Fernandes, qui jouait à domicile. Le revenant Kobayashi termine devant le débutant Ericsson, grâce à une stratégie à deux arrêts au lieu de trois. Le Suédois a bien remercié son équipe, qui a dû reconstruire sa voiture détruite samedi en qualifications.

Marussia: Chilton 15e, abandon de Bianchi

Touché par Vergne au départ, Bianchi est allé heurter Maldonado alors qu'il ne pouvait pas l'éviter, a-t-il plaidé, mais il a quand même pris une pénalité de cinq secondes («stop and go» dans les puits) et deux points de moins sur son permis de piloter, après l'arrivée. Comme d'habitude, Chilton a terminé la course, mais à la dernière place.

Sauber: abandons de Sutil et Gutiérrez

Week-end catastrophique pour l'écurie suisse, dont les voitures sont trop lourdes, trop lentes (12e et 18e samedi en qualifications), et ont été mises hors-course très tôt dimanche: problème électrique pour Sutil, boîte bloquée pour Gutiérrez. Ça ira forcément mieux... plus tard.